L'indomptable Tatjana Medvecka, meilleure actrice tchèque de l'an 2000
Certains d'entre vous se souviennent peut-être d'avoir entendu parler, sur les ondes de Radio Prague, de la remise des Prix Thalie. Ils sont décernés, chaque année, aux meilleurs acteurs de théâtre, chanteurs d'opéra et d'opérette et danseurs de ballet. En février, les candidats aux Prix Thalie 2000 se sont présentés aux journalistes à une conférence de presse. Sans savoir que c'est elle qui va recevoir le prix, j'ai invité au micro l'actrice du Théâtre National, Tatjana Medvecka. Parce que je l'aime comme actrice, parce qu'elle est sympathique, ouverte et spontanée, mais surtout, parce qu'elle connaît le français. De quoi nous avons parlé ? Évidemment, du rôle qui lui a valu la nomination aux Prix Thalie : celui de la reine Élisabeth Ire, dans le drame de Friedrich Schiller, Marie Stuart. « J'ai essayé de présenter Élisabeth comme un personnage au caractère très varié : comme une coquette, comme une femme heureuse et malheureuse, gentille et furieuse... », voilà ce que la future meilleure actrice tchèque de l'an 2000 m'a dit à propos de son héroïne. Notre conversation fut assez courte. J'ai pensé, tout de suite, que c'était un peu dommage, car avec une dame qui est la vedette de la première scène tchèque, qui est francophile et, en plus, si chaleureuse, on pourrait discuter bien plus longtemps. Et pas uniquement du théâtre. Finalement, mon petit rêve s'est réalisé. Tatjana Medvecka a reçu le prix, ce qui était une bonne occasion de l'appeler et de se donner un deuxième rendez-vous. Cette fois-ci, nous nous sommes rencontrées le soir, après le spectacle, au bar du théâtre. L'actrice y est arrivée avec des bouquets de fleurs dans les bras et un grand sourire aux lèvres. Comme je la connaissais déjà un tout petit peu, je savais qu'elle allait rigoler même devant le micro. Et je ne me suis pas trompée !
Tout d'abord, Tatjana Medvecka m'a parlé de ses années scolaires, de l'époque, où elle avait appris les premiers mots en français... Tatjana Medvecka aime les défis. Rien d'étonnant alors, elle a essayé une fois de jouer en anglais... Comme je vous l'ai déjà dit, j'ai rencontré la comédienne un soir, après le spectacle. Qu'est-ce qu'elle avait joué, ce jour-là ? Un drame, inspiré du célèbre roman de Dostoïevski, Crime et Châtiment. La pièce raconte le destin tragique d'une femme pauvre, dont le mari vient de mourir, et de ses enfants... Il s'agit d'un spectacle solo. Et encore une curiosité : il est joué sur la plus petite des scènes du Théâtre National, au théâtre Kolowrat, qui est en fait le grenier d'une belle maison ancienne. Mais Tatjana Medvecka est habituée à la scène majestueuse et imposante du Théâtre National... Comment se sent-elle quand le public est à la portée de la main ? La comédienne Tatjana Medvecka apparaît aussi sur l'écran, on peut l'entendre à la radio, elle double souvent les films étrangers : elle a prêté sa voix, entre autres, à Marie Pervenche, héroïne de la série française du même nom. Il y a quelques années, elle a reçu un prix pour un excellent doublage des films étrangers. J'ai voulu savoir, où elle se sent le mieux : sur scène, devant le micro au studio, ou devant la caméra ? Finalement, Tatjana Medvecka m'a raconté ses souvenirs et ses impressions de la remise solennelle des Prix Thalie. Émotive qu'elle est, elle n'a pas pu, vous le comprenez bien, garder le sang froid... Quand nous avons quitté le bar, il était déjà un peu tard. Moi, j'ai commencé à sentir la fatigue. Tatjana Medvecka, la quarantaine passée, non. Débordant d'énergie, elle m'a encore parlé de sa fille aînée qui veut faire des études de français, et de sa fille cadette, rêvant de devenir actrice, ce qui inquiète sérieusement sa maman. J'espère que j'aurai encore l'occasion de rencontrer cette femme charmante, pleine d'humour et d'optimisme, femme qui est une très bonne actrice et, en plus, un être qui sait vous transmettre sa joie de vivre...