Les « trônes délaissés » d’Ivan Pinkava présentés à Strasbourg

'Mouton', photo: Ivan Pinkava / Site officiel du centre de la photographie Stimultania

Jusqu’au 28 juin prochain, le centre de la photographie Stimultania, à Strasbourg, propose une exposition des œuvres du photographe tchèque Ivan Pinkava. Intitulée Trônes délaissés, l’exposition entend présenter au public strasbourgeois l’œuvre singulière de cet artiste, à la démarche plastique propre. Radio Prague s’est entretenue avec Barbara Hyvert, du centre Stimultania. Elle rappelle comment cette exposition a vu le jour.

Le centre de la photographie Stimultania à Strasbourg,  photo: GoogleMaps
« A l’origine, c’est né d’un partenariat qui devait entrer dans le cadre de Plzen 2015, ville européenne de la culture. C’était un partenariat avec le Centre tchèque de Paris. Notre directrice est allée rencontrer son directeur Michael Wellner-Pospíšil. Au travers de catalogues d’expositions, on a découvert cet artiste et on a collaboré avec le Centre tchèque pour monter cette exposition à Strasbourg. »

Précisons à nos auditeurs où se déroule cette exposition. Qu’est-ce que Stimultania ?

« Stimultania est un pôle de photographie qui existe depuis 27 ans et est implanté dans le quartier de la Gare à Strasbourg. Notre rôle c’est de présenter des expositions de photographies à raison de quatre par an. A côté de cela, on est aussi une scène de diffusion de musique actuelle, improvisée, contemporaine. On a aussi un service des publics qui nous permet de développer des actions autour des images qu’on expose, que ce soit en accueillant des scolaires, des groupes, ou en travaillant directement avec les photographes dans le cadre de résidences artistiques ou encore avec des publics dits ‘empêchés’, c’est-à-dire en maison d’arrêt ou retraités. »

L’exposition d’Ivan Pinkava s’appelle Trônes délaissés. Pourriez-vous décrypter ce titre pour nous ?

'Révélation',  photo: Ivan Pinkava / Site officiel du centre de la photographie Stimultania
« Trônes délaissés, ça part d’une idée d’Ivan Pinkava lui-même. Il est à l’origine de ce titre né de ses lectures d’une théorie de l’histoire de l’art médiéval où cette idée de trône abandonné signifiait l’absence de dieu et de référent divin. Il voulait s’intéresser à cela puisqu’il parle beaucoup de mort et de mysticisme dans son travail. Plutôt que de parler d’abandon, il a préféré le mot ‘délaissé’ parce que cela impliquait une idée de réinvestissement, que tout n’était pas perdu et qu’il y avait un nouvel espoir, une nouvelle renaissance possible. Toute l’exposition tourne autour de cet espoir. »

Comment pourrait-on caractériser le travail d’Ivan Pinkava ?

« C’est un photographe qui s’inscrit beaucoup dans la tradition photographique tchèque. Il a un vrai regard porté sur l’histoire de l’art en général, les textes religieux, la Bible, la mythologie et la philosophie. Son travail respire vraiment de toutes ces influences. D’un point de vue thématique, il parle beaucoup de l’Homme, même si ses images présentent beaucoup de natures mortes ou des objets. A chaque fois, ces objets racontent l’empreinte de l’humain. Les natures mortes parlent de renaissance, c’est la vie de l’objet représenté qui est sacralisée. Ensuite, le thème de prédilection d’Ivan Pinkava, c’est la mort. »

'Mouton',  photo: Ivan Pinkava / Site officiel du centre de la photographie Stimultania
Le 18 avril, vous avez organisé une journée de discussion autour de la photographie tchèque. Ivan Pinkava y participait ainsi que d’autres intervenants. Qu’en est-il ressorti ?

« On voulait axer cette journée autour de l’œuvre d’Ivan Pinkava. On aussi invité Michel Métayer, ancien directeur de l’école des Beaux-Arts de Mulhouse, François Saint-Pierre, ancien directeur du Centre photographique de Lectoure qui a eu l’occasion d’exposer Pinkava. Il y avait aussi Jean-Gaspard Páleníček du Centre culture tchèque et aussi le directeur Michael Pospíšil. L’idée était d’interroger la renaissance et la renommée de la photographie tchèque, de voir comment elle était réceptionnée en France et en Europe. On voulait revenir sur l’avant-garde photographique tchèque qui était très importante mais aussi voir ce que la chute du communisme avait changé pour les photographes tchèques. »

www.stimultania.org