Intervention policière contre des squatteurs à la propriété de Cibulka
Mercredi, la police a procédé à l’évacuation du squat de Cibulka, une ferme délabrée dans le cinquième arrondissement de Prague. Après deux heures d’intervention, les forces de l’ordre ont ainsi fait sortir, parfois de force, plusieurs dizaines de squatteurs, qui occupaient le lieu depuis 2012, et ce avec l’accord du propriétaire.
Lundi soir, la police avait reçu une plainte de la part du propriétaire de la ferme Oldřich Vaníček, lui demandant de procéder à l’évacuation des lieux. Dans un entretien téléphonique accordé à l’Agence de presse tchèque après l’intervention, Oldřich Vaníček a indiqué qu’il avait tenté de résoudre la situation de manière pacifique, en offrant aux résidents une assistance pour le transfert de leurs affaires ainsi qu’un hébergement alternatif. S’il avait donné aux personnes jusqu’à mercredi pour quitter les lieux, la plupart des squatteurs auraient apparemment refusé cette proposition.
Depuis huit ans déjà, des dizaines de squatteurs s’étaient établis dans la ferme délabrée de Cibulka, située dans le quartier de Košíře, une vaste propriété historique, dont les origines remontent au XIVe siècle, et dont le parc adjacent abrite plusieurs pièces précieuses d’artistes du début du XIXe siècle. En 2012, un contrat avait été signé entre Oldřich Vaníček et les squatteurs permettant ainsi à ces derniers de s’occuper de l’endroit en toute légalité, et d’organiser des évènements culturels, comme l’a révélé il y a trois mois de cela une des militantes de Cibulka, qui a voulu rester dans l’anonymat :« Nous pouvons rester dans ces lieux en échange de l’aide que l’on fournit au propriétaire, sous forme de travaux ponctuels, ordonnés, pour la plupart, par l’Institut national du patrimoine »
Or à la fin du mois de mars, le propriétaire a résilié le contrat, pour non-respect des conditions préalablement fixées. Selon ses déclarations, le domaine n’était pas uniquement habité par une dizaine de personnes, comme cela avait été convenu, mais accueillait parfois sans autorisation jusqu’à soixantaine de squatteurs lors de divers évènements. Toutefois, au mois de février dernier, les deux parties au contrat espéraient encore arriver à une entente, comme l’avait fait savoir Oldřich Vaníček le propriétaire du lieu:
« Je ne m’oppose pas à l’idée de pouvoir prolonger le contrat ou au retrait de la résiliation du bail, mais ce uniquement si sont respectées les conditions liées à la coexistence des intérêts des deux parties. »
Dans la mesure où la ferme de Cibulka est inscrite au patrimoine culturel depuis 1958, il appartient à son propriétaire de veiller à ce que le bâtiment ne se dégrade pas davantage. A l’heure actuelle, la ferme se trouve dans un état de délabrement avancé, avec des toits effondrés et des murs décrépis. Oldřich Vaníček a fait savoir qu’il avait l’intention de procéder à sa rénovation avec le soutien de la municipalité, et en faire « un établissement de qualité pour les personnes âgées ». Si les squatteurs voulaient eux-aussi activement participer à ces rénovations, Oldřich Vaníček a qualifié cette demande « d’insensée ». Comme dans toute situation d’intervention similaire, les policiers doivent désormais faire face aux questions relatives à la proportionnalité de l’ingérence. L’adjoint de la médiatrice de la République, Stanislav Křeček, a indiqué sur son blog ce jeudi, que cette intervention pouvait être considérée comme étant hors la loi, et qu’il appartenait aux tribunaux d’en juger.La dernière intervention policière contre des squatteurs avait eu lieu au mois de décembre 2014 dans le bâtiment abandonné d’une ancienne clinique dans le quartier de Žižkov à Prague, qui s’est officiellement transformée au mois de février dernier en un centre social autogéré « Klinika », et ce avec l’accord des autorités. Un évènement sans précédent dans l’histoire des squats en République tchèque.