Méthamphétamine : à la frontière tchéco-polonaise, un contrôle renforcé du trafic de médicaments
Le problème est bien connu de la police et des autorités depuis longtemps déjà. Spécialité locale très prisée des toxicomanes, la pervitine est la drogue dure la plus consommée en République tchèque. Drogue de synthèse, la pervitine, mieux connue en français sous le nom de méthamphétamine, est fabriquée à partir de médicaments disponibles en pharmacie. Toutefois, si ces médicaments contenant de la pseudoéphédrine ne sont plus distribués sans ordonnance en République tchèque, ils restent en vente libre en Slovaquie et Pologne voisines notamment. Pour tenter de faire face à ce problème, les autorités tchèques et polonaises se sont donc entendues sur la création d’une brigade spéciale commune qui sera chargée de surveiller le trafic de médicaments à la frontière entre les deux pays.
« Nous ne vendons que sur ordonnance délivrée par un médecin. Si le médicament ne leur a pas été prescrit, les patients ne peuvent rien recevoir. Dans ce cas, nous leur proposons alors d’autres médicaments dont la composition exclut la pseudoéphédrine. Du fait des nombreux abus, nous ne pouvons malheureusement pas faire autrement. »
La pseudoéphédrine entre dans la composition de plusieurs médicaments très courants contre le rhume ou la toux comme le paracétamol. De plus elle ne nécessite qu’un investissement assez faible au regard de son fort rendement, au contraire d’autres drogues à base de plantes comme la cocaïne et les opiacés. La pervitine, substance hautement addictive, est donc relativement simple à produire à l’aide de ces médicaments, ce qui explique son succès en République tchèque. Nom dérivé d’un ancien médicament, la pervitine est en effet le plus souvent fabriquée dans des petits laboratoires clandestins qui, pour l’essentiel, se trouvent dans les régions limitrophes de la Pologne et de la Slovaquie, c’est-à-dire au sud et au nord de la Moravie. Selon les derniers rapports annuels de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC), la République tchèque compte d’ailleurs en Europe parmi les pays plus gros producteurs de stimulants de type amphétamine.Pour tenter de remédier à cette situation, le ministère tchèque de l’Intérieur s’efforce depuis plusieurs années de convaincre le gouvernement polonais de la nécessité de réglementer la distribution des médicaments posant problème dans les pharmacies. Et ce d’autant plus qu’il existe sur le marché polonais des médicaments contenant jusqu’à quatre fois plus de pseudoéphédrine que ceux que l’on peut trouver en République tchèque. Mais comme le regrette le Centre tchèque de lutte contre la drogue, pour des raisons mal connues, aucune mesure allant dans le sens d’une telle réglementation n’a pour l’heure encore été prise à Varsovie.