Les Tchèques et l'Union européenne
Chers auditeurs, nous vous avons déjà parlé, dans cette émission, des incidences économiques probables, sur la Tchéquie, au lendemain de l'admission à l'Union européenne. Il se trouve que ce problème continue de préoccuper le consommateur tchèque, ce pourquoi la presse ne cesse de revenir là-dessus. Cette semaine encore le quotidien Lidove noviny mettait en synthèse certaines de ces préoccupations. Nous nous proposons de les porter à la connaissance de nos auditeurs.
Ces prix sont déterminés par la loi du marché, donc par l'offre et la demande. Cependant, le prix des appareils ménagers est, chez nous, comparable au prix dans les pays voisins de l'UE. Une télé est offerte pratiquement au même prix en Allemagne qu'en Tchéquie. L'écart le plus grand est enregistré dans les produits alimentaires. Leur transport sur de grandes distances n'est par rentable.
Par-delà les articles ménagers, le public s'inquiète de ce qu'il adviendrait des prix des appareils industriels d'une manière générale. Lidove noviny se veut rassurant. L'annulation des dernières barrières à la libre circulation des marchandises, notamment la suppression du dédouanement, renforcera la concurrence et mènera tout d'abord à une certaine diminution des prix, ensuite à un enrichissement du marché en certains articles qu'il n'était pas rentable d'importer justement à cause des longues attentes aux frontières et de la complication des procédures. Cette tendance peut être valable, par ex., pour les articles électroniques, les produits ménagers, les articles de droguerie etc. En revanche, le prix des articles venant de pays hors l'UE peuvent augmenter légèrement, car les droits de douane vont augmenter au niveau prescrit par l'Union. Le journal rappelle que les droits de douane sont encaissés par l'UE à ses frontières. Ces augmentations ne devraient pas dépasser 5%. Cela concerne notamment les prix du textile et des chaussures.
Le consommateur tchèque s'interroge sur le poids de son salaire face aux salaires dans l'UE. Les salaires en République tchèque, précise le journal vont toujours correspondre aux conditions de travail sur le marché tchèque de l'emploi. Les prix non plus ne commenceront pas à augmenter rapidement, ils iront de pair avec les salaires. L'augmentation des salaires réels correspondrait à l'évolution économique ; les économistes s'attendent à une augmentation de 3 à 5% par an, lors des premières années consécutives à l'admission. Celui qui voudrait gagner plus, sera obligé d'aller à l'étranger, mais ses frais vont également augmenter. On peut supposer que les salaires vont croître beaucoup plus rapidement chez des personnes hautement qualifiées. Dans ces catégories on peut s'attendre également à des départs à l'étranger, ce qui augmenterait la demande des qualifications mais aussi le prix du travail sur le marché tchèque. D'une manière générale, la Tchéquie pourrait mieux concurrencer le marché européen avec des bas salaires, plutôt qu'avec une augmentation rapide des salaires non soutenue par la productivité économique.
Le citoyen tchèque s'interroge aussi sur ce que deviendront les loyers... Le journal rappelle qu'il y a deux sortes de loyers : le loyer régulé et le loyer libre. Il incombera au Parlement et à l'administration tchèque de savoir comment le loyer sera régulé. L'Union ne nous pousse pas à déréguler le loyer. Le loyer non régulé est déjà régi par l'offre et la demande. Le bruit circule entre les gens qu'avec l'entrée dans l'UE l'impôt sur l'immobilier va augmenter d'une manière importante et de ce fait même les loyers. C'est un mythe absolu, dit le journal. Il est vrai que l'UE essaye d'harmoniser les impôts directs, mais il s'agit tout d'abord des taxes à la consommation (Alcool, tabac, carburants) et ensuite le rapprochement des taux de la TVA. Il s'agit donc de marchandises susceptibles de circuler dans le marché commun. L'imposition inégale de l'immobilier ne peut pas menacer le marché intérieur et c'est pour cela que l'Union ne régule pas ce domaine. Il y a même des projet qui proposent l'annulation de ce genre d'imposition.
Les Tchèques se soucient de leurs petites économies. Ils se demandent si, avec l'admission, elles ne risqueraient pas de fondre. La valeur des économies, rappelle Lidove noviny, dépend tout d'abord du taux d'intérêt. L'argent déposé dans une banque bénéficie aujourd'hui d'un taux d'intérêt très bas, et tant que l'inflation n'augmentera pas, on ne peut s'attendre ni à une augmentation des taux d'intérêt, ni à la dépréciation de l'épargne. L'épargne ne sera touchée que si l'inflation augmente de manière importante alors que les taux d'intérêt sont restés très bas. Mais une telle évolution est absolument improbable. En revanche, la valorisation de l'épargne est possible si l'argent est investi dans des valeurs sûres, notamment l'achat d'actions de sociétés en promotion. Cependant, il est notoirement connu, rappelle le journal, que plus la chance de valorisation est grande, plus grand est le risque d'investissement. Il est aussi possible d'épargner en monnaie étrangère ou de placer carrément son argent à l'étranger. Actuellement, il n'a y aucun empêchement à cela. Même le passage de la couronne à l'euro d'ici quelques années n'aura aucune influence sur l'épargne.
Aurai-je la possibilité d'acheter sans aucune limitation à l'étranger ? Est-ce que toutes les limitations à l'importation seront écartées ? Cette question revenait plusieurs fois dans les sondages. La réponse est qu'il n'y aura aucune limitation à l'importation des marchandises, le contrôle douanier sera éliminé. Tous les pays de l'Union participent au marché commun où il n'existe pas de frontières douanières. Aux frontières, la police contrôlera uniquement les documents personnels. Mais vous ne pourrez pas refuser d'ouvrir le coffre de votre voiture au cas où le policier décide de contrôler si vous ne transportez pas, par ex., illégalement une personne, des objets dont le transport est interdit par la loi où des objets nécessitant une autorisation spéciale de transport. Il n'est cependant pas exclu que les douaniers continuent, jusqu'à 2006, à vérifier, à cause de la taxe sur la consommation, si les passagers ne transportent pas de grandes quantités de tabac. Le consommateur tchèque s'inquiète aussi du prix de revient des vacances à l'étranger. La réponse est que l'extension de l'Union se traduira par une extension du domaine de la concurrence et par conséquent la chute des prix, à tout le moins une certaine stagnation.