Mon année pandémique : le plus long vol de rapatriement de l'histoire de la République tchèque
Pour ce nouvel épisode de notre série sur une année pandémique en Tchéquie nous avons rencontré Tereza Svobodová, étudiante à Sciences Po Paris. Elle était en échange universitaire en Nouvelle-Zélande au moment où la pandémie s'est déclenchée. Elle a donc vécu un premier confinement à l'autre bout du monde, avant de faire partie des quelques voyageurs qui ont pu embarquer sur le plus long vol de rapatriement jamais organisé par la République tchèque.
Au début de la pandémie, vous étiez littéralement à l'autre bout du monde. Où étiez-vous, et dans quel cadre ?
« J'effectuais un échange universitaire d'un an entre Sciences Po Paris et l'Université de Canterbury de Christchurch, sur l'île Sud de la Nouvelle-Zélande. »
C'est là-bas que vous avez donc vécu un premier confinement, au mois de mars …
« Je me souviens que le virus est arrivé plus tard en Nouvelle-Zélande qu'en Europe. Alors qu'il n'y avait qu'une cinquantaine de cas, ils ont décidé de fermer le pays, tout d'un coup. Personne ne s'y attendait vraiment… J'avais déjà acheté mon vol de retour en Europe, il était prévu pour juin, sauf qu'il a été annulé quand le Covid a commencé à envahir la planète. On a dû réserver un autre vol, plus tôt… J'appelais tous les jours ma famille, mes amis, et je ne savais pas vraiment si je devais rentrer ou attendre la fin de la quarantaine en Nouvelle-Zélande. Personne ne savait combien de temps durerait le Covid…
Au final, j'ai décidé de rentrer le plus tôt possible, sauf que tous les vols étaient annulés. J'appelais ma mère le matin, pour elle c'était le soir en République tchèque. Quand elle m'a dit ‘on t'a trouvé un vol’, j'étais contente et je croisais les doigts pour qu'il soit maintenu !
J'ai donc passé toute une journée contente, mais le soir, en allant me coucher, ma mère s’est réveillée et on lui a annoncé par mail que le vol était en fait annulé. C'était vraiment très stressant. On a essayé avec trois vols, et ils ont tous été annulés, il ne restait donc plus rien.
C'est là qu'a commencé le confinement en Nouvelle-Zélande. Heureusement, une amie néo-zélandaise de l'université qui habitait sur l'île Nord m'a invitée à passer le confinement avec elle et sa famille, dans leur ferme avec des chiens. C'était bien mieux que se retrouver coincé à Christchurch, une ville assez peu verte, dans un confinement strict car on ne pouvait rien faire d'autre que ses courses, on ne pouvait pas sortir du tout. »
C'est donc dans cette ferme que vous attendez un vol de rapatriement pour l'Europe, qui doit être organisé par les autorités tchèque. Après des semaines de négociations, les services diplomatiques se mettent d'accord, ce qui n'a pas été simple, et vous partez de l'aéroport d'Auckland. Comment cela s'est-il passé ?
« Je pars d’Auckland le 15 avril 2020 et j'arrive le lendemain à Prague en passant par Séoul. C'était très particulier parce que l'aéroport était fermé. On ne savait pas non plus si le virus était très dangereux ou pas, donc la famille néo-zélandaise m'a déposée sans sortir de la voiture, ils ne voulaient pas mettre les pieds dehors même s'il n'y avait personne.
Devant l'aéroport il y avait une queue avec des Tchèques et des Allemands – dont le vol de rapatriement partait avant le nôtre. Comme la Nouvelle-Zélande avait supprimé les vols internes, et qu'il n'y avait plus de trafic aérien international, les seuls vols étaient ceux de rapatriements. Une fois que les Allemands sont partis, ils nous ont laissés entrer dans l'aéroport. Tout le monde avait un masque, tout était fermé, il était impossible de s'acheter à manger.
Le vol s'est bien passé, mais c'était stressant. Avant d'embarquer, on nous a pris la température, et si on avait plus de quelque chose comme 37 ºC on restait en Nouvelle-Zélande… Même chose à l'arrivée à Séoul où des gens en combinaison intégrale blanche nous ont pris la température. C’était donc un peu compliqué. Pendant le vol la température de quelqu'un aurait pu augmenter parce qu'il faisait chaud, qu'on devait garder le masque tout le temps, même en dormant… Et donc après un vol de 30 heures au total nous avons atterri à Prague, et là c’était à nouveau la même chose : il y avait une queue énorme parce qu'il fallait remplir les documents de santé, déclarer que nous n'étions pas cas-contact, que tout allait bien… et on nous a encore pris la température.
Il y avait un document pré-rempli que nous devions signer et présenter à l'entrée dans le pays affirmant que l'on allait s'isoler, se mettre en quarantaine pour 14 jours. »
Vous vous êtes donc isolée à Prague ?
« Je suis restée seule dans un appartement pendant 14 jours, à regarder par la fenêtre… Ma famille faisait les courses pour moi parce que je ne pouvais pas sortir du tout. »
Vous avez vécu un confinement dans une ferme en Nouvelle-Zélande, et un second confinement à Prague à votre arrivée mi-avril. Quelles différences avez-vous observé entre ces deux confinements, et comment les avez- vous vécus ?
« Les deux confinements étaient très différents. En Nouvelle-Zélande, c'était beaucoup plus strict qu'en République tchèque, là-bas, on ne pouvait vraiment pas sortir de chez soi sauf pour faire les courses. Il y avait une limite de déplacement d’à peine quelques kilomètres. En Tchéquie, quand je suis arrivée mi-avril, cela commençait un peu à se détendre, et je pouvais par exemple me balader dans les parcs après ma quarantaine, même sans porter le masque si je me souviens bien. Quand en mai, les mesures ont été assouplies, on a même pu aller à la maison de campagne, ce qui n'était pas vraiment imaginable en Nouvelle-Zélande. »
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