« Même une chèvre ne mangerait pas ça ! »

Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha! Suite et fin pour cette fois de notre petite série consacrée aux expressions de la langue tchèque relatives aux animaux et à leurs comportements. L'occasion, une nouvelle fois, de retenir quelques formules amusantes ou curieuses, mais également très souvent pleines de bon sens.

Après avoir déjà évoqué le canard, la poule ou encore le lapin, nous allons donc nous intéresser aux autres animaux de la ferme et commencer avec la vache - kráva. La vache, un animal très familier que l'on retrouve par conséquent logiquement dans un grand nombre d'expressions et de comparaisons. La vache peut ainsi servir d'insulte pour certaines catégories de femmes. Il est, en effet, relativement fréquent d'entendre dire d'une femme que « c'est une vache » - « to je kráva ». Il s'agit alors généralement d'une idiote, ou du moins la considère-t-on comme telle parce qu'elle nous est antipathique. Et il est bien difficile de trouver une explication à l'origine de cet emploi du mot, car si la vache n'est certes pas spécialement réputée pour être intelligente, elle n'est pas plus bête qu'un autre animal non plus pour autant.

On trouve également l'équivalent pour les garçons tchèques, qui, eux, se traitent de « boeuf » - vůl. « T'es un boeuf » - « Ty jsi vůl », entend-on ainsi très souvent sur le ton du reproche. Notons toutefois que si on peut donc employer le mot « vůl » comme une insulte, on entend également régulièrement de nombreux garçons et hommes tchèques s'interpeller en se disant « ty vole ! », soit littéralement « toi, le boeuf ». « Ty vole » peut également jouer le rôle d'une interjection dans une phrase, dans le sens où elle est indépendante des mots qui la précédent ou la suivent et ne complète rien, n'apporte rien au niveau du contenu étymologique. Enfin, « ty vole » peut aussi servir à exprimer un sentiment, une émotion comme la surprise, la joie ou la tristesse. Mais encore une fois, notons bien qu'il s'agit là d'une expression, d'une sorte d'exclamation, que vous aurez nettement plus de chances d'entendre sur un terrain de foot ou dans un bistrot ouvrier que dans les couloirs de la faculté des lettres de l'Université Charles.

Mais revenons encore un instant, non pas à nos moutons, mais à nos vaches, puisque nous avons relevé, par exemple, cette magnifique expression : « naše kráva se napila z vaší louže », soit « notre vache a bu dans votre mare », une expression qui signifie que deux personnes, deux parties ont des liens de famille éloignés.

Autre animal de la ferme, parfois présenté comme « la plus belle conquête de l'homme » : le cheval - kůň. Domestiqué, le cheval était autrefois notamment utilisé, avant que les tracteurs et les voitures n'apparaissent, pour les travaux agricoles et les transports. Bref, un animal laborieux, et voilà sans doute pourquoi on trouve trace de l'expression suivante : « dřít jako kůň » - « bosser comme un cheval », expression, qui, en français, équivaut plutôt à « travailler comme un nègre ou comme une bête de somme ». Toujours à propos du cheval, notons encore cette expression « byl tu jako na koni », soit littéralement « il était là comme sur un cheval », qui signifie en fait que quelqu'un est arrivé à un endroit rapidement, « en coup de vent » comme on dit aussi parfois en français.

Enfin, terminons avec un animal toujours très amusant à observer, la chèvre - koza, et dont les comportements constituent forcément une riche source d'inspiration. Ainsi mentionnons tout d'abord cette expression savoureuse : « rozumí tomu jako koza petrželi », soit « il comprend ça comme une chèvre le persil », ce qui indique que la personne en question ne comprend rien du tout, ne comprend que dalle. Et puisque la chèvre a la réputation de manger tout et n'importe quoi sans faire de distinction, on ne s'étonne pas non plus de cette expression : « ani koza by to nežrala », c'est-à-dire « même une chèvre ne mangerait pas ça », ce qui, cette fois, indique que ce sont des bêtises, des paroles non fondées, voire des mensonges qui sont racontés.

En revanche, c'est en espérant, modestement, que vous vous soyez nourris de ce que nous vous avons raconté que se referme ce « Tchèque du bout de la langue », dernière partie de notre petite série consacrée aux expressions de la langue tchèque se rapportant aux animaux. Et en attendant de vous retrouver dès la semaine prochaine pour d'autres découvertes, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj!