Martin, volontaire à la Maison tchèque aux JO de Londres (1ère partie)
Il y a certes eu les victoires récentes en Coupe Davis et en Fed Cup en tennis, la qualification pour les quarts de finale du championnat d’Europe de football ou encore la médaille de bronze des hockeyeurs au Championnat du monde. Mais même si l’heure des bilans et des rétrospectives n’a pas encore sonné, ce sont bien entendu les Jeux olympiques de Londres qui ont constitué le temps fort de l’année sportive 2012. Nous vous proposons un regard différent, et nous l’espérons original, sur cet événement à travers un entretien avec Martin Tušl, stagiaire au sein de notre rédaction avant de « participer » aux Jeux en tant que volontaire à la Maison tchèque. Radio Prague a d’abord demandé à Martin Tušl quelles avaient été ses motivations.
Quels étaient les critères de sélection ?
« Il fallait être âgé d’au moins vingt ans, avoir un bon niveau d’anglais et être motivé pour travailler gratuitement pendant dix-sept jours. »
Quelle était la mission et quels étaient les objectifs de cette Maison tchèque, puisqu’il n’y était pas seulement question de sport ?
« Exactement. Ce qu’il faut d’abord rappeler, c’est que ce projet de la Maison olympique tchèque pour Londres 2012 était un projet tout à fait exceptionnel préparé depuis 2009. Cette Maison devait servir non seulement pour les supporters et le sport, mais aussi plus généralement à la promotion de la culture tchèque et du pays pour montrer que la République tchèque est un pays moderne et attirant. »
Quelles ont été les manifestations organisées durant ces deux semaines pour faire cette promotion de la République tchèque à l’étranger ?
« Il y a eu plusieurs concerts, des invités non seulement du monde du sport mais aussi des hommes politiques ou des scientifiques. La Maison était un peu conçue comme une exposition. Il y avait des stands des universités, de l’association Czech tourism, un restaurant tchèque, de la bière était servie… Bref, vraiment comme pour une exposition. »
En travaillant à la Maison tchèque, peut-on affirmer que tu as vécu ces Jeux de l’intérieur ?
« Personnellement, j’ai passé le plus clair de mon temps à la Maison tchèque. J’y travaillais du matin au soir, jusqu’à minuit. Mais à l’intérieur de cette Maison, oui, j’ai vécu l’ambiance olympique. »
Quel y était ton rôle plus précisément, le contenu de ton travail ?
« Ma place était au stand des régions de Karlovy Vary et d’Ústí nad Labem. Avec trois autres collègues, notre rôle était de présenter ces deux régions aux étrangers de passage et aux Anglais. Il fallait les convaincre que ce sont deux régions très attirantes qu’ils devraient aller visiter. Notre avantage est que nous offrions à chaque passant des galettes/gaufrettes de Karlovy Vary, les célèbres ‘Lázeňské oplatky’, ce qui fait que notre stand était très fréquenté. »
Plus généralement, quel a été l’intérêt que les visiteurs étrangers ont porté à cette Maison tchèque durant ces deux semaines ?
« Dans un premier temps, il y a sans doute eu un moindre intérêt lié au fait que les gens n’étaient pas forcément informés de l’existence de la Maison. Mais grâce au double-decker, ou le fameux bus à impériale de David Černý qui fait de l’exercice physique, dont l’exposition devait justement servir à attirer les touristes, la Maison tchèque est très vite devenue une attraction à Londres. Grâce à ça, un grand nombre d’étrangers ont découvert qu’il existe un pays qui s’appelle la République tchèque dans le monde, avec de la bonne bière, des spécialités culinaires et qu’il était possible d’y participer aux célébrations avec les sportifs. »En juillet dernier, quelques jours avant l’ouverture des Jeux, nous avions présenté en détail dans nos émissions cette Maison tchèque qui permettait non seulement de suivre l’intégralité des épreuves olympiques, mais qui était aussi une grande entreprise commerciale visant à promouvoir les entreprises qui sponsorisaient ce pavillon de 2 000 m2 et d’une capacité d’accueil de 2 500 personnes situé au cœur de la capitale britannique. Dans son papier, Pierre Meignan avait également évoqué ce bus devant servir à la promotion de la culture tchèque. Voici ce que notre collègue en avait dit à l’époque :
Pour attirer l’attention, rien de mieux qu’une opération marketing d’envergure auquel participe l’inévitable David Černý, lequel rate rarement une occasion de faire parler de lui. Il propose, à l’entrée de la Czech House, un bus à impériale londonien en train de faire des pompes. A propos de cette machinerie imposante, qu’il a nommée London Boosted, Černý explique avec sa désinvolture habituelle :
« Je me suis fait une sorte de petite statue rigolote. C’est mon point de vue ambivalent sur le sport et les activités sportives. Je ne suis pas un très grand sportif. A partir de là, je me suis réalisé quelque chose de marrant. »
L’artiste tchèque, dont la provocation est le fond de commerce, très connu en République tchèque – ses créations plus ou moins surréalistes sont présentes un peu partout à Prague – s’était fait connaître en Europe en signant l’œuvre Entropa à l’occasion de la présidence tchèque de l’Union européenne. Černý y projetait ses stéréotypes sur chaque pays d’Europe, la Bulgarie étant représentée par des toilettes turques et la France par une pancarte « En grève ». Ce « subversif » a empoché environ 350 000 euros pour son bus, acheté par le magnat industriel tchèque Andrej Babiš, bus qui a au moins le mérite de braquer les projecteurs sur la Czech House.
Dans la suite de l’entretien, Martin Tušl, qui était donc volontaire à la Maison tchèque à Londres durant les JO, explique d’abord quelle était l’ambiance entre tous ces bénévoles oeuvrant à la bonne réputation de la République tchèque dans le monde :
« L’ambiance était excellente, très chaleureuse. Je pense pouvoir dire que tout le monde était disponible, ouvert et prêt à aider. »
Que proposait le Comité olympique tchèque à ses bénévoles en échange de leurs services ? Et combien étiez-vous ?
« Nous étions environ une centaine à travailler gratuitement. Nous avons quand même reçu les vêtements officiels, des tickets restaurant, un cadeau à la fin de notre séjour, un certificat et… voilà, c’est tout. Le logement était à notre charge. »
Tu y es donc allé de ta poche…
« Tout à fait. Moi comme les autres volontaires. »
As-tu eu le sentiment de participer à ce qui a été décrit un peu partout comme une grande fête, et pas seulement du sport ?
« Comme j’ai passé l’essentiel de mon temps à la Maison tchèque, je n’ai pas trop eu l’occasion de sortir dans la rue. Mais, oui, d’après ce que j’en ai entendu dire, il y avait vraiment beaucoup de monde à Londres. Les gens faisaient la fête, il y avait par exemple des concerts dans les parcs de la ville. Celle-ci a vraiment vécu au rythme des Jeux. »En tant que volontaire, quel regard portes-tu plus généralement sur ces JO dont on a dit qu’ils avaient été parfaitement organisés. Est-ce également ton avis ?
« De ce que j’en ai vu, je suis plutôt d’accord. Par exemple, il n’y avait pas de problèmes dans les transports malgré les craintes préalables. Et puis les Jeux n’étaient pas aussi mégalomanes qu’à Pékin en 2008. »
Londres a organisé ces Jeux aux dépens de Paris. Toi qui suis tes études en France, penses-tu qu’il en aurait été de même en France ?
« Je dois avouer que j’ai un peu regretté la défaite de Paris en 2005, surtout qu’il s’en était alors fallu de très peu de voix. Même s’il faut reconnaître que Londres a vraiment organisé de très beaux Jeux, je suis convaincu que Paris pourrait aussi organiser un tel événement avec autant de réussite. »
Ton travail t’a-t-il néanmoins permis d’assister à certaines compétitions ?
« Malgré le travail très intense, je suis quand même aller voir quatre sports : le tennis, le handball, le volley-ball et le tir. C’est le tennis à Wimbledon qui m’a fait la plus forte impression. J’y ai vu les deux doubles tchèques, masculin et féminin, gagner leur match, et l’ambiance était vraiment géniale ! »
Nous vous proposerons la suite de cet entretien avec Martin Tušl, volontaire à la Maison tchèque lors des JO de Londres, une suite qui sera un peu plus « sportive », dans notre prochaine rubrique.