Les Tchèques de Volynie cherchent à obtenir des indemnisations

Volynia

Les Tchèques de Volynie (ou Volhynie) souhaitent être enfin indemnisés. La Volynie est une région située aujourd’hui dans le nord-ouest du territoire ukrainien, où se sont installés des Tchèques dans la deuxième moitié du XIXè siècle. Bon nombre d'entre eux sont rentrés en Tchécoslovaquie en 1947, mais ils n’ont jamais été indemnisés pour la perte de leurs biens et veulent aujourd’hui que justice soit rendue.

Plusieurs milliers de Tchèques étaient partis s’installer en Volynie dans les années 1870 et 1880 pour y trouver un avenir meilleur. Les vicissitudes de l’histoire et les multiples changements de frontières dans la région au cours du XXè siècle les ont poussés, plutôt de force que de gré, à rentrer en Tchécoslovaquie et à abandonner leurs biens. Jaromíra Němcová, elle-même née en Volynie et rentrée avec sa famille en Tchécoslovaquie à l’âge d’un an et demi, représente l’association des propriétaires fonciers de Volynie:

Source: Kai Sören Kotzian
« La première catégorie de personnes les plus touchées étaient celles qui avaient le plus de patrimoine, et donc étaient considérées comme des bourgeois par les Soviétiques qui ont pris possession de territoire anciennement polonais le 17 septembre 1939. Confiscation, goulags en Sibérie… Des brasseries, des machines agricoles et des choses de valeur ont été pris par les Soviétiques. La majorité de ces gens n’ont jamais été indemnisés. La deuxième catégorie concerne les familles des soldats tchécoslovaques qui sont restés en Tchécoslovaquie et qui savaient comment les Soviétiques étaient capables de persécuter. Environ 10500 de ces militaires, hommes et femmes confondu, ne sont jamais revenus en Volynie et la perte de leur terrain n’a jamais été compensée. Et aujourd’hui l’Ukraine vend ces terrains, non seulement aux citoyens ukrainiens mais aussi à des étrangers. »

Fin décembre, le Premier ministre tchèque Petr Nečas a envoyé à cette association un courrier dans lequel il expliquait qu’il n’existait aucune base légale qui pourrait permettre d’entamer un processus d’indemnisation, la Volynie, n’ayant jamais fait partie du territoire tchécoslovaque. Contrairement à la Ruthénie subcarpathique, dont les anciens habitants contraints de partir peuvent désormais être indemnisés sur la base d’un texte adopté en 2009. Jaromíra Němcová:

« Franchement, je ne sais vraiment pas qui devrait nous indemniser. Nous savons seulement que le gouvernement tchécoslovaque a reçu une compensation de la part de l’URSS, mais on ne sait pas de combien et seuls les représentants du gouvernement peuvent le savoir. Nous allons peut-être nous tourner vers la Cour européenne de Strasbourg parce qu’on ne sait pas vraiment à qui s’adresser, au gouvernement tchèque, au gouvernement ukrainien… Je ne sais pas. »

Les Tchèques de Volynie (on parle de 800 cas en tout) pourraient ainsi suivre l’exemple de citoyens polonais ayant également habité en Volynie, qui ont obtenu gain de cause à Strasbourg. Ils envisagent des requêtes individuelles, parfois difficiles à formuler à cause du manque de preuves de propriété. Jaromíra Němcová:

« Beaucoup d’entre eux ont encore des documents de l’époque prouvant l’existence de leur propriété. Le problème est pour ceux qui ont été envoyés en Sibérie, ceux-là n’ont plus de documents, mais de ce qu’on sait les documents existent parce que le cadastre polonais de l’époque doit avoir été conservé et tout y est inscrit. »

Plus d’une dizaine de milliers de Tchèques de Volynie ont été rapatriés en Tchécoslovaquie après la guerre ; la plupart ont été installés dans le territoire des Sudètes, qui avait été vidé de ses habitants allemands.