"Mes pas dans les tiens..." : la Bretagne de Jan Zrzavý revisitée par deux artistes tchèques

Pour sa dernière exposition de l’année 2012, la Galerie 35 de l’Institut français de Prague a choisi d’exposer le travail de Michal Pěchouček et Marta Morice, dont l’exposition s’intitule « Mes pas dans les tiens... Hommage à Jan Z. » Les deux artistes se sont livrés au micro de Radio Prague.

Jan Zrzavý, grand peintre tchèque du XXe siècle est au cœur de l’exposition ouverte depuis mardi soir à la Galerie 35. Pour Marta Morice et Michal Pěchouček cette relation avec le peintre remonte à l’enfance. Depuis les tableaux étudiés à l’école et la vie dans un village proche de celui où le peintre est né, le chemin abouti à une exposition qui n’est pas tant un hommage qu’un pèlerinage : la recherche de l’inspiration en Bretagne, là où Zrzavý a peint de nombreux paysages dans les années 1920 et 1930. C’est ce goût pour l’œuvre de celui qui est considéré comme un des grands représentants de l’avant-garde tchèque qui a poussé Michal Pěchouček à accepter la proposition de Marta Morice de lui céder sa place dans son atelier de Karlín pour prendre la sienne à Lorient.

« Depuis longtemps l’art de Jan Zrzavý m’inspire, c’est l’un des plus grands artistes du XXe siècle pour l’art tchèque et il y a une grande différence dans son art entre avant la Bretagne et après. Quand Marta est venue avec cette idée d’échange j’étais emballé car je savais déjà que je voulais visiter cet endroit. »

L’idée de cette exposition n’était donc pas tant de s’inspirer des tableaux du peintre, mais plutôt des endroits qui l’ont lui-même inspiré. Plus de 80 ans après son passage, la Bretagne a beaucoup changé et pourtant, à en croire Marta Morice qui habite depuis treize ans à Lorient, les émotions restent.

« Les vues ont changé, l’architecture a forcément changé, des maisons ont été abattues entre-temps et donc le paysage urbain a beaucoup évolué. Moi je trouve toujours quelque chose quand je regarde ses tableaux, je trouve quelque chose de la Bretagne et à ces endroits forcément je retrouve les tableaux comme je les ai connus quand j’étais petite, à l’école, car c’est un peintre qui a marqué notre époque. Ce qu’on a trouvé de concret, c’est difficile à dire… Les choses qui restent toujours en Bretagne : le mouvement de l’océan, le mystère que dégagent les roches noires, les choses mystiques. »

Grâce à son échange d’atelier, Michal Pěchouček a lui aussi pu bénéficier de l’ambiance de la Bretagne et s’en inspirer pour peindre ses monochromes de voiles et de bateaux. Une chance pour lui, de trouver là-bas ce que Jan Zrzavý et lui-même ne peuvent trouver en République tchèque.

« Bien sûr à part la mer, il y a cette forme de monumentalité, cette brutalité du paysage. En République tchèque tout est comme modéré : les montagnes sont modérées, les fleuves sont modérés... Il n’y a pas ce paysage dramatique. Une autre chose qu’il ne pouvait pas trouver ici était cette lumière spécifique, qui permet de voir les choses avec un spectre de couleur complètement différent. Pour moi j’ai trouvé aussi là-bas une motivation, ce qui est une chance en tant que peintre. »

Photo: Institut français de Prague
Au final une exposition non pas commune, mais plutôt assemblée : un concept reposant sur le pari que les aquarelles de Marta Morice se marieraient aux peintures de Michal Pěchouček au sein d’une même installation. Marta Morice.

« Hier on ne savait pas si les œuvres allaient correspondre, on a vu finalement que oui. On voulait faire ce projet car on était proches par l’idée mais par la technique nous savions d’avance que nous étions très éloignés. Rien ne nous unissait, personne ne nous a invités à construire cette exposition ensemble et nos travaux sont opposés donc tout reposait sur la composition de l’espace qui s’est jouée au moment de l’installation. »

Au-delà de l’univers symboliste et de la Bretagne de Jan Zrzavý, c’est d’abord l’inspiration propre des deux artistes face à un paysage, une émotion, qui s’expriment. Une exposition à découvrir jusqu’au 2 février 2013 à la galerie 35 de l’Institut français de Prague.