Magnesia Litera : bilan annuel de la littérature tchèque
Depuis dimanche sont connus les lauréats du Prix Magnesia Litera, prix littéraire le plus prestigieux en République tchèque. Organisée au Théâtre des Etats de Prague, la cérémonie de remise des prix s’est déroulée dans une ambiance plombée par la décision prise récemment par le gouvernement d’augmenter le taux de TVA sur les livres, en le faisant progressivement passer des 10 % actuels à 17,5 % d’ici à 2013. Cette décision risque en effet de nuire considérablement à la production livresque et au marché des livres en Tchéquie.
«C’est une année très forte en ce qui concerne les nominations, notamment dans la catégorie de la prose. En même temps les qualités des candidats étaient quasi égales. J’espère que les prochaines éditions du Prix Magnesia Litera seront aussi fortes et équilibrées que celle-ci. »
C’est la dernière œuvre de Jan Balabán qui a été proclamée « Livre de l’année ». Le jury a distingué in memoriam ce prosateur disparu en avril 2010 à l’âge de 49 ans. Ce n’est pas la première distinction remportée par ce roman intitulé « Zeptej se táty » (Demande à ton père), déjà sorti vainqueur d’une enquête du journal Lidové noviny. Selon le jury, le dernier roman de Jan Balabán est une confession d’une sincérité profonde sur la vie « in extremis ». Représentant de la maison d’édition Host qui a publié ce dialogue entre un fils et un père défunt, Miroslav Balaštík rappelle la situation très particulière ayant marqué la gestation de cette œuvre qui parle de la mort, mais aussi de la vie et du rapport de l’homme vis-à-vis de son passé :« Bien sûr, de nombreuses circonstances fatales ont accompagné la création de ce livre. Le livre évoque la mort du père de l’auteur. Pour Jan Balabán, c’était donc un livre fatal. Je crois que cet ouvrage parachève en quelque sorte ce qu’il y avait dans ses livres précédents. »
La victoire dans la catégorie de la prose a été remportée pour la deuxième fois déjà par l’écrivain et cinéaste Martin Ryšavý. Comme pour son succès précédent, « Voyages en Sibérie », c’est en Russie que Milan Ryšavý a trouvé la matière pour son deuxième grand succès littéraire. Le roman intitulé « Vrač » lui a été raconté par le Russe Alexandre Ivanovitch Poutkine. Martin Ryšavý a présenté ce conteur infatigable au public de la cérémonie de la remise des prix :« Lors du voyage de retour d’un tournage en Sibérie, je me suis arrêté à Moscou et c’est là que j’ai fait sa connaissance. Nous avons été présentés l’un à l’autre par des amis communs. J’ai mis cependant beaucoup de temps à réaliser que les histoires qu’il me racontait pourraient être réunies dans un livre. J’avais déjà pas mal d’histoires mais il me manquait toujours une idée centrale, un thème majeur. Ce livre n’est pas qu’un ensemble d’histoires. Il y a eu donc une évolution. » Le jury a attribué également les prix Magnesia Litera dans les catégories « Poésie », « Traduction » ou encore « Livre pour enfants ». Le prix des lecteurs a été remporté par Hana Androníková pour son livre « Nebe nemá dno » (Le ciel est sans fond), texte autobiographique qui retrace les expériences de l’auteure atteinte d’une grave maladie et qui décide de partager la vie des habitants de la forêt amazonienne. Enfin, c’est l’ouvrage intitulé « Straka v říši entropie » (La Pie dans l’empire de l’entropie) que le jury a proclamé Découverte littéraire de l’année. Son auteure Markéta Baňková a réussi un véritable exploit en mariant dans ce livre pour enfants et adultes la vulgarisation de la physique avec un récit captivant.Si vous désirez avoir plus d’informations sur les meilleurs livres tchèques de l’année dernière et sur les prix Magnesia Litera 2011, écoutez ou lisez la prochaine rubrique Rencontres littéraires.