Martin Hilský récompensé pour sa traduction de l’œuvre complète de Shakespeare
Ce jeudi soir, à la veille de la fête nationale tchèque du 28 octobre, le ministère de la Culture décerne, au Théâtre national, ses prix dans plusieurs disciplines, dont la littérature, la traduction, la musique ou l’architecture. L’écrivaine Daniela Hodrová, le traducteur Martin Hilský, grand spécialiste de Shakespeare, le cinéaste Jan Neměc, le chorégraphe Jiří Kylián ou encore le fondateur du centre pragois d’art contemporain DOX Leoš Válka figurent parmi les lauréats de cette année.
La tradition de la remise de ces prix remonte à l’époque de la Première République tchécoslovaque. Elle a été renouvelée en 1995 avec l’attribution, tout d’abord, de récompenses littéraires alors appelées Prix d’Etat de littérature et de traduction. A ces trophées se sont ajoutés, ces dernières années, d’autres Prix d’Etat, toutefois désormais appelés Prix du ministère de la Culture. Ces prix sont attribués dans les domaines du théâtre, de la musique, des arts plastiques, de l’architecture et du cinéma.
Même si toutes les récompenses sont équivalentes et dotées d’une somme de 300 000 couronnes (environ 12 000 euros), ce sont surtout les noms des meilleurs écrivains, poètes et traducteurs que le public et les médias attendent avec impatience. En 2011, le choix du jury s’est porté sur Daniela Hodrová, 65 ans, romancière et critique littéraire. Elle a été récompensée pour son dernier roman « Vyvolávání » (« Invocation ») et aussi pour l’ensemble de son œuvre, œuvre inspirée de Prague, riche en significations cachées, métaphores et allégories et dont une partie a été traduite en français, notamment son guide « Prague, visite privée » ou la trilogie « Citée dolente ». Vladimír Novotný, membre du jury, commente le choix de celui-ci :
« C’est la troisième fois que le Prix d’Etat de littérature est décerné à un auteur qui a fait son entrée en littérature après 1989, même si, évidemment, les textes de Daniela Hodrová circulaient parmi les lecteurs bien avant la révolution de velours. (…) Elle ne se range pas parmi les écrivains qui sortent chaque année un livre, inutile et éphémère. Elle fait de longues pauses entre les sorties de ses œuvres, ce qui témoigne de la grande responsabilité esthétique de cette auteure. »
1 680 pages, près d’un million de mots, 28 ans de travail… Voici, en quelques chiffres, ‘L’œuvre complète de William Shakespeare’ traduite en tchèque et qui a valu le Prix d’Etat de traduction à Martin Hilský. Professeur de littérature anglo-saxonne à l’Université Charles, traducteur hors pair et fin connaisseur de Shakespeare et de son époque, Martin Hilský est le premier traducteur tchèque à avoir traduit l’œuvre complète du célèbre dramaturge britannique, y compris ses Sonnets, œuvre sortie en septembre dernier aux éditions Academia. Jiří Hanuš, membre du jury, s’explique sur le savoir-faire de Martin Hilský :« Lorsque vous traduisez une pièce de théâtre vieille de 400 ans, vous avez deux possibilités : soit être le plus fidèle possible par rapport à l’original, soit la traduire de façon à ce que cette pièce puisse être mise en scène aujourd’hui. Martin Hilský a réussi des deux côtés. Les pièces qu’il a traduites ont beaucoup de charme au théâtre et, en même temps, elles sont très fidèles à l’esprit original. Auparavant, il avait l’habitude de publier ses traductions accompagnées des textes originaux. Il faut avoir beaucoup de courage pour faire cela et dire aux lecteurs : voici l’original et voici ma traduction. Vous pouvez comparer. »Ajoutons que l’année dernière Martin Hilský a publié un livre, tout aussi remarquable, d’essais et de commentaires sur William Shakespeare, son œuvre et son époque, intitulé « Shakespeare a jeviště svět » (« Shakespeare et le Théâtre du monde »).