L'Espagne, avec les attentats qui l'ont frappée il y a quatre jours et les élections législatives remportées, ce dimanche, par le Parti socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, continue de faire la une de la presse tchèque de ce lundi. C'est le quotidien économique Hospodarské noviny qui résume sans doute le mieux la situation en titrant « L'Espagne s'est décidée sous l'effet de la terreur ». Morceaux choisis...
« Les élections espagnoles se sont transformées en un référendum sur le soutien que le gouvernement (de José Maria Aznar) avait jusqu'à présent apporté aux Américains en Irak. L'opposition les a remportées de façon convaincante. » C'est par ce chapeau sous le titre « De plus en plus de traces sur la piste Al-Qaïda » qu'Hospodarské noviny ouvre le dossier espagnol. Comme souvent, parmi tous les quotidiens tchèques, le très sérieux journal se montre le plus juste et le plus complet dans son analyse. A l'image de l'un de ses commentateurs, Martin Novak, pour qui « l'islamophobie n'est pas la solution à la terreur », car, argumente-t-il, « au plus les Européens et les Américains considéreront l'islam et le milliard de musulmans comme un ennemi, au mieux ce sera pour les terroristes de Ben Laden qui n'espèrent qu'une chose : que l'Occident ne fasse plus de différence entre musulmans et terroristes ».
José Maria Aznar, photo: CTK
L'hebdomadaire Respekt a, lui, choisi d'appréhender l'attaque terroriste la plus meurtrière depuis celle perpétrée au-dessus du village écossais de Lockerbie, en 1988, en constatant que ses auteurs n'avaient pas pris pour cible un symbole, comme l'avaient été les tours jumelles à New York, mais avaient choisi de tuer, délibérément, au hasard, dans un train, le plus de monde possible. « Le but de la terreur moderne est simplement la terreur en elle-même », peut-on ainsi lire. Le journal poursuit en affirmant que la lutte contre les terroristes, de quelque bord qu'ils soient, « nécessite autre chose encore que de la solidarité avec les victimes et un important appareil de sécurité sur toute la planète ». Il est par conséquent nécessaire de « définir clairement les valeurs sur lesquelles il ne faut pas céder ». Car si, comme le conclut Respekt, les terroristes et leurs bombes peuvent faire sauter des trains, ils ne peuvent pas anéantir la civilisation.
En attendant, la victoire aux législatives espagnoles du Parti socialiste sur le Parti populaire sanctionne le choix de ce dernier d'avoir privilégié la piste ETA au détriment de celle d'Al-Qaïda dans les attentats de Madrid et l'implication controversée de l'Espagne dans la guerre d'Irak. Du coup, comme le craint le politologue Bohumil Dolezal dans Mlada fronta Dnes, cette victoire, d'une certaine manière, est peut-être celle aussi des terroristes d'Al-Qaïda qui avaient annoncé faire de l'Espagne l'une de leurs prochaines cibles.