L'histoire des élections depuis les débuts de la Tchécoslovaquie

Les élections législatives de juin sont derrière nous. Ces 4èmes législatives libres depuis la chute du communisme en 1989 entreront dans l'histoire du fait que la gauche tchèque en est sortie plus forte que la gauche après les premières élections d'après-guerre, en 1946, les dernières libres pour plus de 40 ans. Comment étaient les élections d'avant et d'après-guerre? L'histoire des élections depuis les débuts de la Tchécoslovaquie vous est proposée dans cette page d'histoire.

Les premières élections législatives dans l'histoire de la Tchécoslovaquie indépendante, créée en 1918, sur les ruines de l'Autriche-Hongrie, ont eu lieu au printemps 1920: Comme le dit l'historien Antonin Klimek, c'était une période marquée par les échos de la guerre et par un climat révolutionnaire. Les élections de 1920 ont été les plus orageuses dans la courte histoire de la Première république. La situation n'a pas été entièrement stabilisée, certaines lois faisaient défaut. Les élections de 1920 ont été sans pareil en Europe du fait qu'un grand nombre de partis politiques inscrits - plus de 16, étaient divisés non pas sur le plan idéologique, mais du point de vue des états: ainsi, le parti de commerçants et d'entrepreneurs a été le 5e dans le pays, devant le parti agraire. Des propriétaires d'immeubles avaient leur parti, des musiciens étaient en train de se constituer parti politique. Après une campagne électorale dure et sans scrupule, contrastant avec l'image d'un comportement noble et élégant qu'on se fait de la Première république de Masaryk, la social-démocratie a gagné les premières élections libres de 1920.

Les élections de 1935 ont été des élections extraordinaires et, pour longtemps, les dernières. Les nuages hitlériens planaient sur l'Europe. Les partis politiques tchèques étaient bien conscients de ce danger. La communauté allemande en Tchécoslovaquie comptait plus de 3 millions de personnes. Le parti sudéto-allemand de Henlein a été le plus fort dans le pays, devant les communistes. Les Sudètes étaient sous le coup d'une campagne massive de Henlein, profitant du fait que les répercussions de la crise économique mondiale étaient tout particulièrement fortes dans des régions limitrophes: la moitié des chômeurs ont été des Allemands. La population souffrait et Henlein en a profité pour accuser les Tchèques de tout le mal. Son slogan électoral a été clair et net: Restons ensemble, restons unis. C'était pour la première, et aussi pour la dernière fois, dans l'histoire des élections tchécoslovaques, que les législatives de 1935 ont été gagnées par le parti d'une minorité nationale.

Après la Seconde Guerre mondiale, les premières élections à l'Assemblée nationale provisoire ont eu lieu, déjà, en octobre 1945. L'objectif de cette Assemblée provisoire était d'approuver les décrets du président Benes et de préparer les élections régulières. A l'opposé des élections de 1935, on n'a pas renouvelé la chambre haute du parlement - le Sénat, et on a abaissé la limite d'âge du droit de vote, de 21 à 18 ans. A l'opposé des élections précédentes, le nombre de partis inscrits a baissé de moitié: 8 partis ont demandé la faveur des électeurs, dont 4 se présentaient en Bohême et en Moravie, et 4 en Slovaquie.

Le plus ancien, du point de vue de sa fondation, a été la social-démocratie tchécoslovaque, constituée en 1878. Le deuxième parti, dans l'ordre chronologique, inscrit aux élections de 1946, a été le parti national socialiste tchécoslovaque fondé en 1897, d'abord en tant que parti ouvrier, mais en opposition contre l'internationalisme de la social-démocratie, et transformé en parti des couches moyennes. La droite dans les pays tchèques était représentée par le parti populaire tchécoslovaque, constitué en 1918 à partir de courants chrétiens-sociaux, ayant sa plus importante base à la campagne, surtout morave. Le plus jeune a été le parti communiste de Tchécoslovaquie, fondé en 1921.

Et le résultat des élections qui ont eu lieu le 26 mai 1946? En Bohême, c'est le parti communiste qui a gagné avec 40% de voix, devant le parti national socialiste, 23%, le parti populaire, 20% et la social-démocratie, 15%. En Slovaquie, le parti démocrate a marqué une victoire nette, devant les communistes. Il n'empêche que le parti communiste a été le plus fort à l'Assemblée nationale, avec 114 mandats, devant les socialistes nationaux 55, et le parti populaire 46. Le poste de premier ministre a incombé à Klement Gottwald: neuf ministres de son cabinet étaient des communistes, deux seulement sans-parti: Jan Masaryk, ministre des Affaires étrangères, et Ludvik Svoboda, ministre de la Défense.

Le résultat des élections a choqué les partis démocratiques. Ils ne croyaient point dans la victoire des communistes. Cependant, le climat d'après-guerre jouait en leur faveur. En plus, pas tous les électeurs nourrissaient des sympathies pour la république d'avant Munich. Et les communistes ont su en profiter: dans leur programme électoral, pas un mot sur le communisme, mais des mots d'assurance qu'il n'y aura pas chez nous de coopératives agricoles collectives à l'instar de l'URSS, que la petite et moyenne entreprise sera maintenue. Un an et demi plus tard, il s'est avéré que ce programme n'était que le prélude d'un putsch communiste.