« L'Homme en détresse » au coeur de la communauté rom
Six jeunes musiciens de Nantes étaient présents, la semaine dernière, à Usti nad Labem, pour animer les activités du centre de vacances de la communauté rom de la rue Maticni, un quartier « difficile » de la cité de Bohême du nord. Ce séjour a été organisé en collaboration avec « L'Homme en détresse », une organisation non-gouvernementale tchèque très active en matière d'aide à la communauté rom du pays. Stepan Moravec est l'un de ses responsables.
La rue Maticni à Usti nad Labem a été rendue tristement célèbre il y a de cela quelques années avec l'érection d'un mur pour séparer les immeubles occupés par des familles rom de ceux des « Tchèques blancs ». A l'époque, l'affaire avait fait scandale un peu partout en Europe. Où en est aujourd'hui la situation à Usti nad Labem ?
« Le mur n'est plus là. Il a été démonté pour être vendu au zoo de la ville. Mais sinon, le mur n'était que la partie émergente de l'iceberg. La situation d'exclusion sociale et de pauvreté des populations rom en République tchèque se poursuit. En fait, c'est un problème extrêmement complexe qui dure. »
En dehors de cette rue Maticni, quelles sont les autres actions menées par votre organisation « L'Homme en détresse » en faveur de la communauté rom en République tchèque ?« Comme vous l'avez dit, le nom de notre organisation en tchèque est « Clovek v tisni », ce qui veut effectivement à peu près dire « L'Homme en détresse ». Il y a de cela cinq ans, nous avons mis en place une équipe de travailleurs sociaux, d'éducateurs, qui assistent les personnes qui vivent dans cette situation d'exclusion sociale. Ils les assistent directement à leur domicile. Il s'agit donc d'un travail social de terrain. Nous avons également une équipe de vingt-cinq éducateurs qui travaillent dans seize quartiers du type de la rue Maticni à Prague et dans le nord de la République tchèque. Nous développons ce type de services sociaux, de pilotage on peut dire, car c'est vraiment un nouveau modèle de travail social pour ce groupe de personnes. En même temps, nous ramassons toutes sortes d'informations sur ces quartiers-là, leur fonctionnement, quelle est la situation des personnes dont on s'occupe, quels sont leurs besoins, etc., mais aussi quel est le fonctionnement de l'administration publique vis à vis de leur situation. Nous essayons donc aussi de faire du lobbying auprès des municipalités et du gouvernement pour qu'existe un modèle d'intégration de ces populations rom qui marcherait. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. »
Et quel accueil rencontrez-vous auprès des autorités ?« En ce qui concerne le gouvernement, nous sommes partenaires, et je pense qu'il est vraiment à l'écoute des principales organisations non-gouvernementales qui travaillent sur le sujet. Mais il faut préciser que les décisions-clés en ce qui concerne la situation des populations rom sont prises par les autorités locales, donc les municipalités, et là, ça varie. Ca dépend de l'endroit, de la situation locale. Il y a donc des municipalités qui veulent coopérer avec nous, et avec lesquelles cette collaboration se passe très bien. En revanche, il y en a d'autres avec lesquelles nous menons une petite « guerre ». »