Migration : le chef de la diplomatie tchèque plaide pour une stabilisation des pays des migrants
La société internationale devrait se concentrer sur l’élimination des raisons de la migration dans les pays qui sont fuis par leurs populations. C’est ce qu’a affirmé le ministre des Affaires étrangères tchèque dans un discours tenu lundi à New York dans le cadre du sommet des Nations unies pour les réfugiés et les migrants. Lubomír Zaorálek estime que la priorité doit être de garantir dans les pays en guerre ou dans une situation économique difficile des conditions de vie dignes de ce nom à leurs habitants afin de les dissuader de partir ailleurs.
« Compte tenu de la taille de la vague de migration, nous devons nous efforcer de faire en sorte que ces gens ne quittent pas leurs pays d’origine. Cela signifie qu’il convient de veiller à ce que ceux-ci soient bien gouvernés. Avec la corruption et les conflits, cette mauvaise gouvernance est la principale raison des fuites massives. C’est pourquoi nous devons nous concentrer en priorité sur la stabilisation politique de ces pays et sur l’aide aux populations qui restent sur place. Ceci dit, même si on parle beaucoup des droits à la protection des migrants, il ne faut non plus oublier la sécurité des populations qui vivent dans les pays dits de transit ou dans les pays de résidence des migrants. Aujourd’hui, il apparaît clairement que lorsqu’ils sont très nombreux, les migrants peuvent constituer une menace pour la stabilité et la sécurité des pays dans lesquels ils s’installent. On en arrive alors à une situation où l’Europe, qui s’est efforcée de propager dans le monde les principes de bonne gouvernance, de démocratie et de liberté, peut devenir elle-même incapable de protéger ces valeurs. »
Si la République tchèque apparaît peut-être aux yeux de certains comme une donneuse de leçons, alors qu’elle s’est elle-même très peu engagée dans l’accueil des migrants, Lubomír Zaorálek affirme, lui, qu’une aide concrète est déjà apportée depuis Prague aux pays dans le besoin :« D’une part, cela fait déjà quelque temps que nous sommes engagés dans des pays comme la Syrie ou l’Irak. Dans le cas de l’Irak, nous nous efforçons de participer à la lutte contre l’extrémisme, et ce de différentes manières, que ce soit à travers des dons du gouvernement, l’entraînement de pilotes ou de policiers. Je pense pouvoir affirmer que ce n’est pas négligeable. Nous avons également fourni aux Irakiens des moyens matériels, comme des munitions, pour qu’ils puissent lutter contre le terrorisme. Ce que je dis vaut aussi pour d’autres pays du nord de l’Afrique, qui s’efforcent de mettre en place des équipes de gardes-frontières. Sur ce point, je pense notamment à la Tunisie, que nous nous efforçons d’aider aussi. Et puis il y a la Syrie, où nous appliquons un vaste programme humanitaire de trois à quatre ans. »
En Syrie justement, la trêve a vécu, après que l’aviation syrienne a multiplié les raids aériens, lundi, dans la région d’Alep, causant la mort d’au moins trente-six civils. L’un de ces bombardements, qui a également pu être mené par l’aviation russe, a détruit un convoi humanitaire affrété par les Nations unies et le Croissant-Rouge syrien, tuant douze employés de cette organisation. Il s’agit de l’attaque la plus sanglante jamais menée contre un convoi de l’ONU depuis le début de la crise syrienne, en 2011. Avant cela, le gouvernement syrien avait unilatéralement annoncé la fin de la trêve, décrétée lundi 12 septembre par le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, au motif que ses opposants n’avaient respecté aucun des engagements contenus dans cet accord. Selon Lubomír Zaorálek, il s’agit pourtant là de l’unique voie possible :« Je suis convaincu que nous n’aurons pas d’autre solution que de rassembler tout le monde autour de la table des négociations. Je souhaite que cette assemblée générale de l’ONU contribue à un nouvel accord et permette de prendre conscience qu’il n’existe pas d’autre solution que les négociations politiques et un processus de paix pour parvenir à l’organisation d’élections en Syrie. Il n’y a pas d’autre moyen pour empêcher l’escalade de la violence et toutes les souffrances que celle-ci engendre. »Ce mercredi, devant l’Assemblée générale de l’ONU, le président tchèque Miloš Zeman s’exprimera à son tour sur le thème de la migration.