Les Tchèques démarrent l’Euro 2012 avec l’ambition de surprendre

Photo: CTK

Evénement sportif parmi les plus attendus de cette année, le championnat d’Europe de football, co-organisé par la Pologne et l’Ukraine, débute ce vendredi. A peine le match d’ouverture entre la Pologne et la Grèce achevé, la République tchèque fera son entrée dans la compétition contre la Russie, à Wroclaw. Pour leur cinquième participation consécutive à l’Euro, les Tchèques, en lesquels personne ne croit vraiment, pas même leurs supporters, entendent bien créer la surprise dès ce premier match.

Photo: CTK
« Surprendre » : depuis le premier jour de leur préparation, les joueurs et l’encadrement de l’équipe nationale n’ont que ce mot-là à la bouche. Eliminée sans gloire dès le premier tour des Coupe du monde et championnat d’Europe 2006 et 2008, absente du Mondial sud-africain en 2010, la République tchèque est tombée dans l’oubli et les profondeurs des classements UEFA et FIFA depuis sa demi-finale malheureuse perdue contre la Grèce à l’Euro 2004, où son jeu avait alors enchanté l’Europe du football.

Depuis les départs successifs à la retraite de la glorieuse génération des Nedvěd, Poborský, Koller et autres Šmicer, la Reprezentace est, il est vrai, redevenue une formation ordinaire et moyenne représentante d’un petit pays d’Europe centrale mal connu du grand public ; une formation composée pour l’essentiel de joueurs aux noms curieux et parfois imprononçables.

Milan Baroš,  photo: CTK
Dans le groupe des vingt-trois joueurs appelés à disputer l’Euro 2012 par le sélectionneur Michal Bílek, ils ne sont d’ailleurs plus que quatre à avoir vécu l’aventure de l’Euro 2004 au Portugal. Ces quatre-là, les plus expérimentés, Petr Čech dans les buts, Tomáš Rosický et Jaroslav Plašil dans l’entrejeu, et Milan Baroš en attaque, constituent aujourd’hui l’ossature de l’équipe nationale : quatre éléments quasi-indispensables pour envisager donc de surprendre à cet Euro polono-ukrainien.

Surprendre malgré leur statut de Petit Poucet de la compétition, les Tchèques l’envisagent d’autant mieux depuis que le tirage au sort les a placés dans le groupe A en compagnie de la Pologne, de la Grèce et de la Russie, trois adversaires qui ne les effraient pas outre mesure et qu’ils estiment à leur portée. Et le premier de ces adversaires sera donc la Russie. Face à une équipe demi-finaliste du dernier Euro et invaincue depuis 14 matchs et février 2011, la République tchèque s’apprête à disputer d’entrée ce qui s’annonce peut-être comme le plus difficile de ses trois matchs. Pour espérer un résultat positif, l’entraîneur tchèque devrait pouvoir compter sur la totalité ou presque de son groupe ; seul l’attaquant Milan Baroš, victime d’une élongation à une cuisse, restait incertain à vingt-quatre heures du coup d’envoi. En revanche, le capitaine et meneur de jeu Tomáš Rosický, qui s’est entraîné normalement cette semaine, sera bien là, ce dont se félicitent tous ses coéquipiers, à commencer par le défenseur central Tomáš Sivok :

Jaroslav Plašil,  photo: CTK
« C’est super ! Personnellement, j’ai surtout fait attention à ne pas lui mettre de coups. C’est toujours un peu la crainte qu’ont les autres joueurs à l’entraînement, il faut donc un peu se retenir dans l’engagement et les duels. Avec Jaroslav Plašil, Tomáš est un joueur clef pour nous. Ce sont ces joueurs-là qui sont capables de faire la différence. Et notre jeu n’est pas du tout le même lorsqu’ils sont présents sur le terrain. »

Révélation du football tchèque de ces deux dernières saisons, son partenaire dans l’entrejeu Petr Jiráček précise plus en détail en quoi la présence de Tomáš Rosický est essentielle pour l’équipe tchèque :

Petr Jiráček et Tomáš Rosický,  photo: CTK
« C’est celui qui sait prendre ses responsabilités dans les moments importants ou difficiles. C’est notre capitaine mais c’est aussi un leader dans le sens où il nous apporte beaucoup de créativité. Tomáš n’a pas peur de demander le ballon quand d’autres joueurs auraient peut-être tendance à se cacher. »

Surprendre, les Tchèques l’envisagent également parce qu’ils ont le sentiment de disputer cet Euro pratiquement à domicile. C’est en effet à Wroclaw, cité silésienne distante de seulement quelques dizaines de kilomètres de la frontière tchéco-polonaise, que la Reprezentace jouera ses trois matchs de groupe. Ainsi, là où seules quelques centaines de supporters français effectueront le lointain déplacement jusqu’à Donetsk, en Ukraine, pour suivre l’équipe de France, les hommes de Michal Bílek, eux, pourront compter sur le soutien de milliers de fans, et pas seulement tchèques. Arrivés sur place dimanche dernier, après avoir effectué en train les 280 kilomètres qui séparent Prague de Wroclaw, Petr Čech est très heureux de l’accueil qui a été réservé à lui et ses partenaires par les Polonais :

Petr Čech,  photo: CTK
« C’est à côté de chez nous et la culture ressemble beaucoup à la nôtre. Quand nous avons traversé les villages polonais lors de notre voyage en train, nous avons bien vu que tout ressemblait à ce que l’on connaît chez nous. Je pense que les habitants de Wroclaw sont aussi très heureux que nous soyons là, car nous sommes la seule équipe à rester sur place durant toute la durée du championnat. Cela permet aux gens d’être en contact direct avec nous et de vivre plus intensément cet Euro. On sent bien que cela leur fait plaisir et qu’ils nous supportent. J’espère que ça continuera comme ça. »

Après la Russie, donc, vendredi, la Grèce mardi, puis la Pologne en fin de semaine prochaine, constitueront la suite du programme de la République tchèque. Mais si le match contre la Pologne devait s’avérer décisif pour la qualification pour les quarts de finale, nul doute alors que même les habitants de Wroclaw ne seraient plus supporters des Tchèques… Le contraire serait une surprise en laquelle même Petr Čech, Tomáš Rosický et leurs partenaires ne croient pas.