Les yeux des Tchèques tournés vers la Pologne
Les dirigeants tchèques se disent profondément bouleversés et touchés par la disparition du couple présidentiel polonais, dans un crash d’avion, samedi matin. Le contexte symbolique de cet événement, en raison de la précédente tragédie qui s’était déroulée sur ces mêmes lieux à Katyn en 1940, est également mis en relief.
Le président tchèque Václav Klaus a été l’un des premiers dirigeants européens à exprimer son émotion provoquée par l’événement tragique qui a affecté la Pologne.
Ses relations avec Lech Kaczynski étaient privilégiées sur le plan personnel, mais les deux chefs d’Etat avaient aussi, comme on le sait, beaucoup de points communs dans le domaine politique.
« Le président Kaczynski était une grande personnalité, un grand fils de la nation polonaise, un président hors du commun. En ce qui concerne la République tchèque, c’était un ami unique qui a fait pour le développement des relations tchéco-polonaises plus que personne ».Les deux présidents partageaient notamment un même scepticisme à l’égard de l’Union européenne, étant les derniers à avoir apposé leur signature sur le Traité de Lisbonne. En hommes politiques « conservateurs », ils ont également opposé tous deux leur veto à la loi sur le partenariat enregistré.
C’est à Prague que Lech Kaczynski a effectué sa première visite à l’étranger après son élection en 2005. Le président polonais a séjourné par ailleurs à plusieurs reprises en République tchèque, tout comme son homologue tchèque en Pologne. En janvier dernier, Lech Kaczynski s’est vu octroyer au Château de Prague l’Ordre du Lion blanc, la plus haute distinction d’Etat. Il a déclaré à cette occasion à l’adresse de son homologue tchèque :« Il faut en Europe des hommes d’Etat qui sont à même de dire non, même si les grands de ce monde disent oui ».
Loin de partager la ligne politique du président polonais défunt, l’ex-président tchèque Václav Havel s’est déclaré lui aussi profondément atteint par cet événement tragique, d’autant qu’il est survenu au moment et sur les lieux où les représentants polonais voulaient rendre hommage à plus de 20 000 victimes du massacre, commis à Katyn sous la houlette de Staline. Et de considérer que « cette catastrophe aura un impact sur l’histoire de la Pologne ». Les médias tchèques consacrent à la tragédie du voisin polonais une attention tout à fait particulière. Samedi, la chaîne d’information de la Télévision tchèque a interrompu ses programmes pour improviser pendant toute la journée une émission spéciale. Dans la presse de ce lundi, cet événement doté d’« une terrifiante symbolique », a éclipsé toutes les autres actualités.Le jour des funérailles, dont on ne connaît pas encore la date officielle, la République tchèque proclamera un jour de deuil national.