Petr Pavel au sommet de l’OTAN à Washington pour discuter du soutien à l’Ukraine
Ce mardi s’ouvre pour trois jours à Washington le sommet de l’OTAN. Une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement, parmi lesquels le président tchèque Petr Pavel, sont attendus dans la capitale américaine pour discuter, entre autres, du soutien à apporter à l’Ukraine.
S’il fallait un rappel aux membres de l’OTAN le jour de l’ouverture du sommet de l’Alliance que leur soutien à l’Ukraine reste primordial, les frappes aériennes russes de lundi qui ont visé notamment un hôpital pour enfants à Kyiv en sont un.
Le président tchèque, Petr Pavel, qui a immédiatement condamné ces nouvelles attaques qui sont, selon lui, la preuve que « la Russie de Vladimir Poutine ne recule devant rien », s’est envolé ce lundi pour les Etats-Unis, où se tient du 9 au 11 juillet le sommet de l’OTAN. La ministre de la Défense Jana Černochová, le ministre des Affaires étrangères Jan Lipavský et le chef d’état-major des armées Karel Řehka complètent la délégation tchèque.
Comme l’année dernière à Vilnius, le sommet de Washington sera en grande partie consacré à la guerre en Ukraine. Dans un entretien accordé à Radiožurnál le 3 juillet, le chef de l’Etat tchèque avait précisé que l’un des objectifs de cette rencontre consisterait à élaborer une stratégie globale de l’Alliance à l’égard de la Russie :
« Nous devons admettre que la Russie nous traite comme un ennemi et que, dans le même temps, nous la considérons comme la plus grande menace sécuritaire à l’heure actuelle, non seulement pour la République tchèque, mais aussi pour l’Europe. Ce constat doit se refléter dans tous les documents stratégiques de l’Alliance. […] Aucune politique unifiée n’a encore été développée à l’égard de la Russie. Les pays abordent la Russie chacun à leur manière […] Il serait donc souhaitable que nous adoptions une approche stratégique pour l’Alliance à l’égard de la Russie, car c’est là le seul moyen d’affirmer notre position de manière beaucoup plus forte. »
Interrogé sur l’issue du conflit, le président tchèque s’était voulu lucide, la Russie n’a pour l’heure aucune intention de s’installer à la table des négociations tant qu’elle reste persuadée qu’elle peut améliorer ses positions sur le terrain. Selon le chef de l’Etat, l’Alliance doit donc continuer à soutenir Kyiv militairement jusqu’à ce que la Russie réalise qu’elle n’a aucun intérêt à poursuivre les affrontements.
La ministre de la Défense, Jana Černochová, avait annoncé à cet égard le 1er juillet, que l’initiative tchèque d’achat commun de munitions en faveur de l’Ukraine serait au menu des discussions à Washington :
« Si la volonté demeure à ce que la République tchèque poursuive l’initiative relative aux munitions, nous sommes prêts à y répondre, mais nous avons besoin de fonds supplémentaires pour renflouer le budget dédié à l’achat d’équipements militaires au profit de l’Ukraine. Le sujet sera abordé au sommet et je suis fière de dire que la République tchèque a, à cet égard, tenu sa promesse et qu’elle continuera de le faire jusqu’à la fin de l’année. »
Le soutien militaire à l’Ukraine n’obère cependant pas, pour Petr Pavel, la tenue de pourparlers qui sont, selon ses termes, les « deux faces d’une même pièce », bien que la situation sur le front soit, pour le moment, défavorable à Kyiv :
« Même avec toute notre aide, il est très peu probable que l’Ukraine soit en mesure de libérer tous ses territoires occupés à court terme. Il est plus probable que des négociations s’ouvrent et qu’un compromis soit trouvé. Il est également possible qu’une partie du territoire ukrainien soit temporairement occupée par la Russie. »
Quant à savoir si l’Ukraine intégrera un jour l’OTAN, la question reste en suspens. Si tous les Etats membres de l’Alliance ont admis l’an passé à Vilnius que l’avenir de Kyiv était au sein de l’OTAN, plusieurs pays, en tête desquels les Etats-Unis, rechignent à définir un calendrier clair d’adhésion pour l’Ukraine.
Outre la guerre en Ukraine, le sommet de Washington devrait également être l’occasion de traiter des enjeux liés à la région indo-pacifique. Plusieurs partenaires de la région ont d’ailleurs été conviés à cet effet. Ce sommet sera également le tout premier pour la Suède qui a officiellement rejoint l’Alliance en mars 2024, mais le dernier pour Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN depuis 2014, qui sera remplacé début octobre par l’ancien Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte.
Le président tchèque devrait, quant à lui, en marge du sommet, rencontrer des membres du Congrès américain, intervenir dans plusieurs tables-rondes et se rendre à un dîner organisé par le couple Biden mercredi soir à la Maison-Blanche. Le chef de l’Etat prendra ensuite vendredi la direction de Houston au Texas, où il abordera la coopération transatlantique avec des élus de la région, avant de visiter le centre spatial Johnson de la NASA et d’achever son déplacement par une rencontre avec la communauté tchèque locale.