L’opéra baroque au cœur de la 4e édition de l’Académie Versailles à Prague

L’Académie Versailles

Jusqu’au dimanche 23 février, des musiciens et chanteurs originaires du monde entier suivent une semaine de cours intensifs au Conservatoire de Prague dans le cadre de l’Académie Versailles, dédiée cette année à l’opéra baroque français.

Photo: Petra Hajská / Académie Versailles

L’Académie Versailles
Fruit d’un partenariat franco-tchèque initié en 2016 entre l’ensemble tchèque Collegium Marianum et le Centre de musique baroque de Versailles, en collaboration avec l’Institut français de Prague, cette académie internationale a pour but de promouvoir la musique baroque française.

Chaque année, cette série de master-class est consacrée à une approche particulière de la musique, comme nous l’explique le violoniste, altiste et chanteur tchèque Vojtěch Semerád, membre du Collegium Marianum et élève de cette quatrième édition :

« Chaque année, depuis ses débuts, l’académie a pris une autre forme. Cela a commencé avec une académie de l’orchestre des Vingt-quatre violons du Roi, donc purement orchestrale, sur les instruments de la musique française. La deuxième édition était orientée vers le chant et le clavecin, donc plutôt des cours de perfectionnement. En 2019, l’académie était basée sur la musique de chambre, sur les airs de cour du XVIIe siècle et du début XVIIIe. Cette année, c’est l’opéra. Comme c’est déjà une pièce qui est très connue, mais c’est aussi une pièce très exigeante, il y avait un grand intérêt. Plus de soixante chanteurs s’étaient inscrits à l’académie qui n’en a choisi que huit. »

L’étude de l’opéra Atys de Jean-Baptiste Lully est au cœur de l’édition 2020. L’œuvre sera interprétée par les élèves lors du concert de clôture de l’académie. Un exercice intéressant et singulier selon Vojtěch Semerád :

Vojtěch Semerád,  photo: Petra Golíková / Collegium Marianum
« Chanter l’opéra baroque, et notamment l’opéra de Lully, c’est quelque chose de très particulier que vous ne chantez pas tous les jours. C’est aussi le but du CMBV, le Centre de musique baroque de Versailles, de promouvoir la musique française à destination de ceux qui n’y ont pas accès ou la possibilité, par leur pays natal ou juste par leur situation. Nous avons un orchestre composé d’à peu près trente élèves de toutes nationalités, du Chili jusqu’à Israël, du Brésil jusqu’au Japon. Ensuite, nous sommes huit chanteurs à interpréter à la fois les rôles principaux, les rôles qui accompagnent les rôles principaux, et les chœurs. »

Les élèves sélectionnés pour participer sont déjà des musiciens chevronnés. En effet, à l’académie, pas le temps de s’attarder sur l’approfondissement de la technique qui doit déjà être maîtrisée.

« Tous les élèves ont déjà une expérience forte dans le domaine de la musique baroque. Je pense que c’était une des règles pour choisir les participants de cette académie, car elle est vraiment tournée vers l’apprentissage du style et non pas l’apprentissage de la technique ou des choses basiques. Du coup, il était nécessaire aussi de choisir un très bon niveau - et je dois confirmer qu’il y a vraiment un très bon niveau des élèves - pour mettre en œuvre un opéra. »

Cette semaine de conférences et de cours pratiques est destinée aux élèves des conservatoires de musique, mais également aux professionnels de la musique. Cours de chant, de musique, de diction, de gestuelle et de danse, dispensés par des professionnels de ces différents domaines, sont au programme. Parmi les professeurs, on trouve la soprano Chantal Santo-Jeffery, la chorégraphe Deda Christina Colonna ou encore le flûtiste et chef d’orchestre Alexis Kossenko.

Benoît Dratwicki,  photo: Petra Hajská / Académie Versailles
« La semaine a été ouverte par une conférence de Benoît Dratwicki, le directeur artistique du CMBV. Les cours sont répartis entre l’orchestre et les solistes avec le groupe de continuo. Le continuo est composé par les instruments de basse. Parce que l’opéra de Lully n’est pas ce qu’on peut imaginer, ce dont on peut avoir l’idée d’un opéra baroque, avec une ouverture et des airs accompagnés par l’orchestre. Les opéras de Lully sont répartis entre la pièce de l’orchestre, alors soit c’est l’accompagnement de danseurs, ou l’ouverture, ou des pièces uniquement pour l’orchestre ; et les solistes avec le basse continuo. Il n’y a pas un vrai air à l’italienne, qu’on connaît des opéras d’Haendel et des autres. Donc, c’est aussi une répartition du travail qui est faite. On ne va se retrouver que la veille du concert de clôture pour des générales et des mises en place des chanteurs. La semaine est un peu organisée sur les deux rails. »

La participation à l’Académie Versailles apporte beaucoup aux élèves, tant sur le plan artistique et linguistique que sur le plan personnel, comme le souligne Vojtěch Semerád.

Photo: Petra Hajská / Académie Versailles
« Moi je ne suis pas Français, je parle français dans ma vie mais c’est très différent de le chanter. Je pense que dans toutes les langues, la langue chantée est très différente de celle parlée. C’est une première chose. La deuxième chose, c’est aussi de rencontrer les professeurs de l’académie, qui sont de différentes disciplines, mais qui peuvent vous apporter de nouvelles choses. Aussi, la forme de l’opéra réunit plusieurs disciplines dont la déclamation, la technique vocale, mais aussi le travail scénique. Ce sont trois disciplines qui, pour un chanteur, sont primordiales. Une autre raison, c’est aussi de rencontrer d’autres élèves, de faire des connaissances, de voir comment sont les scènes de musique ancienne dans les différents pays, de parler, discuter, échanger les expériences. »

Ouverte mardi dernier, la 4e édition de l’Académie Versailles se terminera ce dimanche 23 février par un concert de clôture. Il est également possible de venir en observateur aux cours, en contactant l’adresse mail suivante : [email protected].