L'hiver d'un sans-abri pragois
Ces derniers jours, la neige et la chute des températures ont fait bien plaisir aux amateurs des sports d'hiver. Par contre, pour les sans-abri, l'hiver rigoureux est la période la plus difficile, la plus désagréable de l'année. A Prague, comment s'occupe-t-on des SDF? Question pour Magdalena Segertova.
Jusqu'à la semaine dernière, l'hiver 2001, avec ses températures presque printannières, a été particulièrement favorable aux sans-abri. Mais à la fin de la semaine, lorsque les thermomètres ont marqué jusqu'à -15 la nuit et autour de -10 dans la journée, les centres pragois d'assistance pour les SDF ont commencé à se remplir. "Samedi soir, nous étions obligés d'ouvrir provisoirement les locaux, rue Bolzanova, qui, normalement, ne sont disponibles aux SDF que dans la journée. Malheureusement, on n'a pas assez de lits, ils doivent donc passer la nuit assis sur une chaise", affirme la directrice du centre pragois Espoir, Petra Lakatosova. Dans les autres maisons d'asile de la capitale, la situation est semblable : elles sont bondées, les gens dorment par terre, sur des matelas et sur des chaises, autour d'une table... "Chaque jour, nous devons refuser des dizaines de personnes. Parmi ceux qui frappent à nos portes, ce sont les malades et les plus âgés qui ont la priorité", a dit Mike Stannett, directeur de l'Armée du Salut.
Prague aurait besoin d'environ 300 places de plus, dans les centres pour les gens en marge de la société. Malgré les efforts des organisations caritatives, plusieurs personnes meurent chaque année dans les rues de la capitale tchèque. Il y a quelques jours, la première victime pragoise de cet hiver a été trouvée par des passants sur le trottoir... Comment survivent les SDF, pour qui il n'y a plus de place dans un centre d'assistance ? Comme partout en Europe, dans des gares, dans des caves, dans des maisons vides. Partout, ils sont en danger : quand ils font un feu quelque part, cela se termine souvent par un incendie, quand ils se réchauffent avec l'alcool, ils sentent moins le froid et risquent de se geler. Heureusement, des dizaines de sans-abri pragois ont de fortes chances de s'en sortir, de trouver l'issue de leur situation difficile, de gagner un peu d'argent. Comment ? Depuis plusieurs mois, ils ont l'occasion de vendre, dans la rue, un hebdomadaire tout à fait sympathique, consacré à la vie de la société tchèque. Le magazine coûte 20 couronnes et le vendeur gagne la moitié de cette somme symbolique. Beaucoup de Tchèques ont très vite appris à l'acheter régulièrement, à le lire et à aider, de cette façon agréable, ceux qui en ont vraiment besoin.