Les Tchèques ont célébré la fête nationale tchéco-slovaque sans les Slovaques

Photo: CTK

Bien que déjà assurée de participer au championnat d’Europe qui se tiendra en juin prochain en Autriche et en Suisse, l’équipe de République tchèque de football a mis un point d’honneur à battre avec la manière la Slovaquie (3-1), samedi soir, à Prague, pour son dernier match de qualification devant son public. Au coup de sifflet final d’une rencontre qu’ils ont su rendre plaisante face à un voisin slovaque de qualité, les joueurs de Karel Brückner, premier sélectionneur à qualifier trois fois de suite la République tchèque pour une grande compétition, ont profité avec leurs supporters du feu d’artifice tiré pour l’occasion dans la nuit glaciale au-dessus du stade avec peut-être déjà des rêves plein la tête en pensant à l’Euro.

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Même si le 1er janvier prochain, quinze ans seront déjà passés depuis la partition de la Tchécoslovaquie, un match entre la Tchéquie et la Slovaquie reste encore un événement à part dans le calendrier, qu’il s’agisse de football ou de hockey sur glace, les deux sports les plus populaires des deux côtés de la frontière. Un parfum de nostalgie s’y mêle toujours pour tous ceux qui se souviennent du temps passé ensemble au sein de l’Etat commun, ainsi qu’un parfum de rivalité légitime entre deux peuples certes restés amis mais qui se considèrent comme les meilleurs ennemis du monde une fois le ballon ou le palet en jeu. Une atmosphère de fête entourait également le derby tchéco-slovaque, samedi, alors qu’à Prague comme à Bratislava on s’était souvenu solennellement dans la journée des événements qui, le 17 novembre 1989, avaient marqué le début de la révolution et de la chute du régime communiste.

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Et même s’il n’y avait plus guère d’enjeu sur la pelouse, les Tchèques étant déjà qualifiés et les Slovaques éliminés, les deux équipes ont offert un spectacle digne du contexte et d’un match international. Bien que privés de trois titulaires à part entière, dont leur gardien Petr Cech, les Tchèques avaient à cœur de célébrer chez eux leur qualification brillamment acquise en octobre en Allemagne où ils s’étaient imposés 3-0, tandis que les Slovaques entendaient bien se racheter après la déroute (3-0) subie au match aller à Bratislava, il y a un peu plus d’un an.

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Les espoirs de ces derniers ont été cependant vite déçus, les Tchèques ouvrant la marque dès la 14e minute par leur arrière gauche Zdenek Grygera d’une frappe croisée à la conclusion d’un une-deux. Sur un terrain rendu difficile par la neige et la pluie tombées depuis plus d’une semaine sur Prague, les Slovaques avaient beau s’appliquer dès le coup d’envoi à conserver le plus possible le ballon, leur jeu court et vif agréable à l’œil s’avérait totalement improductif à l’approche de la surface de réparation adverse. Ce sont donc les Tchèques, plus efficaces, avec un Tomas Rosicky inspiré à la distribution dans l’entrejeu, qui se procuraient les meilleures occasions, même s’il aura fallu attendre le dernier quart d’heure pour les voir confirmer au tableau d’affichage leur supériorité.
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C’est d’abord l’attaquant du Sparta Prague Marek Kulic qui profitait d’une mésentente et d’un télescopage entre le gardien slovaque et un de ses défenseurs à 77e minute pour doubler la mise. Dans la foulée, le jeune Michal Kadlec, qui honorait pour l’occasion sa première sélection, remettait les Slovaques en selle en prenant son propre gardien à contre-pied, avant que Tomas Rosicky, en bon capitaine, ne rassure définitivement les siens quatre minutes plus tard d’une volée au point de penalty. En fin de match, la partie tournait même par instants à une démonstration tchèque arguant du feu d’artifice et de la communion avec le public qui allaient s’ensuivre. A la sortie des vestiaires, l’ancien milieu de terrain de l’AS Monaco Jaroslav Plasil avait donc toutes les raisons d’être satisfait :

Jaroslav Plasil,  photo: CTK
« Oui, il était important pour nous d’avoir gagné le dernier match à la maison. Maintenant, il nous reste encore un match qu’on va essayer de gagner pour terminer en tête du groupe. »

-Le fait que vous soyez déjà qualifiés et que la Slovaquie soit éliminée a-t-il influencé le déroulement du match ?

« Je ne crois pas. Au match aller, on avait gagné 3-0 à Bratislava, on savait donc que les Slovaques venaient ici avec l’esprit revanchard pour faire un bon résultat. Mais de notre côté, on voulait aussi gagner ce dernier match à domicile. »

-Lors du dernier match en Allemagne, il manquait déjà plusieurs titulaires et cette fois, il en manquait de nouveau trois voire quatre. L’aspect positif, c’est que de nouveaux joueurs intègrent le groupe et que vous avez obtenu deux victoires probantes…

« C’est sûr. C’est très important que de nouveaux joueurs arrivent. Je me souviens de mes débuts, c’était la même chose, on apprend beaucoup plus vite avec des joueurs d’expérience. Maintenant, on va essayer de faire une bonne préparation pour le championnat d’Europe avec ce mélange d’anciens et de nouveaux. »

-Votre parcours dans ces éliminatoires a été relativement difficile. Vous avez même été très critiqués à un moment par la presse tchèque. Finalement, ça s’est amélioré vers la fin et vous vous êtes même qualifiés deux matches avant la fin du groupe et comme une des premières équipes en Europe. Qu’est-ce qui, selon vous, a évolué ?

« On savait qu’on avait une bonne équipe, même si c’est vrai que ça n’a pas trop marché au début. On avait des petits problèmes, on ne jouait pas très bien mais on savait qu’on avait de bons joueurs. C’était donc une question de temps, d’un match qui peut tout changer et servir de déclic. C’est ce qui s’est passé contre l’Irlande (victoire 1-0 à Prague en septembre), puis après en Allemagne. Désormais, on est invaincus depuis plusieurs matchs et j’espère que ça va continuer. »

-Lors du dernier Euro en 2004 au Portugal, vous faisiez partie des favoris et êtes allés jusqu’en demi-finales où vous avez été éliminés un peu injustement. La Coupe du monde deux ans plus tard s’est, elle, beaucoup moins bien passée. Avec quelles ambitions pensez-vous donc pouvoir partir pour l’Autriche et la Suisse ?

« C’est encore trop loin pour en parler. On ne connaît pas encore la composition des groupes et… on ne sait rien. L’important pour l’instant est de bien préparer le prochain match contre Chypre et on aura le temps de reparler de tout cela après. »

Effectivement, avant de penser au championnat d’Europe, dont le tirage au sort des poules sera effectué le 2 décembre prochain à Lucerne, la République tchèque affronte encore Chypre, à Nicosie, mercredi, pour son dernier match éliminatoire dans le groupe D. Un match qui ne comptera pas complètement pour du beurre puisqu’en cas de victoire, les Tchèques seront assurés de terminer à la première place grâce à une meilleure différence de buts particulière avec l’Allemagne (1-2 à Prague, 3-0 à Munich), elle aussi qualifiée.

République tchèque - Slovaquie : 3-1 (mi-temps : 1-0)

Axa Aréna (stade du Sparta Prague) - Pelouse très grasse, temps froid et pluvieux - Spectateurs : 15 651 - Buts : 14e Z. Grygera (1-0), 77e M. Kulic (2-0), 79e M. Kadlec c.s.c. (2-1), 83e T. Rosicky (3-1) - Avertissements : Z. Strba, M. Sapara, M. Cech, M. Skrtel (Slovaquie) - Arbitre : Mr. Asumaa Tony (Finlande)

République tchèque : J. Blazek – Z. Pospech, R. Kovac, D. Rozehnal, Z. Grygera (46e M. Kadlec) – J. Plasil, T. Rosicky, T. Galasek, J. Polak (86e M. Matejovsky) – M. Baros (70e M. Kulic), J. Koller. Entraîneur : Karel Brückner.

Slovaquie : K. Contofalsky – M. Krajcik, M. Skrtel, L. Michalik, M. Cech – K. Kisel (86e J. Halenar), J. Kozak, M. Sapara, Z. Strba, M. Hamsik (58e F. Holosko) - M. Mintal (67e S. Sestak). Entraîneur : Jan Kocian.