Les trois biennales de Prague
On dirait que Prague devient la capitale des arts plastiques européens. En ce moment, on peut y voir deux biennales d'art contemporain et dans quelques jours s'ouvrira la troisième. Pourquoi une telle accumulation de biennales et quelles sont les connotations politiques de ce phénomène ?
Jeudi 18 mai a commencé dans une vieille usine désaffectée à Prague Karlin la deuxième édition de Prague Biennale 2, une grande exposition internationale qui réunit des artistes allemands, tchèques, slovaques, polonais, italiens, français et latino-américains. Organisée par la revue Flash Art et le tandem tchéco-italien Helena Kontova et Giancarlo Politi, la biennale présente, entre autres, plus d'une centaine de peintres européens exploitant de nouveaux procédés et nouvelles techniques picturales. On y trouve des artistes renommés (Maurizio Cattelan, Damien Hirst), mais aussi un certain nombre de plasticiens quasi inconnus et débutants.
L'exposition placée sous le patronage de Vaclav Havel entrera bientôt en compétition avec la troisième manifestation de ce genre qui aura lieu au cours de cette saison dans la capitale tchèque. La Biennale internationale d'art contemporain, celle-ci placée sous l'égide du président Vaclav Klaus, s'ouvrira dans la Galerie nationale, au Palais Kinsky et au couvent Saint-Agnès le 14 juin prochain.Les organisateurs, dont le directeur de la Galerie nationale, Milan Knizak, annoncent que leur biennale sera centrée sur "les phénomènes de transition de la culture postmoderne". Leur initiative est cependant mise en cause par les auteurs de "Prague Biennale 2" réunis autour de Giancarlo Politi qui ont déjà déposé une plainte contre la Galerie nationale et Milan Knizak, en les accusant de s'approprier l'idée d'organiser une biennale à Prague. Comme nous l'avons dit, leur exposition est placée sous l'égide de Vaclav Havel tandis que celle de la Galerie nationale sous le patronage de Vaclav Klaus.
Comme l'ancien et l'actuel présidents tchèques étaient considérés comme des rivaux politiques, il est évident que cette confrontation des biennales prend, elle aussi, un aspect politique et se répercute abondamment dans la presse. D'ailleurs, l'art postmoderne, une nébuleuse sans limites, absorbe, telle une éponge, pratiquement toutes les activités humaines, pourquoi n'absorberait-il pas aussi la politique?