Main-d’œuvre qualifiée, numérisation et infrastructures, possibles freins à la croissance du PIB tchèque

Photo: watcharakun / freedigitalphotos

La pénurie de main-d’œuvre qualifiée, l’état de l’avancement de la numérisation du pays et de ses infrastructures pourraient constituer des freins à la croissance économique actuelle relativement forte de la République tchèque. C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre lors d’une conférence intitulée « République tchèque : où en sommes-nous ? » qui s’est tenue à Prague mardi et était organisée par l’Institut Aspen de Prague et le magazine Forbes. Bohuslav a insisté à cette occasion sur certains points qu’il convient selon lui de développer pour remédier à cette situation.

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Différentes études internationales, mais aussi les faits, le confirment régulièrement : la République tchèque compte parmi les pays les plus attractifs en Europe et même dans le monde pour les investisseurs internationaux. Outre la position géographique stratégique au cœur du Vieux continent et sa proximité avec l’Allemagne, les entreprises étrangères se félicitent de la qualité d’une main-d’œuvre par ailleurs toujours relativement bon marché.

Selon les chiffres communiqués par la Banque nationale tchèque au printemps dernier, le flux des investissements directs étrangers (IDE) en République tchèque s’est élevé en 2014 à près de 123 milliards de couronnes (4,55 milliards d’euros), soit une augmentation de plus de 70% par rapport à 2013. A elle seule, l’Allemagne a participé à ce bilan à hauteur de 81 milliards de couronnes (3 milliards d’euros).

Mais tout n’est pas rose pour autant. Ainsi, à titre d’exemple, lors du traditionnel Salon international de la construction mécanique qui s’est tenu à Brno en septembre, le ministère de l’Industrie et du Commerce a indiqué que près de 12 000 emplois étaient actuellement vacants en République tchèque rien que dans le secteur de l’industrie mécanique, soit 31% de plus qu’en 2014 à la même époque. Un chiffre inquiétant pour un pays dont, aujourd’hui encore, 38% de son PIB est généré par son industrie.

Les propos du chef du gouvernement le confirment : les autorités tchèques sont conscientes du problème et de la fuite, depuis les années 1990, des jeunes générations vers le secteur tertiaire. C’est pourquoi Bohuslav Sobotka, lors de cette conférence pragoise, s’est prononcé en faveur de certaines réformes notamment dans les domaines de l’éducation et de la politique migratoire. Sur ce dernier point, il a indiqué que le fonctionnement du régime de visas avec l’Ukraine, « engorgé » selon lui, constituait la « plus grande barrière pratique » à l’heure actuelle. Du coup, un projet sera prochainement présenté au gouvernement dont l’objectif sera de permettre aux entreprises qui souhaitent embaucher des employés ukrainiens de faire part de leurs besoins, et ce afin de rendre plus accessible l’ensemble du système.

Concernant la numérisation, le Premier ministre estime que la situation est la plus préoccupante dans le service public et l’administration. Tout en regrettant la suppression du ministère de l’Informatique, qui a existé entre 2003 et 2007, il a reconnu que de nombreux pays avaient pris de l’avance sur la République tchèque. Quant aux infrastructures, il s’agit en priorité, selon Bohuslav Sobotka, de développer les réseaux autoroutier et ferroviaire, notamment afin d’être reliés avec les pays voisins.

En août dernier, l'Office tchèque des statistiques (ČSÚ) a confirmé ses chiffres de croissance pour le second trimestre de cette année avec une hausse du PIB sur un an qui s'est établie à 4,4%. Cette croissance a été la plus élevée enregistrée depuis le dernier trimestre de l'année 2007. A l'époque, soit avant la crise, le PIB tchèque avait connu une augmentation sur un an de 5,3%. Pour l’ensemble de l’année 2015, le ministère des Finances prévoit une croissance de l’ordre de 3,9%, puis de 2,5% en 2016.