Les spécialistes français de la bière à la rencontre des créations tchèques
Pour les amateurs français de bières tchèques, ce week-end avait des airs d'Oktoberfest. A l'initiative de la société Les Bières tchèques, importatrice et distributrice en France de la boisson favorite des Tchèques, deux soirées de dégustation étaient organisées à Paris. Radio Prague Int. était évidemment de la partie, et a demandé aux spécialistes français de la bière ce qu'ils pensaient de la vague de bières artisanales tchèques – parfois bien loin de la traditionnelle Lager – qui espère déferler en France.
Au pied de la Tour Eiffel, dans le jardin de l'ambassade de République tchèque, tout le petit monde de la bière était réuni autour des micro-brasseries tchèques les plus créatives. Pour preuve, les noms des bières attestent que l'on est bien loin des pils traditionnelles : « double dry-hopping de saison en Indian Pale Lager», « Weizen du dimanche », « Gose IPA au romarin ». Si les noms surprennent, les goûts avaient également de quoi décoiffer : des bières acides, amères, fruitées ou même salées, nées avec le mouvement des micro-brasseries qui émerge en République tchèque ; comme en France, depuis une dizaine d'années.
Une nouvelle génération
Cinq micro-brasseries étaient représentées (Permon, Sibeeria, Chroust, Clock, et Matuška) aux côtés de groupes industriels comme Budvar, Primator et Bernard.
Pour William, barman à Marseille pour la chaîne Beer District, la vague de nouvelles créations est un effet générationnel, aussi bien en France qu'en République tchèque : « Le mouvement craftbeer remet la bière en avant en tant que consommation qui peut être prestigieuse et avoir du goût ». Hervé Marziou, l'un des premiers biérologues français, qui observe les évolutions du liquide houblonné depuis plusieurs décennies abonde : « J'ai beaucoup d'admiration pour ces brasseurs craft qui ne se sont pas retenus par rapport à des clients qu'il faut aller chercher ». Sur place, parmi les brasseurs tchèques présents, presqu'aucun n'a plus de quarante ans.
La technique : une spécificité tchèque
Selon Guirec Aubert, lui aussi biérologue, c'est le savoir-faire technique qui distingue les micro-brasseurs tchèques de leurs homologues français : « Il y a une qualité qui est assez haute, qui est assez importante. A mon avis cela tient au fait que le niveau en République tchèque est assez élevé, et que le temps de formation est beaucoup plus long ».
Plusieurs blogueurs, qui ne veulent pas froisser les brasseurs français, confirment d’ailleurs hors-micro.
Benoît Thibaud, responsable commercial de l'entreprise Les Bières tchèques – organisatrice de l'événement, a accompagné la brasserie Sibeeria dans un tour de France. Partout, les saveurs ont su surprendre les Français : « C'est une brasserie non-conventionnelle, cela ne fait qu'un peu plus d'un an qu'ils ont leur propre unité de brassage. Avant ils brassaient un peu partout. »
L'épreuve du goût validée. Reste à outrepasser la barrière de la langue, et à faire savoir au public français où se procurer les bières tchèques importées par l'entreprise. Dans cet univers d'innovation gustative, quelques repères traditionnels ont malgré tout persisté : au menu, c'était goulasch tchèque pour tout le monde. Et de même, les maux de tête du lendemain matin n'avaient, eux aussi, rien de bien surprenant.
Retrouvez l'interview que nous vous proposions il y a quelques jours avec Aleš Stejskal, directeur général de la société Les Bières tchèques.