Traçage numérique : plus d’un million de Tchèques ont téléchargé l’application
Pratiquement toutes les personnes ayant un numéro de téléphone portable tchèque actif ont reçu le SMS suivant la semaine dernière : « Annonce du ministère de l'Intérieur : Veuillez installer l'application eRouška sur votre smartphone. Cette application vous avertit d'une rencontre avec une personne infectée par le COVID. Merci. Jarmila Rážová, responsable en charge de l’hygiène en République tchèque ». En tout plus de 1 200 000 personnes ont installé cette application « eMasque » mais certains se posent des questions sur le respect de leur vie privée.
Depuis le mois de juin, l'application fait partie intégrante de l'initiative de « quarantaine intelligente » du gouvernement tchèque, sous la responsabilité du ministère de la santé. Des centaines de milliers de personnes l'ont téléchargée avant que la deuxième vague de contamination ne frappe le pays - à l'époque où la République tchèque faisait encore partie des pays ayant réussi à bien gérer la pandémie.
Alors que la République tchèque affiche depuis des semaines le taux d'infection par habitant le plus élevé d'Europe et que les autorités s'efforcent de renforcer la capacité des hôpitaux à traiter les cas graves de Covid-19 - beaucoup refusent d'installer eRouška sur leur téléphone pour des raisons de confidentialité.
Selon Jiří Matzner, un avocat spécialisé dans la réglementation des logiciels et la protection des droits connexes, ces inquiétudes sont infondées en ce qui concerne l’application :
« eRouška est une application qui ne fonctionne pas avec vos données personnelles. Elle ne traite pas vos données et ne les transmet à personne. Elle ne suit pas vos déplacements ni l'endroit exact où vous vous trouvez. En résumé, ce qui est dit dans le SMS est vrai : eRouška ne connaît pas votre identité ainsi que votre localisation. Elle ne sait pas à qui appartient le téléphone. »
« Elle identifie seulement si un autre téléphone situé à 2 ou 3 mètres du vôtre a reçu la confirmation d'un résultat positif ou négatif et vous avertit que vous vous trouvez à proximité. »
De plus, comme le souligne Jiří Matzner dans une interview à la radio publique tchèque, beaucoup de gens installent sans réfléchir toutes sortes d'autres applications sur leurs téléphones et ordinateurs qui permettent de suivre ces choses.
« De nos jours, les applications collectent des données sur tout ce qui est imaginable. Quand vous êtes actif, où vous allez, ce que vous faites pour le travail, la musique que vous écoutez, si vous suivez ou faites du sport, etc. Les applications pour téléphones suivent tout cela. La plupart des gens n'en connaissent pas toute l'étendue, et je ne pense pas que cela les intéresse. »
Selon les données de la ‘Quarantaine intelligente’, à la mi-octobre, les hygiénistes ont contacté quotidiennement environ un cas contact par personne infectée. Le traçage de moins de contacts à risque peut signifier deux choses : soit les Tchèques ont déjà réduit le nombre de contacts à risque au cours du mois de septembre, soit les services d'hygiène n'ont pas le temps de les appeler.
Afin que l'application eRouška fasse une différence significative, les gens doivent non seulement la télécharger mais aussi avoir le dernier système d'exploitation mobile installé sur leur téléphone et garder le Bluetooth activé. En cas de résultat positif au test Covid- 19, les services d'hygiène demanderont à la personne d'installer l'application et d'entrer son numéro de téléphone dans le système.
Sur la base des données anonymes recueillies par l'application, un algorithme évalue ensuite si un utilisateur a passé suffisamment de temps près d'un autre utilisateur positif au Covid-19 pour être à risque. Cela signifie être à moins de deux mètres pendant plus de 15 minutes. L'application détermine cela en mesurant la force du signal Bluetooth des deux téléphones. Ce mardi matin, le nombre d’usagers ayant téléchargé l’application est de 1,23 million, soit 580 000 de plus que la semaine dernière. 6168 cas positifs avaient l’application dans leur téléphone et 78 000 personnes ont reçu un message les avertissant qu’ils étaient cas contacts. Cependant, selon Jarmila Rážová, seule une personne sur cinq qui possède l'application et qui est testée positive déclare son statut.