Madeleine Albright sur les pages de Lidove noviny
« Mémoires de la Tchèque la plus célèbre ». Tel est le titre de la version tchèque de « Madame Secretary », livre autobiographique de Mme Madeleine Albright, ex-chef de la diplomatie américaine, qui sort en République tchèque. Le jour de sa parution, ce mercredi, le quotidien Lidove noviny a publié une longue interview avec « madame la secrétaire ». Alena Gebertova l'a lue pour vous.
« Qu'est-ce qui vous a inspiré à écrire un livre de mémoire ?», demande Radek Honzak de Lidove noviny.
« Si l'on veut faire un travail qui fait partie de l'histoire américaine, il est à mon sens important de le raconter dans un livre, sinon on ne saurait connaître cette histoire », dit Mme Albright et de continuer : « Un autre motif, c'était de décrire le conte de fées américain que j'ai pu vivre. En plus, je tiens à ce que les Américains s'intéressent à la politique étrangère ».
Un motif d'ordre personnel semble avoir également poussé Madeleine Albright à rédiger ses mémoires. Elle se confie à propos de son divorce, venu au moment où sa carrière politique était en plein essor :
« C'était pour moi source de déception amère. Le mariage qui, dans mon cas, a duré vingt-trois ans, est une valeur importante pour moi. J'ai pensé que notre relation était bonne... C'était affreux. En écrivant mon livre, j'ai voulu montrer aux femmes et aux hommes que même si l'on est au fond du trou, on peut par la suite s'en sortir et s'épanouir. A cette époque-là, le travail était extrêmement important pour moi ».
Réconcilier dans son récit le côté personnel, intimiste, et le côté politique, a été la chose la plus difficile pour celle qui a passé sa plus tendre enfance en Bohême. Elle pense, finalement, qu'elle y a réussi, même si c'est, bien sûr, aux lecteurs de porter un jugement.
Dans « Madame Secretary », Madame Albirght consacre une place importante à ses relations avec Hillary Clinton. Elle explique pour Lidove noviny :
« Nous fréquentions la même université. Puis, je la croisais à de différentes occasions, notamment lorsque Bill Clinton a été élu président des Etats-Unis. Hillary s'intéressait à mon travail d'ambassadrice à l'ONU. Notre amitié a été soudée en 1995, lors de notre participation au Congrès mondial sur les femmes, à Pékin, où elle a prononcé un discours fantastique. Mais le meilleur moment, nous l'avons vécu pendant notre séjour de quelques jours à Prague, en 1996... Puis on se voyait souvent, histoire de devenir de véritables bonnes amies. C'est d'ailleurs elle qui m'a reccomandé au poste de chef de la diplomatie américaine ».
Madeleine Albright va plus loin encore en déclarant qu'au cas où Hillary Clinton voudra présenter sa candidature présidentielle, elle pourra compter sur son plein appui. Selon ses dires, elles serait fantastique dans ce rôle, car elle est très intelligente et entièrement disciplinée.
La fin de l'interview avec Madeleine Albright, à l'occasion de la parution en Tchéquie de son livre de mémoires, est consacrée à l'actuelle politique étrangère des Etats-Unis.
« Avez-vous soutenu l'intervention contre Saddam Hussein ? «, lui demande le journaliste de Lidove noviny et elle de répondre :
« Je ne cesse de répéter que je comprends les motifs de cette intervention. En effet, Bush disait à propos de Saddam Hussein les mêmes choses que moi-même ou le président Clinton. Mais ce que je n'arrive pas à comprendre, c'est pourquoi être entré en guerre, justement aujourd'hui. Saddam était isolé et, même s'il représentait une menace, ce n'était pas une menace d'actualité. Il faut s'interroger également sur la situation « de post-conflit », le chaos etc. et ce sont des choses auxquelles on n'a pas assez pensé.... On aurait pu s'inspirer de notre approche au Kosovo en collaborant avec l'ONU et l'UE ».