Les Vietnamiens de République tchèque en quête de reconnaissance

Photo: Archives de Radio Prague

Les Vietnamiens de République tchèque sont en quête de reconnaissance. Troisième communauté étrangère en République tchèque, ils demandent à obtenir le statut de minorité nationale officielle.

C’est, à côté des Roms, la minorité la plus « visible » en République tchèque : les Vietnamiens font partie de la vie quotidienne des Tchèques, la plupart étant de petits entrepreneurs travaillant le plus souvent dans les petites épiceries de quartier. Troisième communauté étrangère après les Ukrainiens et les Slovaques, les Vietnamiens de République tchèque sont arrivés dans le pays au gré de plusieurs vagues de migration, depuis les années 1960, dans le cadre d’accords entre « pays frères » sous le régime communiste. Dans les années 1950 déjà, de nombreux étudiants viennent faire leurs études en Tchécoslovaquie, suivis d’une vague de jeunes diplômés dans les années 1960 qui viennent se former dans les entreprises locales. Une troisième vague de migration dans les années 1980 a vu affluer des travailleurs, souvent peu qualifiés, comme le rappelle la sociologue Alena Alamgir :

Alena Alamgir
« La grande différence avec les deux premières vagues, c’est que pour ces dernières, il s’agissait d’une requête de l’Etat vietnamien, à laquelle l’Etat tchécoslovaque faisait en sorte de répondre le mieux possible. Tandis que dans les années 1980, ce sont les intérêts de l’Etat tchécoslovaque qui deviennent les plus importants et, plus précisément, ceux des entrepreneurs tchécoslovaques qui semblent avoir une assez grande autonomie. »

Ces Vietnamiens ont évidemment eu des enfants qui ont grandi depuis, et qui, bilingues et souvent brillants à l’école se sont insérés dans le tissu social et économique de leur nouveau pays.

Photo: CTK
C’est un des arguments avancés par la communauté vietnamienne pour justifier leur demande d’obtention du statut de minorité officielle reconnue. L'Union des Vietnamiens de République tchèque et d'autres associations en ont fait la demande officielle. Les ressortissants vietnamiens souhaiteraient également obtenir un représentant au conseil du gouvernement pour les minorités nationales. Parallèlement à cette démarche des représentants de la communauté vietnamienne, la minorité biélorusse a également déposé une demande de reconnaissance similaire ainsi que la possibilité d’obtenir une représentation officielle. Selon la législation tchèque, sont considérées comme minorité nationale les personnes ayant la citoyenneté tchèque, vivant en République tchèque mais se différenciant par leur origine ethnique, leur langue, leur culture et leurs traditions. L’objectif principal de cette demande : faciliter davantage l’intégration des Vietnamiens en République tchèque.

Toutefois, d’après le dernier rapport de séance du Conseil du gouvernement pour les minorités nationales, le ministère de l’Intérieur est réfractaire à leur accorder ce statut officiel. D’après le ministère, Vietnamiens (et Biélorusses) ne rempliraient pas les critères pour l’obtenir ; leur présence en République tchèque est due, selon lui, à des critères économiques et les communautés « ne se sont pas établie de manière historique ». Autre argument avancé : les Vietnamiens seraient repliés sur eux-mêmes et ne chercheraient pas assez à s’intégrer.

Une critique que rejette Tran Viet Hung, ancien président de l’Union des Vietnamiens de République tchèque, qui rappelle que si la première génération a du mal avec la langue tchèque, ce n’est plus le cas de la deuxième jeune génération, intégrée et formée dans le système scolaire tchèque. Une critique d’autant moins justifiée que cette demande de statut officiel à elle seule témoigne de la volonté d’une intégration approfondie.