Les travailleurs frontaliers tchèques face aux nouvelles restrictions allemandes
La République tchèque est depuis le début de la semaine considéré par l’Allemagne voisine comme un pays à risque très élevé à cause de la propagation du coronavirus, ce qui implique de nouvelles réglementations plus strictes à la frontière. Reportage au point de passage entre Folmava en Bohême et Fürth im Wald en Bavière, où les principaux concernés sont les dizaines de milliers de ressortissants tchèques qui travaillent quotidiennement du côté allemand.
« C’est comme ça à partir de maintenant : on leur explique qu’ils doivent rester dans leur voiture jusqu’à ce qu’ils soient appelés pour se faire tester ici. Ce sera comme ça tous les jours tant que les nouvelles règles seront en vigueur », explique un agent de la police de Fürth im Wald, qui s’emploie avec quelques employés de sécurité à faire respecter les distances entre les gens et l’interdiction de fumer.
Le ciel est bas et la neige tombe en ce lundi midi ; la température n’arrange en rien l’humeur des travailleurs frontaliers tchèques, dont les voitures commencent à former un embouteillage avant le parking déjà presque plein. Une dame explique en tchèque les nouvelles consignes fournies par les autorités allemandes. Il faut désormais se faire dépister avec un test antigénique dans le nez tous les deux jours pour pouvoir se rendre en Allemagne. Un centre de dépistage a été installé ici, à l’endroit même où le rideau de fer séparait l’Europe en deux il y a un peu plus d’une trentaine d’années.
« Vous voyez le monde qu’il y a, nous dit Jaroslav Tetour, qui travaille dans une usine allemande pas loin de la frontière ; je dois être au boulot à 14h. En temps normal, je peux partir juste avant 13h pour y être mais là avec ces galères je ne vais pas y arriver avant 16h ! Il faudrait qu’on puisse être vaccinés comme ça ce serait réglé. Parce que là, même si mon employeur est conciliant, si ça continue je ne sais pas ce que mon chef va dire… »
Les nouvelles règles diffèrent selon le Land allemand dans lequel on entre après la frontière tchèque. Un peu plus au Nord, la Saxe permet aux travailleurs frontaliers tchèques de ne se faire dépister « que » deux fois par semaine. Mais le ministre-président de la Bavière, le potentiel futur chancelier Markus Söder, a martelé lundi au Premier ministre tchèque que sa région maintiendrait l’obligation de trois tests hebdomadaires.
« J’ai même pris mon pantalon de ski pour ne pas prendre froid dans la queue », montre Miroslava Jozová, qui travaille aussi dans une des usines allemandes du coin. « Ces tests de dépistage n’ont rien d’agréable en plus. La semaine dernière, j’ai aussi eu droit à un test du côté allemand où on m’a raclé dans la gorge à tel point que j’en ai eu de la toux et les larmes aux yeux. Maintenant il va falloir faire ces tests dans le nez chaque lundi, mercredi et vendredi, c’est pénible ! »
Un peu plus loin sur le parking, Lukáš Knottauer attend dans sa voiture de recevoir le résultat du test qu’il vient de passer :
« Dans une vingtaine de minutes je dois le recevoir par mail ou par SMS. Je suis arrivé pour faire la queue il y a déjà plus d’une heure mais c’était fermé. Je ne comprends pas que le centre de dépistage ne reste pas ouvert toute la journée. Il est ouvert seulement de 5h à 8h le matin et de 13h à 16h l’après-midi. Ils veulent freiner l’épidémie mais ces nouvelles mesures forcent les gens à se regrouper ici, ça n’a pas de sens… »
Ce mardi, le président de la région frontalière tchèque de Karlovy Vary, Petr Kulhánek, estimait qu’à long-terme cette situation n’était « pas tenable » et a précisé que le chef du gouvernement Andrej Babiš avait promis d’évoquer directement le sujet avec la chancelière Angela Merkel.