L'année 2006 est une Année de la culture juive en République tchèque. A l'occasion du centenaire de la fondation du Musée juif de Prague, anniversaire qui est à l'origine de la manifestation, une série d'événements culturels se déroulent déjà ou se dérouleront tout au long de l'année, un peu partout dans le pays. Y compris dans les communes qui ne viennent pas automatiquement à l'esprit, lorsque l'histoire des Juifs dans les pays tchèques est évoquée. Par exemple, dans la ville industrielle de Most, au nord-ouest de la République tchèque.
Most
Most, ville de 70 000 habitants, entourée de mines de charbon et de centrales thermiques, a une histoire assez particulière. Tout d'abord, ce n'est plus cette ville royale, belle et riche de jadis, celle qui attirait, dès la fin du XIVe siècle, des commerçants juifs. Aujourd'hui, il ne reste que des vestiges de cette ville historique, démolie dans les années 1960-70, à cause de l'exploitation minière. Une nouvelle Most, moderne, une fierté de l'ancienne régime, fut alors édifiée à proximité des vastes gisements du charbon. Plutôt qu'avec les Juifs, Most et toute la Bohême du Nord sont, dans l'esprit des gens, liées à une autre communauté, celle des Allemands des Sudètes. L'Année de la culture juive représente donc une bonne occasion pour le Musée et les Archives régionales de Most de « dépoussiérer » le chapitre juif de l'histoire de la ville, tombé, au fil du temps, dans l'oubli. Jana Sykorova est auteur de l'exposition de photographies, de documents et d'objets d'époque, ouverte récemment au Musée de Most :
La synagogue de Most, photo: Archives de la ville de Most
« Un des moments-clé de l'histoire des Juifs à Most fut le Moyen-Age : vers la moitié du XVe siècle, ils ont été expulsés non seulement de Most, mais de toutes les villes royales du pays, à quelques exceptions près. Après 400 ans d'absence, ils ont commencé à revenir à Most : les archives parlent du premier habitant juif de la ville, un certain Mendel, qui vendait, sur la place centrale, de l'eau-de-vie. Avec le développement industriel de la région, la population juive est devenue de plus en plus importante : de nombreux avocats, médecins et entrepreneurs de Most étaient juifs et proches de la culture allemande. Dans les années 1870 a été fondée la communauté juive locale, présidée pendant de longues années par l'avocat Josef Spitz. D'ailleurs, il est mort en 1914 et il s'est laissé incinérer, ce qui n'est vraiment pas typique pour la religion juive. »
En 1921, l'année du premier recensement du peuple en Tchécoslovaquie indépendante, plus de 700 des 27 000 habitants de Most étaient de religion juive. La ville avait, depuis la fin du XIXe siècle, sa synagogue - elle a brûlé lors de la Nuit de cristal, début novembre 1938. En partie anéantie par la Shoah mais renouvelée après la guerre, la communauté juive de Most s'est vue transformer, sous le régime communiste, en un Corps de synagogue. Quelle est la suite de l'histoire, après la Révolution de velours ? Les représentants de la Communauté juive de Teplice, une autre ville de Bohême du Nord, vous le diront très bientôt, dans la suite de ce reportage. Nous irons, avec eux, à la recherche des anciens cimetières juifs de la région.