Des squatters contre la détérioration de bâtiments historiques

Photo: CTK

Ce dimanche, dans le cadre de l’initiative appelée « Les souvenirs de l’avenir », près d’une trentaine de squatteurs ont été décampés d’une maison abandonnée, qu’ils occupaient depuis la veille afin de protester contre la politique immobilière de l’État. Si au total dix bâtiments ont été occupés par des squatters, et ce non seulement à Prague mais aussi dans la ville de Brno, une seule intervention policière a eu lieu, dans le quartier de Pohořelec, dans le sixième arrondissement de Prague, où les occupants refusaient de quitter le bâtiment historique. Vingt-sept personnes ont été arrêtées, et risquent, chacune, une amende de plusieurs milliers de couronnes, en raison de l’illégalité de leur action.

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C’est en brandissant des pancartes où l’on pouvait lire des inscriptions telles que « Des maisons sans personnes, des gens sans maisons », ou « Les maisons mortes de la ville de Prague », et en clamant « Nous voulons savoir la raison du départ », qu’une trentaine de squatters a été évacuée ce dimanche d’une maison abandonnée, située près du château de Prague, sous les appels de la police demandant à quitter les lieux. Or, les activistes, militant pour une nouvelle utilisation d’espaces abandonnés, ne se sont pas introduits seulement dans cette maison, qui appartient à la société « U svatého Michala » et dont le promoteur immobilier Czech Property Investments en est l’actionnaire, mais ils ont également investi sept autres bâtiments à Prague et trois dans la ville de Brno. Ces quelques dizaines de squatters ont ainsi protesté contre la politique immobilière de l’Etat, qu’ils considèrent comme désastreuse. La porte-parole de la police de Prague, Jana Röslerová, précise de quelle façon les policiers ont été mis au courant, avant d’intervenir dans la propriété privée. Jana Röslerová :

« Le propriétaire du bâtiment s’est rendu directement au poste de police, et a fait savoir qu’il ne souhaitait pas que ces personnes utilisent de façon non autorisée sa propriété. »

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Le porte-parole des activistes, René Pytlíček, a indiqué ce dimanche que leur premier but était de créer un centre culturel, ainsi que des logements sociaux, dans la mesure où l’État ne semble pas en mesure de les assurer. Il a exprimé son indignation quant au fait que les logements sociaux n’existent toujours pas en République tchèque. Le ministère du Développement régional, en coopération avec le ministère du Travail et des Affaires sociales, doit élaborer d’ici la fin de l’année un projet relatif au logement social. La semaine dernière, le gouvernement a également approuvé un plan pour aider les sans-abris et pour trouver des solutions à ce problème du logement. Une des participantes du happening, présente ce dimanche à Pohořelec, a livré son opinion sur la situation :

« Il n’y absolument rien dans ce bâtiment, seulement des murs détériorés ou des plafonds effondrés. À l’évidence, leur but est de laisser l’intérieur du bâtiment se décomposer, et puis probablement garder la façade, pour construire dieu sait quoi à la place. »

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Ce dimanche, les activistes avaient organisé à l’intérieur des bâtiments dévastés une programmation culturelle, réunissant concerts, performances théâtrales, expositions et même cafés improvisés. Plusieurs dizaines de personnes sont venues apporter leur soutien aux squatters, en clamant « Laissez les tranquilles » ou encore « Vous protégez la mafia ». Cette action a également été soutenue par l’association « Le Club pour la vieille Prague », dont les membres estiment que la dégradation des monuments et bâtiments historiques du centre de Prague présente un énorme problème, et qu’il est nécessaire de s’y intéresser davantage, même si cela prend des formes assez radicales pour certains.

Selon l’Office tchèque des statistiques, il y a près de 400 maisons abandonnées dans la capitale tchèque, des maisons et des bâtiments dont les propriétaires, la plupart du temps des promoteurs immobiliers, laissent leur état se dégrader de façon considérable. Or pour les squatters, l’utilisation de ces centaines de maisons désaffectées doit être repensée, compte tenu du fait qu’elles se trouvent être, la plupart du temps, le siège de dizaines de sociétés fictives.

Ladronka,  photo: Solim,  CC BY-SA 2.5 Generic
L’occupation de ce weekend a enfin eu une portée symbolique, dans la mesure où le plus ancien des squats pragois, Ladronka, transformé désormais en restaurant, a été occupé il y a 20 ans exactement. En parallèle, débute ce mardi et pendant 15 jours, une exposition de photographies intitulée « Le Squat Ladronka – 20 ans depuis l’occupation », à la galerie Utopia dans le deuxième arrondissement de Prague. L’exposition présente l’histoire et la vie du plus connue des squats, de 1993 à l’an 2000, date à laquelle la police avait vidé les lieux.