Les squatteurs pragois dans la rue pour la Journée internationale de défense des espaces autonomes

Photo: CTK

Le week-end du 11 et 12 avril a été marqué dans plusieurs villes d’Europe par des manifestations célébrant la journée internationale des squats et des centres autonomes. A Prague, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées sur les bords de la Vltava, au lieu dit Náplavka, entre la place Palacký et Výtoň. Les manifestants sont venus soutenir un mode de vie qu’ils jugent injustement réprimé.

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La ville de Prague n’est pas une ville connue comme d’autres villes européennes telles que Berlin ou Copenhague pour héberger des squats, ou « maisons occupées ». Logiquement, la capitale tchèque n’a pas pu connaître ce phénomène apparu dans les années 70 chez ses homologues européennes, mais on pouvait quand même y compter une petite dizaine de squats au début des années 90, avec par exemple le squat « U divýho muže » (« Chez l’homme sauvage »), à Malostranská, qui n’a fonctionné que quelques mois après la révolution de Velours avant que le bâtiment ne soit récupéré par le siège du gouvernement tchèque.

La question des squats pose évidemment un problème juridique puisqu’il s’agit de lieux occupés par des personnes dans un but de logement sans titre de propriété ni bail de location. Pourtant, pour les squatteurs, les squats ont aussi une fonction culturelle importante, comme le commente un des organisateurs de la manifestation, Honza P., qui a préféré conserver l’anonymat :

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« Les squats, ou centres autonomes, ne sont pas seulement des lieux où l’on habite. Ce sont des endroits où l’on propose des évènements culturels, des infoshops, des conférences, comme sur l’anarchie ou sur le mode de vie végétarien et sur beaucoup d’autres sujets. Et il n’y a aucun problème pour que chaque personne qui le souhaite puisse s’organiser par exemple avec des gens du squat Milada ou d’autres squats pour réaliser des infoshops ou des conférences. C’est ouvert à tous les gens, sans différences, peu importe leur position dans la société. »

Samedi après-midi, les manifestants ont effectué une marche à travers la ville. Ils ont ainsi déployé quelques banderoles devant des immeubles vides tels que « Vos ruines sont nos maisons » ou encore « nous ne voulons pas vos appartements délicats, nous sommes heureux avec nos rats ».

Depuis l’année dernière, la volonté d’éradication des squats se fait de plus en plus ressentir dans plusieurs Etats européens ; certains lieux symboliques comme le quartier hippie de Christiana à Copenhague est actuellement en train d’être démantelé et les bâtiments squattés sont progressivement rendus au marché immobilier.

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En République tchèque, les squatteurs estiment que la situation est particulièrement difficile pour eux et que la répression est plus forte que dans d’autres pays européens comme l’Allemagne, la France ou l’Espagne. Honza P, un des organisateurs de la manifestation :

« Le squat est lié au fait que ces bâtiments n’appartiennent à personne. Mais très souvent, beaucoup de gens, notamment les propriétaires, ont des projets différents avec ces bâtiments, et ils assimilent les squatteurs à de la racaille, à des rebelles et à des drogués, ce qui, à notre avis, n’est pas vrai. La plupart ne consomment pas de drogues, sont au contraire végétariens, et ont un style de vie sain, ce que les propriétaires de ces maisons ne savent pas. Par exemple ces bâtiments sont achetés par de grandes compagnies qui décident que les gens doivent déménager. La plupart du temps ce sont de grandes entreprises ou de grandes compagnies qui possèdent ou qui achètent ces endroits et ce sont eux qui donnent l’impulsion pour la répression. »

A Prague, il n’existe plus qu’un seul squat, le Milada, situé au nord de la ville, dans le quartier d’Holešovice ; dans l’ensemble du pays, ils se comptent sur les doigts d’une main. Un nouveau « centre autonome » vient d’être créé en Silésie, près de la ville d’Ostrava. Le squat Viktorie a également célébré cette journée européenne de soutien aux squats et à la sous-culture autonome en organisant notamment des concerts. La police a débarqué mais l’existence du squat ne semble pas remise en cause.