Merkel, Macron et Cie ont fait la connaissance d’Andrej Babiš

Andrej Babiš, photo: ČTK

C’était une première attendue. Par les médias et observateurs tchèques, bien sûr, mais aussi par les dirigeants européens. Deux jours après la nomination de son gouvernement, Andrej Babiš a représenté pour la première fois la République tchèque en sa nouvelle qualité de Premier ministre lors d’un sommet européen. Et à Bruxelles, jeudi et vendredi, malgré le débat toujours compliqué sur la migration, le leader du mouvement ANO a, semble-t-il, laissé une impression plutôt positive.

Angela Merkel et Andrej Babiš,  photo: ČTK
« Babiš s’est présenté à Merkel et Cie. Ils espèrent qu’il ne sera pas comme Orbán », titrait le quotidien économique Hospodářské noviny dans son édition de ce vendredi, au lendemain de la première journée du sommet. Lidové noviny et Mladá fronta Dnes, les deux principaux quotidiens du pays, eux, ont préféré mettre l’accent sur le rejet par le nouveau Premier ministre des quotas de répartition des réfugiés. Au-dessus d’une photo où Andrej Babiš apparaît souriant aux côtés d’Angela Merkel, Lidové noviny note que pour sa grande première à un rassemblement des chefs d’Etat et de gouvernement européens, le nouvel homme fort de la scène politique tchèque s’en est tenu à ce qu’il avait annoncé en s’opposant fermement à la relocalisation des réfugiés. Sur sa une, le journal rappelle que selon une enquête du Centre pour l’étude de l’opinion publique (CVVM), 80 % des Tchèques sont contre l’application de ces quotas tandis que 69 % pensent que le pays ne devrait accueillir aucun réfugié.

Pour autant, le nouveau gouvernement entend faire preuve de solidarité, et ce avec les trois autres pays membres du Groupe de Visegrád (V4 – Hongrie, Pologne, Slovaquie), comme l’a expliqué Andrej Babiš en conférence de presse jeudi soir :

« Nous avons commencé avec une réunion des Premiers ministres du Groupe de Visegrád durant laquelle nous avons confirmé ce que je j’appellerais le projet libyen, à savoir que nous souhaitons régler le problème migratoire en dehors du continent européen. C’est de l’argent qui est destiné au fonds en faveur du gouvernement italien, celui-ci ayant un accord avec la Libye pour la protection des frontières de la Libye. Nous avons ensuite informé le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker de notre démarche et le Premier ministre italien. Tous deux l’ont acceptée et accueillie positivement. »

Andrej Babiš et Donald Tusk,  photo: ČTK
Au total, c’est à hauteur de 35 millions d’euros que le V4 entend alimenter le fonds européen en faveur de l’Afrique qui doit servir à endiguer l’arrivée de réfugiés.

S’il a reconnu que la soirée avait été animée et tendue, Andrej Babiš s’est néanmoins dit confiant quant à l’issue des discussions relatives au mécanisme de répartition des migrants. Comme le président du Conseil européen Donald Tusk, qui a regretté l’existence du fossé existant entre pays de l’Ouest et de l’Est, le Premier ministre tchèque souhaite que les émotions soient mises de côté pour mieux travailler. Un peu en somme comme il entend le faire aussi à l’échelle nationale.