Miroslav Susta

Miroslav Susta
0:00
/
0:00

Miroslav Susta et Karel Havelka, l'émission sur ce dernier à passer au mois de mai, sont deux jockeys tchèques légendaires. Miroslav Susta, né le 18 août 1927, a été à deux reprises champion du Derby tchécoslovaque, en 1960 sur Ceylon et en 1971 sur Hviezdar. Il a entre autres remporté les premiers prix aux Meeting internationaux en Hongrie, Pologne, en RDA et à Velka Chuchle en République tchèque. Il faut ajouter que 250 victoires en courses plates et 95 victoires en steeple-chase s'ajoutent à son palmarès. En 1970, il a été nommé champion des jockeys de courses plates.

Miroslav Susta était très proche des chevaux depuis son enfance. Son père faisait du commerce de bétail et son fils l'accompagnait souvent au marché. Miroslav montait chez les fermiers qu'il aidait à labourer ou chez les bouchers qu'il aidait également, mais à transporter les veaux. Puis à seize ans, tout comme son collègue aîné Karel Havelka, il a trouvé dans le journal une annonce de l'entraîneur renommé Jaroslav Rosak qui cherchait un jeune homme d'un poids de 37 kilos pour une formation de jockey. Le jeune homme passionné de chevaux a tout de suite réagi. Mais à l'époque, à Velka Chuchle, il n'y avait pas de lycée équestre et de formation professionnelle comme aujourd'hui. Le style était tout-à-fait différent...

« J'ai commencé ma formation le 1er juin 1943 chez le célèbre entraîneur de jockeys et de chevaux de courses Jaroslav Rosak. C'est grâce à l'excellent jockey Monsieur Merta, employé chez mon entraîneur, que j'ai acquis les premières expériences hippiques et de course. Les cinq années de formation étaient très dures. Tous les matins il fallait monter les chevaux malgré les intempéries, y compris les samedis, dimanches et jours fériés. Et l'après-midi tout recommençait. Pour le petit déjeuner on nous donnait de l'ersatz de café et du pain sec.

Pour les déjeuners et dîners on faisait un trajet de 2 kilomètres jusqu'au logement de l'entraîneur, mais là à part manger il fallait à nouveau travailler : couper et scier du bois, balayer la cour, cirer les bottes de l'entraîneur. Les congés, je ne pouvais qu'en rêver ! Parfois il arrivait que je sois libre le vendredi après-midi, mais c'était plutôt une exception. Puis, j'ai fait la connaissance de ma future épouse. Après deux ans de service militaire je me suis marié en 1951 et la vie de famille a commencé. »

L'épouse de Miroslav Susta, Frantiska, décédée il y a vingt ans, était pour lui la femme de sa vie. Celle dont il garde toujours un tendre souvenir, a donné à Miroslav deux fils.

M. Susta a gagné sa première course à dos de la jument Bobina, qu'il a beaucoup aimée. Lorsqu'il en parle, le jockey, un sourire rêveur aux lèvres, prononce le nom de la jument avec tendresse : « Ah, Bobina, qu'elle exquise jument ! » Puis en 1949, l'année de son mariage, il court au Meeting international en Pologne. Miroslav Susta aime bien évoquer la course sur 4 000 mètres en Pologne (en 1953) sur l'étalon Moravan. Lorsqu'à la dernière ligne il réalisa qu'il était le dernier des derniers, il se fâcha et pressa son cheval. Il dépassa quelques jockeys, mais il se rendait bien compte que c'était insuffisant, alors Miroslav donna à Moravan deux coups de cravache à Moravan et dépassa tout le monde, y compris le grand favori Karel Havelka.

Je donne encore une fois la parole à Miroslav Susta pour qu'il nous dise qu'elles doivent être les capacités d'un futur jockey et pour qu'il exprime son opinion sur les jockeys actuels en république tchèque.

« Celui qui veut faire une carrière de jockey doit avoir premièrement du talent, envie de passer les concours, avoir un poids adéquat, être en bonne santé et très en forme. Mais il faut aussi qu'il suive les conseils des jockeys plus âgés et plus expérimentés. L'entraînement des chevaux à la course est également très important. Le jockey doit savoir quel type de cheval il monte, car c'est ainsi qu'il peut bien gérer le travail avec sa monture et préparer le cheval aux courses.En ce qui concerne les jockeys actuels de mon pays, j'ai tout de même quelques remarques à faire. A titre d'illustration, après la course les jockeys galopent encore 800 mètres avant d'arrêter le cheval, puis après ils font demi-tour. Le cheval fait donc 1800 mètres en plus et n'est guère ménagé. Sinon pour ce qui est des nouveaux talents j'estime que ce sont deux ex-élèves du lycée équestre et de formation professionnelle à Velka Chuchle Iva Milickova et Vaclav Janacek. »

Miroslav Susta, qui porte bien ses quatre-vingts ans, n'a jamais vraiment fait de régime. Il aime bien manger et avec plaisir un rôti de porc avec de la choucroute et des boulettes de pâte bouillies (les knedliky), le tout accompagné d'une petite bière. Et on peut le fréquemment le rencontrer à Velka Chuchle à vélo.

Photo: Archives de Miroslav Susta