Migrants : le gouvernement tchèque dit « non » à la demande italienne
Rien de nouveau sous le soleil tchèque : non, c’est non. Le nouveau gouvernement tchèque n’accueillera pas plus de migrants illégaux que les précédents. Le Premier ministre Andrej Babiš et le chef de la diplomatie Jan Hamáček ont répondu par la négative à la demande de l’Italie de prendre en charge quelques-uns des 450 migrants qui se trouvaient à bord de deux navires militaires dans les eaux italiennes depuis samedi et qui ont débarqué en Sicile dimanche.
« La seule solution est de faire en sorte que ces bateaux ne prennent pas la mer. Il faut appliquer le modèle australien, empêcher que les migrants puissent débarquer en Europe et renvoyer les bateaux d’où ils viennent. Nous avons convenu au Conseil européen qu’il n’y aurait plus de quotas et que la relocalisation des migrants se ferait sur le principe du volontariat. Et notre volonté est que la République tchèque ne participe pas à l’accueil des migrants. Je ne vois aucune raison à cela, car c’est une solution qui ne va pas dans le bon sens. »
Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, a demandé aux pays européens une aide de façon à pouvoir répartir les 450 migrants sauvés en mer. La France, Malte et l’Allemagne ont pour l’instant réagi à cet appel en annonçant qu'elles étaient disposées à accueillir chacune cinquante de ces migrants. « Très rapidement les acceptations d’autres pays arriveront », a précisé samedi Giuseppe Conte. Une chose est toutefois acquise : la République tchèque ne comptera donc pas parmi ces « autres pays ». A la fois ministre de l’Intérieur et des Affaires étrangères, le social-démocrate Jan Hamáček justifie la position de Prague en expliquant qu’il convient d’abord de se concentrer sur les causes de la crise migratoire et que « laisser ouvertes les portes de l’Europe à une migration incontrôlée » ne constituait pas la solution. Toujours selon lui, cette position ferme ne signifie pas que le gouvernement tchèque n’est pas prêt à tendre la main :« Nous proposerons une autre forme d’aide à l’Italie. Nous sommes prêts à l’aider matériellement ou financièrement. Nous pouvons par exemple envoyer nos policiers en Italie, si on nous le demande. Nous sommes prêts à faire tout cela. Mais pour ce qui est de la demande concrète qui nous est parvenue d’Italie, nous y répondrons négativement. »
Dans l’ensemble, la position du gouvernement fait l’unanimité sur l’échiquier politique, y compris dans les rangs de l’opposition. Du parti d’extrême-droite SPD aux communistes, tous sont unanimes pour reconnaître le bien-fondé, à leurs yeux, de cette position. Seul le leader du parti chrétien-démocrate, Pavel Bělobrádek, a déclaré qu’il était du devoir de la République tchèque d’aider l’Italie. Mais pas même lui n’a précisé comment.