« Lise qui le peut » : ouverture de la semaine culturelle tchèque à Nancy

La Semaine des cultures d’Europe centrale

Ce lundi s’ouvre à l’Université de Lorraine-Nancy la Semaine des cultures d’Europe centrale, avec cette année un focus sur la Pologne et la République tchèque. Expositions, projections de films, conférences et autre événements encore sont au programme de cette manifestation préparée chaque année, depuis 2001, par les enseignants et les étudiants de langue, de littérature et de civilisation tchèques. Ancienne professeure de tchèque à Nancy et chercheuse indépendante en relation avec le groupe de recherche CERCLE, Lenka Froulíková nous en dit plus sur ce mini-festival, ainsi que de ses autres activités entre la République tchèque et la France.

« Du côté tchèque, deux événements sont particulièrement intéressants. Il s’agit tout d’abord de l’exposition de la peintre Táňa Svatošová. Elle travaille beaucoup sur les écritures, sur la calligraphie. Pour certains tableaux, elle s’est inspirée de l’œuvre des poètes tchèques Bohuslav Reynek et Jan Skácel. Des extraits de leurs poèmes, en tchèque et en français, font partie intégrante de ses peintures qui sont au cœur de cette exposition intitulée ‘Lise qui le peut...’ Elle se tient jusqu’au 27 mars prochain à la Bibliothèque universitaire Lettres, Sciences humaines et sociales. »

« Au programme de la Semaine des Cultures d’Europe centrale figure également une conférence intitulée ‘Milan Kundera, Václav Havel et le destin tchèque’. Elle sera donnée ce jeudi par l’ancien ambassadeur de République tchèque en France, Petr Drulák. Politologue et chercheur à l’Institut des relations internationales de Prague, Petr Drulák connaît personnellement Milan Kundera : il a eu l’honneur de lui attribuer, à la fin de 2019, le certificat de nationalité tchèque, dont l’écrivain avait été déchu par les autorités communistes. Petr Drulák devrait évoquer des aspects moins connus du parcours de Milan Kundera et replacer son œuvre dans le contexte politique et littéraire de l’avant et de l’après-1989. »

En tant que chercheuse, vous avez d’autres projets encore. Vous allez par exemple participer à un colloque international organisé les 1er et 2 avril à l’Université de Lorraine-Nancy autour du phénomène de l’underground. Que peut-on dire encore de nouveau à propos de l’underground tchèque ?

Lenka Froulíková,  photo: Magdalena Hrozínková
« Ce colloque international a pour sujet ‘Avatars de l’objet culturel underground’. L’objectif sera de préciser ce que l’on comprend, sous l’étiquette de l’underground, dans différents pays européens. Personnellement, j’évoquerai lors de ce colloque la culture théâtrale tchèque des années 1970-1980, plus précisément les productions théâtrales indépendantes, clandestines, présentées en appartement. Je m’intéresse notamment aux représentations non officielles organisées de cette manière par la comédienne Vlasta Chramostová à destination du petit milieu de la dissidence. Par ailleurs, ces représentations théâtrales en appartement existent toujours à Prague. Elles se déroulent évidemment dans un contexte absolument différent. Il est intéressant de comparer les spectacles non officiels de l’époque communiste avec ceux d’aujourd’hui, de se demander quels sont les motivations pour les créateurs aujourd’hui. Veulent-ils faire revivre un phénomène historique ou ont-ils un autre objectif, spécifique à notre époque ?

Vous préparez actuellement une exposition qui sera présentée prochainement au Centre tchèque de Paris. Elle sera consacrée à l’amitié entre le peintre morave Joža Uprka et le sculpteur français Auguste Rodin. Pourriez-vous en dire plus ?

Photo: Galerie Joža Uprka
« Leur amitié remonte à 1902, l’année où Prague a accueilli une rétrospective d’Auguste Rodin. L’artiste est venu à cette occasion à Prague et il a visité aussi la Moravie, en compagnie de la peintre tchèque Zdenka Braunerová. Suite à cette visite du sculpteur français dans la région de Slovaquie morave, où il fut accueilli très chaleureusement par Joža Uprka, qui était alors au sommet de sa carrière artistique, les deux artistes ont entretenu une amitié épistolaire, dont on trouve des traces au Musée Rodin à Paris. »

« L’exposition qui aura lieu au Centre tchèque de Paris en mai 2021 présentera l’essentiel de l’œuvre de Joža Uprka, appelé souvent ‘l’Européen de la campagne morave’. Il a fait ses études à l’étranger, il a eu, dans sa création, une période impressionniste, il suivait de près les courants artistiques européens. Evidemment, ses liens avec Auguste Rodin y seront évoqués, à travers des lettres et des photographies. Je me réjouis beaucoup à l’idée de présenter au public français ce peintre qui a su tellement bien saisir la beauté de la campagne morave et des costumes traditionnels, ainsi que la vie des gens en Moravie. »

Toile de Joža Uprka,  photo: public domain