Il y a 25 ans, un mur construit rue Matiční à Ústí nad Labem divisait la société tchèque
En 1999, la construction d’un mur dans une rue d’Ústí nad Labem faisait parler d’elle dans les médias du monde entier. Visant à séparer des maisons d’habitation de trois immeubles accueillant des familles rom défavorisées, ce mur de séparation a été vu comme un symbole de ségrégation et de racisme à l’égard des Roms.
Dans les années 1990, à Ústí nad Labem, le nom « Matiční ulice » devient synonyme de « rue à problèmes ». En effet, la ville fait progressivement emménager – dans trois immeubles de cette courte rue non loin de la rivière Labe – les mauvais payeurs des autres quartiers, tant et si bien que s’y forme une communauté de personnes marginales, largement consommatrices d’alcool et de drogues, dont le quotidien est fait de tapage, de désœuvrement et de criminalité. Face aux protestations des familles habitant dans les maisons de l’autre côté de la rue, le conseil municipal décide de monter un mur de 1,8 m de haut afin de cloisonner ces deux mondes. La construction commence le 5 octobre 1999, et suscite un véritable tollé dans le monde entier : critiquée aussi bien par le président tchèque de l’époque, Václav Havel, que par le commissaire européen Günter Verheugen, elle ne laisse pas indifférent non plus le président américain Bill Clinton. Une délégation de personnalités politiques tchèques et européennes se rend alors à Ústí nad Labem, et le problème de la rue Matiční pourrait presque compromettre l’entrée de la République tchèque dans l’Union européenne… Six semaines après avoir été élevé, le mur est donc abattu. Il reste toutefois un symbole de la difficile cohabitation entre la minorité rom et le reste de la population en Tchéquie.
A quoi ressemble la rue Matiční d’Ústí nad Labem aujourd’hui ?
On ne peut pas dire qu’elle soit devenu un lieu sûr. A plusieurs reprises, les élus d’Ústí nad Labem ont essayé de faire décider de la démolition des immeubles d’habitation problématiques, mais aujourd’hui encore, les bâtiments dévastés aux toits effondrés sont toujours là, les appartements à moitié incendiés servant de lieu de rencontre aux sans-abris et aux toxicomanes.