Ludvík Vaculík parmi les journalistes lauréats du Prix Ferdinand Peroutka
Jeudi 3 février ont été décernés au Panthéon du Musée national de Prague, pour la 16e fois, les prestigieux Prix du journalisme Ferdinand Peroutka. Trois hommes ont été récompensés à l’issue de leurs longs parcours journalistiques et littéraires : Zdenek Slouka, Vítězslav Houška et Ludvík Vaculík.
« Ils ont plusieurs choses en commun, par exemple leur âge élevé. Ils ont, tous les trois, vécu dans la Tchécoslovaquie libre et, ensuite, sous un régime totalitaire. Ce totalitarisme, ils ont su le ‘contourner’ et mettre en valeur leurs capacités littéraires même en milieu hostile. »
Sur les trois journalistes récompensés, c’est Ludvík Vaculík, 83 ans, qui est le plus connu du grand public et dont les chroniques, brillamment écrites, paraissent régulièrement dans le quotidien Lidové noviny. Fier de ses racines moraves, Ludvík Vaculík s’est fait remarquer en tant que journaliste et écrivain au début des années 1960. Il est l’auteur du « manifeste des 2 000 mots » qui encourageait le processus de démocratisation du pays en 1968. Interdits de publication dans les années 1970 et 1980, les livres de Vaculík ont été publiés par des maisons d’édition tchèques à l’étranger. Il a dirigé, lui-même, les éditions non-officielles Petlice. Voici ce que Ludvík Vaculík a confié à Radio Prague après la remise des Prix :
« Je trouve cela inapproprié. Vous savez, j’ai un peu honte. Ce prix est destiné notamment aux jeunes journalistes. Heureusement, nous sommes trois dans cette situation. Je ne sais pas si nous trois, nous avons quelque chose en commun. C’est toujours le point de vue de ceux qui évaluent. Je connaissais un peu M. Houška, parce que nos articles ont été parfois publiés dans les mêmes magazines, dans Reflex, par exemple, mais M. Slouka, je ne le connaissais pas du tout. »Vítězslav Houška s’est spécialisé, quant à lui, dans le journalisme sportif. Il est notamment l’auteur d’articles et de livres sur le jeu d’échecs. Zdenek Slouka, le plus âgé des lauréats du Prix Peroutka, a passé presque toute sa vie professionnelle en exil depuis 1948, date de son départ de Tchécoslovaquie. Après avoir exercé les métiers les plus divers en Australie, il a fait des études politiques en Allemagne et aux Etats-Unis, pour devenir, enfin, le collaborateur de Ferdinand Peroutka à Radio Europe Libre. « Si j’écris comme j’écris, c’est grâce à Ferdinand Peroutka », a-t-il dit lors de la cérémonie de remise des Prix.