Marine Le Pen et Geert Wilders à Prague jeudi « contre le diktat de l’Europe »

Photo: SPD

C’est par un concert du très controversé groupe de rock Ortel que doit débuter jeudi à Prague une manifestation organisée par le parti Liberté et Démocratie directe (SPD). A la tribune devraient ensuite se succéder plusieurs leaders de formations nationalistes étrangères, dont le Néerlandais Geert Wilders et la Française Marine Le Pen.

Photo: SPD
Ce n’est pas la première fois que le chef du PVV hollandais et la cheffe du RN français se retrouveront dans la capitale tchèque à l’invitation de Tomio Okamura et de son SPD.

Jeudi après-midi sur la Place Venceslas, ce sera à l’occasion du lancement officiel de sa campagne pour les élections européennes du mois prochain. Plusieurs happenings et contre-manifestations sont prévus à la même heure.

Déjà en 2017, Marine Le Pen avait apporté son soutien à la formation tchèque pour les élections parlementaires et même enregistré une vidéo pour l’occasion :

« Tout comme vous, nous refusons avant tout la submersion migratoire programmée par l’Union européenne, qui prend la forme en République tchèque d’incroyables vagues de migrants, incessantes, auxquelles se résignent, quand elles ne les appellent pas, vos prétendues élites corrompues et soumises. »

Il n’y a pas eu d’incroyables vagues de migrants en République tchèque, mais l’immigration et l’islamisation de l’Europe restent les principaux thèmes autour desquels les partis nationalistes espèrent rassembler, pour que leur groupe Europe des Nations et des Libertés gagne en puissance au Parlement européen.

Pourtant, même sur la question migratoire, les voix sont discordantes, les Tchèques – entre autres – refusant catégoriquement la répartition des réfugiés souhaitée par certains, dont les Italiens de la Ligue. Leur chef, Matteo Salvini, qui a rencontré Tomio Okamura la semaine dernière à Prague, devrait adresser un message vidéo au public rassemblé jeudi sur la Place Venceslas.

Ce rendez-vous pragois fait suite à une récente réunion à Milan entre la Ligue et les leaders de l’AFD allemande et de partis amis de Finlande et du Danemark.

Martin Mejstřík est spécialiste des relations internationales à l’Université Charles : « Ces partis sont en général anti-européen et anti-immigration et jouent sur la peur des citoyens, en se présentant comme ceux qui vont les défendre. Mais il faut bien voir que chacun s’emploie à le faire au niveau national, souvent en opposition aux autres nations et donc aux partis qui sont de même tendance nationaliste. »

Si le slogan du SPD est bien « Ensemble contre le diktat de l’UE », son chef semble pourtant compter sur l’UE pour s’imposer contre les géants de l’alimentation dans le débat sur la qualité inférieure des produits vendus à l’Est.

Tomio Okamura | Photo: Aktron,  Wikimedia Commons,  /lCC BY 4.0   l/
Tomio Okamura : « Nous avons initié une pétition qui a du succès parce que le sujet est très important pour les gens. Lors de son récent passage à Prague, j’ai demandé à Matteo Salvini si l’Italie, en tant que grand pays, ne pourrait pas nous aider à Bruxelles pour lutter au plus haut niveau contre cette double qualité des produits. »

Pour le ministre italien de l’Intérieur, qui fait désormais figure de leader du mouvement nationaliste en Europe, faire en sorte de lier des partenariats avec des formations comme le SPD tchèque est d’autant plus important qu’il faut des députés de sept pays différents pour créer un groupe au parlement européen.

« C’est la raison pour laquelle le parti d’Okamura en tant que membre loyal est important pour Salvini & Co, même si le SPD ne pourrait remporter qu’un ou deux mandats », note l’hebdomadaire tchèque Respekt, qui conclue que « c’est aussi pour cela que cela fait sens pour la délégation internationale de venir sur la Place Venceslas et rester discret sur le refus tchèque des quotas de réfugiés, pour parler un moment aux fans d’Ortel du ‘diktat de Bruxelles’ ».