Les Tchèques appelés à réfléchir sur leur avenir dans l’Union européenne

Photo illustrative: MPD01605, CC BY-SA 2.0

L’avenir de l’Union européenne vu par la Tchéquie ; l’image inédite de l’aristocratie tchèque révélée à travers une série de documentaires télévisés ; le nouveau succès international de scientifiques tchèques ; l’objectif d’une démarche gouvernementale en rapport avec la main d’œuvre dans l’administration de l’Etat ; des interrogations autour de la dégradation de l’espace public : tels sont les sujets retenus dans les médias tchèques pour cette nouvelle revue de presse hebdomadaire.

Photo illustrative: MPD01605,  CC BY-SA 2.0
Voulons-nous rester dans l’Union européenne ? Voulons-nous la transformer et si oui, comment ? Autant de questions soulevées après la présentation par le chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker du Livre blanc qui invite à la réflexion sur les différents scénarios de l’évolution ultérieure de l’Union européenne, qui fête le 25 mars le 60e anniversaire du Traité de Rome. L’hebdomadaire Respekt a voulu connaître le regard des représentants politiques tchèques sur ces questions qui ont une importance clé aussi pour l’avenir de la Tchéquie. Tout en constatant que pour beaucoup d’entre eux cette évolution ne constitue pas leur préoccupation première – le ministre des Finances Andrej Babiš indique par exemple que « ce n’est pas son business » -, le journal écrit :

« Il y a un point, sur lequel l’ensemble des représentants politiques tchèques se mettent d’accord, c’est que l’Union européenne a l’obligation de se transformer. Le refus de la variante supposant l’approfondissement de la coopération sur tous les sujets et la création d’une fédération dotée d’institutions communes fait aussi consensus sur la scène politique locale, y compris parmi les partis nettement pro-européens. L’éventualité de la restriction de l’Union européenne uniquement à sa dimension économique est également assez mal vue en Tchéquie, car le pays attribue une grande importance aux questions sécuritaires et à la protection des frontières extérieures. »

Deux autres scénarios ont donc une chance d’obtenir un soutien en Tchéquie. Le premier imagine comme alternative une Europe à plusieurs vitesses, ce qui est par ailleurs un modèle, comme l’écrit l’hebdomadaire Respekt, qui existe déjà, car tous les pays membres ne font pas partie de la zone euro ou de l’espace Schengen. Une autre variante qui semble plaire aux Tchèques est celle qui permettrait aux pays membres de définir leurs priorités communes comme, par exemple, la protection des frontières ou le soutien aux innovations et à la recherche de pointe, histoire de développer dans ces domaines une coopération plus étroite que jusqu’ici. « Faire des choix concernant notre avenir, voilà un défi qu’il faut relever et nous avons chacun le devoir d’y contribuer », conclut l’auteur de cet article.

Montrer et accepter la noblesse tchèque autrement

Photo: ČT
« Le sang bleu ». Tel est le titre d’un cycle de documentaires consacré à l’histoire et, surtout, au présent de huit grandes familles aristocratiques tchèques qui vient de rencontrer un important succès à la Télévision publique tchèque. Selon l’hebdomadaire Reflex qui met en relief la dimension historico-éducatif de ce projet, son mérite est d’avoir présenté à un large public les chapitres peu connus de ces familles et de certains de leurs membres et la façon parfois brave et digne avec laquelle ils ont pu affronter certaines difficultés :

« Les Kolowrat, Czernin, Schwarzenberg, Sternberg, Lobkowicz, Nostitz, Colloredo et Kinski. Autant de familles nobles dont les membres ont à travers ce cycle raconté leurs souvenirs et ouvert leurs archives pour évoquer leur passé célèbre, leur humiliation pendant le régime communiste, ainsi que leurs efforts en vue de réhabiliter leur nom et sauver le patrimoine de leurs ancêtres. Après avoir été poursuivis, privés d’études, condamnés à faire des travaux minables ou encore à prendre le chemin de l’émigration, aucun d’entre eux n’a fait signe d’amertume ou de capitulation devant la caméra. Le cycle montre l’élan et l’énergie que ceux-ci ont investi dans le renouveau de ce qui leur avait été confisqué et détruit pendant les quarante ans de régime communiste avant novembre 1989. »

Selon l’hebdomadaire Reflex, en Tchéquie, pas mal de gens voient la noblesse locale et ses descendants d’un œil négatif. Par ailleurs, depuis l’éclatement de l’Empire austro-hongrois, l’aristocratie n’a jamais été particulièrement appréciée en pays tchèques. L’auteur du texte publié sur le site du magazine remarque à ce propos que le cycle « Le sang bleu » doit permettre de nuancer ce sentiment.

Une nouvelle collaboration internationale de scientifiques tchèques

Photo illustrative: Barbora Němcová
Trente projets scientifiques au total ont été sélectionnés parmi 208 pour la création d’une plateforme de coopération internationale CETOCOEN et six d’entre eux viennent de République tchèque. Le quotidien Lidové noviny précise à ce sujet :

« Le résultat qui assurera aux instituts locaux une collaboration avec différentes équipes étrangères d’élite, est considéré comme un grand succès de la science tchèque. La biologie végétale, la robotique, la microscopie, les nanotechnologies, la photonique et la santé, autant de domaines autour desquels tournent les projets tchèques. Les gagnants de cette première phase sont appelés à préparer de concert avec des institutions de pointe un itinéraire pour les futurs centres d’excellence. Celui qui réussira lors de la deuxième phase recevra d’importants moyens financiers s’étendant sur cinq à sept ans d’activités. »

Le journal indique en outre que les recherches de la nouvelle plateforme auront principalement pour but de déceler l’impact de différents facteurs sur la santé et le vieillissement de l’homme, ainsi que sur le développement de maladies chroniques.

En manque de spécialistes, l’Etat veut augmenter leurs salaires

Photo illustrative: Thomas Ulrich,  Pixabay / CC0
Le pays a besoin de spécialistes, voilà pourquoi le gouvernement a décidé, sur proposition de la ministre du Travail et des Affaires sociales, Michaela Marksová, d’élargir le cercle de professions dont les acteurs verront leurs salaires considérablement augmenter. Ils ne seront désormais plus soumis aux barèmes qui étaient jusqu’alors pour eux la règle. C’est ce signale le quotidien Mladá fronta Dnes de ce jeudi qui explique pourquoi :

« Les ministères et d’autres institutions d’Etat peinent à embaucher des spécialistes, juristes, auditeurs, professionnels des technologiques de l’information, comptables. La raison en est simple, c’est que dans la sphère privée ceux-ci gagnent près de 30 000 couronnes par mois de plus que dans la sphère publique, près de 1 100 euros. Le but de la nouvelle décision gouvernementale qui permettra de doubler leurs salaires est les garder ou de les attirer vers les différentes branches de l’administration d’Etat. »

Mais comme l’écrit l’auteur de cet article publié dans la page économique du journal Mladá fronta Dnes, il n’est pas pour autant évident que cette démarche puisse paraître pour les professionnels concernés suffisamment attrayante. Les différentes institutions de l’Etat demandent de leur côté de pouvoir elles-mêmes définir les professions prioritairement visées, éventuellement, d’élargir leur liste.

Face à la dégradation de l'espace public

La place Venceslas,  photo: Archives de Radio Prague
La dégradation de l'espace public, thème encore peu discuté, est un sujet qui préoccupe notamment les jeunes architectes. Selon l’un d’entre eux, Petr Kučera, qui se consacre depuis des années à la revitalisation de la principale place de Prague, la place Venceslas, ce sont en premier lieu le régime communiste, l’arrivée des grands magasins et de nouvelles pratiques de consommation dans les années 1990 et l’absence d’une législation appropriée qui sont responsables de la situation peu réjouissante dans ce domaine. Dénonçant sur le site aktuálně.cz en premier lieu le nombre élevé de publicités dans l’espace public, il précise :

« Par l’idée de dégradation de l'espace public, on entend la perte de confort quand on s’y trouve en raison d’éléments ou d’activités indésirables. Encore aujourd’hui, les publicités ne sont pas régulées efficacement, à l’exception de textes de loi sur leur contenu mais jamais sur leur forme. Ce qui porte également préjudice à la vie courante, ce sont les nombreuses activités commerciales, les mauvaises illuminations et le bruit. »

La privatisation souvent non contrôlée des espaces publiques favorisée dès la chute du régime communiste dans les années 1990 a permis le développement de toutes sortes d’activités commerciales. Cela s’est souvent apparenté, d’après les paroles de l’architecte interrogé, à un véritable pillage des biens municipaux. Aujourd’hui, il serait donc grand temps de réguler enfin les choses.