La Tchéquie, 23e État à signer un accord bilatéral de sécurité avec l’Ukraine
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre tchèque Petr Fiala ont signé, jeudi, à Woodstock au Royaume-Uni, un accord de sécurité entre leurs deux pays en marge du quatrième sommet de la Communauté politique européenne.
L’Ukraine peut compter sur le soutien à long terme de la Tchéquie. C’est le message envoyé par Prague à Kyiv, jeudi, depuis le palais de Blenheim, où se tenait le quatrième sommet de la Communauté politique européenne (CPE).
Le 12 juillet 2023, au sommet de l’OTAN à Vilnius, la Tchéquie souscrivait à la déclaration commune de soutien à l’Ukraine, initiée par le G7, qui ouvrait la voie à la signature d’accords bilatéraux de sécurité avec Kyiv. Un an plus tard, Prague joint le geste à la parole. Jeudi, Petr Fiala et Volodymyr Zelensky ont profité d’un déplacement commun à l’occasion du sommet de la CPE [ndlr : une instance informelle réunissant une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement et dont la première rencontre a eu lieu à Prague en octobre 2022] pour sceller l’accord de sécurité liant les deux États pour les dix prochaines années.
« La preuve de notre soutien à long terme »
Avant de prendre l’avion pour le Royaume-Uni, le Premier ministre tchèque avait présenté l’accord comme « la preuve de notre soutien à long terme ». Le chef du gouvernement avait ensuite dressé les contours du document, finalisé quelques jours plus tôt :
« L’accord comporte plusieurs parties, dont l’une consacrée à la sécurité et à la défense, où il n’est pas seulement question des livraisons de matériel militaire, mais aussi de la formation du personnel. Suit une section sur la coopération économique, très importante pour nous, car nos entreprises ont la possibilité de s’impliquer dans la reconstruction de l’Ukraine après la guerre. La poursuite de l’aide humanitaire est, à cet égard, fondamentale. Vient ensuite une partie axée sur le développement de la coopération technique et financière. Elle contient notamment l’engagement de l’Ukraine à poursuivre le processus de réforme en vue de sa possible adhésion à l’Union européenne. »
« Ce n’est pas un traité international juridiquement contraignant, mais un accord important, d’un point de vue symbolique, car il ancre notre coopération actuelle et crée un espace de coopération pour l’avenir. »
Dans les détails, Prague se donne pour objectif de former 4 000 soldats ukrainiens par an et de poursuivre son initiative d’achat commun d’obus d’artillerie de 155 et 122 mm. La Tchéquie entend également renforcer, en collaboration avec l’Ukraine, sa production « de munitions de petit et gros calibre, d’armes légères, de drones, d’équipements de guerre électronique et d’engins de génie civil », à travers notamment la création d’entreprises communes.
Ce dernier point s’inscrit dans le prolongement des accords signés plus tôt cette semaine à Prague entre les deux pays. Mardi, en effet, à l’issue d’un conseil conjoint de leurs gouvernements, Petr Fiala et son homologue ukrainien, Denys Chmyhal, avaient annoncé que de nouvelles usines de production de munitions et de fusils d’assaut verraient prochainement le jour sur le sol ukrainien, en collaboration avec les entreprises tchèques Sellier & Bellot et Colt Cz Group.
Une coopération très large et mutuellement bénéfique
Selon la présidence ukrainienne, depuis le début de la guerre, la Tchéquie aurait fourni à l’Ukraine une assistance militaire évaluée à 400 millions d’euros. Avec ce nouvel accord bilatéral de sécurité, Prague s’engage à maintenir ce soutien pour les dix prochaines années. Pour le Premier ministre tchèque, cette nouvelle donne ouvre d’autres perspectives de coopération, et pas seulement d’ordre militaire :
« La coopération entre nos deux pays est très large et ne se limite pas à quelques domaines. Elle touche pratiquement toutes les sphères de la société. Il ne s’agit pas d’une coopération à sens unique, qui consisterait seulement en l’assistance de la Tchéquie à l’Ukraine, au contraire, il s’agit d’une coopération axée sur l’avenir, qui propose un certain nombre de projets concrets et qui est bénéfique pour les deux parties. Un chiffre le prouve : nos exportations ont augmenté d’un quart par rapport aux années d’avant-guerre, et ce, même sans inclure les biens liés à l’industrie de la défense. »
Après la Tchéquie, la Slovénie
Jeudi, la Tchéquie n’a pas été le seul pays à signer un accord de ce type avec l’Ukraine. Après son entrevue avec Petr Fiala, le président ukrainien a rejoint le chef du gouvernement slovène, Robert Golob, pour procéder aux mêmes formalités et porter ainsi à vingt-quatre (plus l’Union européenne) le nombre d’États ayant conclu un accord en matière de sécurité avec Kyiv. À défaut d’une intégration à l’OTAN à court terme, ces accords offrent des garanties de sécurité supplémentaires à l’Ukraine, dont la voie vers l’adhésion à l’OTAN a été qualifiée « d’irréversible » lors du sommet qui s’est tenu à Washington en juillet, sans préciser néanmoins un quelconque calendrier.