Le chef de la diplomatie tchèque de retour de son inspection de la route dite des Balkans
Le ministre tchèque des Affaires étrangères a achevé ce jeudi un périple de quatre jours débuté en Turquie, poursuivi en Macédoine et terminé en Grèce avec l’objectif de constater sur place comment ces principaux pays de la route dite « des Balkans » géraient l’afflux de réfugiés fuyant les zones de conflit au Proche-Orient. Il s’agissait aussi pour Lubomír Zaorálek d’évaluer comment la République tchèque est en mesure de leur venir en aide.
C’est dans ce contexte que le ministre tchèque a débuté lundi sa visite dans le pays. Désireux de ne pas critiquer ses partenaires, selon ses propres mots, mais de voir comment apporter une aide concrète aux administrations qui doivent gérer les flux de réfugiés, Lubomír Zaorálek a annoncé que la Tchéquie fournirait à Ankara une aide financière de l’ordre de 10 millions de couronnes (près de 370 000 euros). En visite dans la région d’Izmir, sur la côte ouest de la péninsule anatolienne, le social-démocrate n’a pu que constater la difficulté de la tâche pour les autorités turques :
« Sur un bateau de garde-côtes, nous avons navigué près d’une heure dans une zone entre l’île de Chios en Grèce et la Turquie et durant cette période nous sommes arrivés en vue d’une embarcation contenant entre 25 et 30 réfugiés, qu’un autre navire a arrêté et renvoyé vers la Turquie [...]. Mais quand nous sommes rentrés au port, nous avons vu d’autres groupes de personnes qui, clairement, s’apprêtaient à s’embarquer pour tenter de faire la traversée. Imaginez que nous avons été sur place à peine soixante minutes et que, en plein jours, en plein après-midi, nous avons vu autant de choses ; ce flux me paraît donc énorme. »
En Macédoine mercredi, le chef de la diplomatie tchèque a ensuite rencontré son homologue local, auquel il a assuré qu’il était dans l’intérêt de toute l’Union européenne que cette route dite des Balkans soit maîtrisée et qu’en conséquence, Prague était disposée à fournir un soutien humain et matériel à Skopje. Soutien humain qui est déjà une réalité, modeste, puisque des policiers tchèques sont mobilisés dans le camp de Guevgueliya, à la frontière avec la Grèce que tente de franchir chaque jour quelques milliers de personnes. Parmi ces policiers, le sous-lieutenant Lenka Dudková, interrogée par un journaliste de la Radio tchèque :« Notre travail consiste à surveiller le camp et à effectuer des patrouilles le long de la frontière en coopération avec nos collègues macédoniens. Ici dans le camp, la situation est calme au regard de la période de l’année et du nombre d’immigrants. »
Et le voyage de Lubomír Zaorálek s’est donc achevé en Grèce, pays critiqué par certains membres de l’UE pour sa capacité limitée, jugent-ils, à faire face à l’arrivée des réfugiés, lesquels seraient 70 000 à avoir franchi la mer Egée depuis le début de l’année. Sur l’île de Lesbos, le ministre a visité un « hotspot » d’une capacité de 4000 personnes, le premier centre du genre, actif depuis l’automne dernier, où les migrants sont enregistrés et « triés ». On écoute le social-démocrate :
« La Grèce est également un élément très important sur cette route des Balkans et il faut que tout le monde fasse le maximum afin que nous parvenions à réduire et à limiter autant que possible le nombre de migrants qui se dirigent vers l’Europe et pour que nous ayons la situation sous contrôle. »C’est justement en tentant de rejoindre Lesbos que 27 migrants, dont 11 enfants, avaient péri noyés lundi au large de la Turquie sur un embarcadère de fortune. Pour prévenir ce type de drames, l’OTAN a annoncé qu’elle lancerait une mission de surveillance dans la mer Egée, afin notamment de lutter contre les passeurs et le trafic d’êtres humains. L’initiative a été appréciée positivement par le ministre tchèque de la Défense Martin Stropnický, qui, en marge d’une réunion avec ses collègues des autres pays de l’organisation atlantiste, a opportunément rappelé que la Tchéquie, ne disposant pas de forces armées en mer, ne participerait toutefois pas activement à l’opération.