L’observateur tchèque de l’OSCE est de retour à Prague

Martin Stropnický (à gauche) et Josef Přerovský (au milieu), photo: ČTK

Détenu depuis huit jours par des séparatistes prorusses à Sloviansk/Slaviansk, à l’est de l’Ukraine, le lieutenant-colonel tchèque Josef Přerovský est rentré à Prague ce samedi dans la nuit. Il a été relâché en même temps que les six autres membres de la mission d’observation de l’Organisation pour la Sécurité et la coopération en Europe (OSCE), ainsi qu’avec les cinq Ukrainiens qui accompagnaient l’équipe.

Martin Stropnický  (à gauche) et Josef Přerovský  (au milieu),  photo: ČTK
Les douze observateurs ont été capturés le 24 avril dernier sur un parking près de Sloviansk. Leur libération, annoncée par l'émissaire russe Vladimir Loukine, a été rendue possible suite à d’intenses manœuvres diplomatiques, notamment du côté allemand. Le ministre des Affaires étrangères tchèques, le social-démocrate Lubomír Zaorálek, a ouvertement apprécié l’effort que l’Allemagne a déployé pour la libération des observateurs. Il a également précisé quelles autres considérations ont pu peser en faveur de leur libération :

« Les séparatistes ont dû se rendre compte de la gravité de la situation car détenir des observateurs internationaux est un acte de banditisme. Si quelque chose leur était arrivé, il aurait été question d’une action criminelle. Ils auraient eu par la suite beaucoup plus de mal à expliquer leurs revendications. »

Le ministre de la Défense Martin Stropnický (ANO) s’est déplacé à Berlin, samedi, pour accueillir Josef Přerovský et le raccompagner à Prague. Il a admis que l’issue de la captivité des inspecteurs d’OSCE avait été incertaine jusqu’au dernier moment :

« Parfois, nous n’avions aucune information durant des heures entières et tous les scénarios étaient possibles, y compris les plus sombres. Vladimir Poutine bluffe constamment afin de se mettre en bonne situation pour créer une sorte de fédération. »

Le lieutenant-colonel Josef Přerovský confirme que le retour des observateurs a été difficile :

Josef Přerovský,  photo: ČTK
« Nous avons traversé en voiture la première ligne de l’armée ukrainienne qui se composait de plusieurs véhicules blindés. Quelques kilomètres plus tard, la seconde ligne de l’armée ukrainienne ne nous a pas laissé passer et les soldats nous ont même tirés dessus. Nous nous sommes retrouvés dans un no man’s land sans possibilité d’avancer. Les coups de téléphone tout comme les essais répétés de passer à travers cette ligne militarisée échouaient tour à tour. Nous avons fini par prendre un chemin à travers les champs. Nous nous sommes retrouvés dans une situation de danger et cela paradoxalement à cause de l’armée ukrainienne dont nous attendions pourtant l’aide. »

Le témoignage du lieutenant-colonel tchèque confirme que la confusion règne toujours dans l’est de l’Ukraine. Hynek Kmoníček, directeur du département présidentiel chargé des affaires étrangères, estime que tous les acteurs du conflit ne font que réagir et subissent les événements:

« Nous continuons à être les victimes des événements qui se produisent sans que nous puissions les modeler ou les influencer. Après toutes les manœuvres diplomatiques à Moscou, à Genève ou à Washington, nous sommes toujours dans la même situation qu’il y a un mois et demi. Au lieu d’avoir une influence sur cette histoire, c’est elle qui en a une sur nous. »

Même si cette grille de lecture est loin de faire l’unanimité parmi les analystes tchèques de la politique internationale, ils s’accordent néanmoins sur le caractère incomplet et biaisé des informations qui parviennent en Europe.