L’impact de la crise sur la République tchèque
Instabilité des marchés financiers, resserrement des conditions de crédit, euro fort et augmentation généralisée des prix de l’énergie et des produits alimentaires... L’actualité économique mondiale a un parfum de crise. Peut-on déjà en cerner l’impact possible sur la République tchèque ? Tentons d’esquisser d’une réponse.
Qu’en est-il de la République tchèque ? D’après les prévisions de l’OCDE, «une pointe d’inflation en 2008 devrait écorner une situation économique par ailleurs prospère. La croissance du PIB réel tombera en-dessous du potentiel du fait que l’alourdissement de la fiscalité indirecte et la hausse des prix réglementés brideront la consommation.»
Rien d’alarmant donc, surtout par rapport aux prévisions pour le reste de l’Europe. A priori c’est d’ailleurs moins la crise financière aux Etats-Unis que les réformes gouvernementales qui, à court terme, freineront la croissance dans le pays. Dans un rapport émis en 2007, l’OCDE recommandait à la République tchèque de réduire le coin fiscal. En effet, les récentes réformes fiscales ont instauré un impôt uniforme sur les personnes physiques, qui avantage surtout les hauts salaires. De même, aucune réforme n’est en vue pour le système des retraites alors qu’au train actuel, un futur relèvement des cotisations est à craindre.
La situation tchèque n’a cependant rien à voir avec l’Irlande ou la Grande-Bretagne, beaucoup plus dépendantes de l’économie américaine et, à ce titre, particulièrement touchées par la crise du crédit immobilier. L’Irlande verra sa croissance divisée par deux cette année.
Rappelons, pour mémoire, que lors de la crise américaine 1929, le célèbre Krach de Wall Street, les effets avaient mis quatre ans à atteindre la Tchécoslovaquie. Mais la comparaison reste difficile car la crise actuelle n’a rien à voir avec celle de 1929, tant en ampleur qu’en nature. Attention, on ne parle pas aujourd’hui de récession, c’est-à-dire de chiffres négatifs de croissance, mais de croissance ralentie. Ce n’est donc pas une crise identique. Plus proche de nous, le ralentissement économique consécutif au 11 septembre 2001, avait eu en revanche des conséquences immédiates, freinant le marché de l’emploi pendant l’année 2002.
L’OCDE définit trois points et autant d’enjeux majeurs : l’éducation, l’innovation et la migration.
Innovation et migration présentent un tableau assez satisfaisant en République tchèque. Mais des réformes restent à prendre concernant l’éducation. Certes, les investissements publics ont augmenté de 45 % entre 1995 et 2004 mais le taux de chômage des jeunes sans diplômes est l’un des plus élevés en Europe. Un accès plus facile aux études est nécessaire.
Là encore, pas de sonnette d’alarme à tirer. Les chiffres du chômage, surtout à Prague, restent assez bas et la situation ne devrait pas changer tout de suite. D’ailleurs, dans l’UE en général, le taux de chômage reste stable malgré la crise, ayant atteint, en mars dernier, son plus bas niveau historique, soit 7,1%.
Si risque de chômage il y a en République tchèque, c’est surtout à cause du manque de main-d’œuvre. C’est pourquoi l’éducation, ici comme ailleurs, est, à long terme, un élément primordial de la croissance. A travers quelques projets innovants, des entreprises tchèques ont décidé de pallier elles-mêmes au manque de formation de leurs employés. Fondée en 2000, la Skoda Auto Vysoka Skola est la première école supérieure créée par une entreprise. Elle propose notamment un cursus de formation à l’économie d’entreprise, en alternance ou en formation continu.
Deuxième exemple avec Linet, leader européen dans la production de matériel hospitalier. En 2005, elle a ouvert une Académie de Productivité et d’Innovation, qui donne droit à un diplôme accrédité de type Master. Certains établissements publics s’y également sont mis, comme l’Université de Liberec, qui effectue de la recherche industrielle en partenariat avec une entreprise privée.
Concernant enfin les crédits, suite à la crise des subprimes, ces hypothèques à risque, on a annoncé des conditions de crédit de plus en plus difficiles pour les emprunts liés au logement. Certaines banques tchèques restent pourtant optimistes quant à l’impact de la crise financière américaine sur la République tchèque. Pour eux, le secteur bancaire est stable et solide et la croissance économique, même si elle devrait se ralentir un peu, restera à un bon niveau. La question à long terme passe plus, selon eux, par l’impact sur l’économie de l’UE. Pas de conséquences majeures d’après le secteur bancaire donc.
A partir de janvier 2009, la présidence de l’UE incombera à la République tchèque. Espérons qu’elle n’héritera pas d’un héritage trop défavorable.