Maltraitance animale en Tchéquie : une douzaine d’élevages dans le viseur des associations et des autorités

Alors que ces dernières années, en France, les scandales de maltraitance animale dans les élevages se sont multipliés suite à la publication de vidéos choquantes par l’association de défense des animaux L214, ce type d’actions coup de poing est assez nouveau en Tchéquie : la semaine dernière, l’association Zvířata nejíme (Nous ne mangeons pas d’animaux) a diffusé de telles images prises dans 12 élevages. Les autorités vétérinaires tchèques ont été saisies.

Ce sont en effet des images insoutenables que celles tournées par l’association de défense des animaux Zvířata nejíme (Nous ne mangeons pas d’animaux) : sur deux ans, elle a en effet réussi à filmer secrètement les conditions de vie des vaches dans une douzaine d’élevages, en Bohême du Sud et dans la région de la Vysočina. Sur les images, on peut voir des employés d’un élevage frappant, donnant des coups de pied et traînant des animaux derrière un tracteur par des chaînes enroulées autour de leur cou. Le nombre de cas documentés montre qu’il ne s’agit pas d’incidents isolés ou de défaillances individuelles, mais d’une pratique courante, comme le note Zbyněk Semerád, directeur de l’Administration vétérinaire de Tchéquie qui s’est saisie du dossier :

« Ces images ne sont pas tout à fait récentes, puisqu’il a été dit qu’elles avaient été filmées sur plusieurs mois. Cela signifie que nous ne retrouverons pas les animaux en question que l’on peut y voir, mais si c’était le cas, il faudrait évidemment les soigner. Mais sur les images on voit des animaux traînés par une chaîne, et clairement, on peut supposer que ces animaux ne sont plus en vie depuis longtemps. Nous allons enquêter sur cette affaire inacceptable et, en tout état de cause, il s’agit de cruauté envers les animaux. »

Les autorités vétérinaires ont d’ores et déjà procédé au contrôle d’un des élevages incriminés et préparent actuellement d’autres audits, notamment dans les élevages qui fournissent la société laitière Madeta qui s’est distancié de ces fournisseurs suspects. Zbyněk Semerad détail à quel type de contrôles les élevages peuvent s’attendre :

Zbyněk Semerád | Photo: Jana Přinosilová,  ČRo

« Dans tous les cas, c’est un contrôle que nous devons signaler en amont. Le jour de notre visite, nous nous intéresserons certainement à la gestion de la ferme, à la formation du personnel, aux moyens utilisés pour déplacer les animaux. S’ils doivent procéder à un abattage forcé, nous devons savoir qui le fait et comment. Le contrôle sera certainement large, mais il sera axé spécifiquement sur les activités avec les animaux. Il ne s’agira pas simplement d’un contrôle administratif ou d’une surveillance des tests et des paramètres sanitaires des animaux. Ce que nous avons vu dans les vidéos, c’est une incapacité totale à gérer le bétail. »

Début octobre, l’association Zvířata nejíme a lancé une campagne qui entend battre en brêche l’idée de vaches heureuses broutant dans les prés à l’air libre. En réalité, selon les défenseurs des animaux, la vie des vaches et des veaux consiste bien davantage dans des coups de pied et des blessures, comme le montrent les images tournées secrètement. La campagne comprend un appel à mettre fin à la souffrance des vaches dans l’industrie laitière. Elle attire également l’attention sur les pratiques courantes dans les étables qui, bien que légales, s’avèrent en réalité cruelles, comme le retrait des veaux nouveau-nés à leur mère ou la traite des vaches jusqu’à l’épuisement, avant de finir à l’abattoir.

Il y a deux ans déjà, l’association avait également publié des images montrant des employés de l’abattoir de Hrabětice, dans la région de Znojmo, en train de donner des coups de pied à des porcs ou à des vaches et de leur administrer des chocs électriques.

Les autorités vétérinaires soulignent que les élevages qui tolèrent des pratiques de maltraitance animale s’exposent à de lourdes sanctions :

« En vertu de la loi sur la protection contre la cruauté envers les animaux, s’il est prouvé que des actes de cruauté ont été commis dans des élevages, qu’il s’agisse de personnes morales ou physiques, ces dernières s’exposent à des sanctions pouvant aller jusqu’à trois millions de couronnes. Si la maltraitance est prouvée chez un particulier, la sanction peut atteindre un million de couronnes. Mais dans certaines circonstances, comme dans le cas de manipulation des chargeurs, il peut même s’agir d’une infraction pénale et une plainte peut être déposée auprès de la police pour qu’elle ouvre une enquête. »

Les associations de défense des animaux réclament l’extension des caméras dans les abattoirs, pour permettre de réduire les cas de cruauté. Un projet d’amendement à la loi vétérinaire prévoit la présence de caméras dans les zones désignées pour le déchargement et le rechargement des animaux, mais les associations estiment que cela contribue à déplacer les actes de cruauté vers des zones non surveillées.

Des systèmes de vidéosurveillance obligatoires dans les abattoirs sont en place dans plusieurs pays européens comme l’Angleterre, l’Écosse et l’Espagne, où les associations de défense des animaux affirment qu’ils ont contribué à réduire de manière significative le nombre de cas de maltraitance.

Auteur: Anna Kubišta | Source: iROZHLAS.cz
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