Les Tchèques et l'OTAN
Enterrement de la guerre froide - c'est ainsi que le ministre britannique, Jack Straw, a caractérisé le résultat de la conférence des ministres des AE des pays de l'OTAN à Reykjavik. En République tchèque, ce résultat a suscité quelques objections. Vaclav Richter.
Les ministres rassemblés dans la capitale d'Islande ont décidé de créer une commission réunissant des délégués de l'OTAN et de la Russie. La commission permettra à Moscou de prendre part aux décisions de l'Alliance dans plusieurs domaines dont la lutte contre le terrorisme, la solution des crises internationales, les opérations de paix. Cette décision risque de changer l'OTAN et éveille des spéculations sur une éventuelle intégration de la Russie à l'Alliance. Selon le ministre tchèque des AE, Jan Kavan, il s'agit d'une nouvelle forme de partenariat. "On s'engage certainement dans un bon chemin, déclare-t-il, mais les mois à venir montreront s'il est efficace." Le président de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des députés, Jan Zahradil, ne cache pas un certain désarrois. "D'après moi, on devrait conserver le modèle actuel de l'Alliance pour mettre à l'épreuve son efficacité, remarque-t-il. Je pense que les règles du jeu devraient avoir une validité plus durable et ne devraient pas être changés si souvent." Jan Zahradil, candidat du Parti civique démocrate au poste de chef de la diplomatie tchèque dans le future gouvernement, va encore plus loin : "On voit que les Etats-Unis révisent leur rapport vis-à-vis de l'OTAN. Peut-être, cherchent-ils ainsi une plus grande liberté pour d'éventuelles opérations de sécurité qu'ils réaliseraient tout seuls ou avec quelques alliés mais non pas dans le cadre de l'OTAN et avec l'ensemble de ses membres. Et cela serait assez affligeant pour nous qui sommes aussi membres de l'Alliance...", dit-il. La rencontre de Reykjavik a été consacrée cependant aussi à la préparation du sommet de l'Alliance qui aura lieu cet automne à Prague et qui doit inviter de nouveaux pays à entrer à l'OTAN. Selon le chef de la diplomatie tchèque, Jan Kavan, la résistance de la Russie à l'intégration des pays baltes faiblit. A son avis le gouvernement russe et le président Poutine se sont faits déjà à l'idée que l'élargissement de l'OTAN serait important et qu'il pourrait concerner sept pays. "Ce qui était inacceptable pour la Russie, il y a quelques années encore, pourrait être confirmé à Prague comme une réalité," conclut-il.