Natation – Mondiaux – Plongeon de haut vol : « Superman » est tchèque
Il est probablement la meilleure chance de médaille tchèque aux championnats du monde de natation qui se tiennent actuellement à Kazan. Quatrième il y a deux ans à Barcelone lors de la grande première officielle du plongeon de haut vol dans des Mondiaux, Michal Navrátil entend bien cette fois monter sur le podium en Russie, avant les qualifications ce lundi et la finale mercredi. Une telle performance permettrait au Tchèque, déjà bien connu dans ce petit monde de cette discipline extrême ô combien spectaculaire pour ses talents de showman et ses sauts « à la Superman », de gagner en aura dans son pays.
Ce Superman, qui avait revêtu pour l’occasion son plus beau slip bleu et une majestueuse cape rouge était un Tchèque. Michal Navrátil avait été l’auteur de ce plongeon effectué à l’horizontale le poing tendu vers l’avant, tel le héros de bande dessiné en plein vol. Un plongeon qui, certes, n’avait rien changé à sa quatrième place finale dans le concours officiel, ce qui était déjà une performance en soi, mais lui avait valu les faveurs d’un public sous le charme et tout acquis à sa cause.
Cette année, Michal Navrátil aspire à mieux encore. « Supratil », comme il est surnommé, espère que le nouveau saut qu’il a concocté spécialement pour ces Mondiaux, un triple salto à deux vrilles, plaira tout autant aux juges qu’à la foule et lui offrira sa première médaille dans une grande compétition de ce type.
Habitué aux places d’honneur sur le « Cliff Diving », un circuit mondial de plongeon de haut vol qui compte huit étapes à travers le monde, dans une dans le port de La Rochelle, le Pragois d’origine sait qu’il a les moyens de titiller les tout meilleurs, parmi lesquels le légendaire Colombien Orlando Duque, champion du monde en titre, ou l’Anglais Gary Hunt, quadruple vainqueur des World Series.
Depuis le lancement du circuit mondial en 2009 par la marque de boissons énergétiques Red Bull, Michal Navrátil s’est établi comme un des plongeurs les plus réguliers dans un sport entré dans une autre dimension ces dernières années grâce à sa professionnalisation. Septième du classement général de la Cliff Diving en 2014, le Tchèque s’estime capable de faire bonne figure à Kazan, malgré une assez blessure à l’épaule en avril dernier qui le handicape toujours un peu :
« C’est dans la tête. Ca va. Ce sont aussi des années d’entraînement. La douleur, cela devient une forme de routine, mais il y a une technique à respecter, d’abord pour la réception du saut dans l’eau, où la sécurité doit être prioritaire. Il faut que vous ayez tous vos muscles tendus, que vous soyez dur comme une pierre au moment de pénétrer dans l’eau, car elle peut vous fracasser en mille morceaux. Mais lorsque vous êtes en l’air, vous avez le temps de penser à votre saut et c’est à moi de le gérer. »« Avoir le temps » est toutefois une notion très relative. En effet, entre le moment où le plongeur s’élance de la plate-forme posée en plein ciel, du moins vu du sol, et celui où il pénètre dans l’eau, une entrée à 90 km/h qui s’effectue systématiquement les pieds en avant et les orteils tendus en raison de l’impact, trois secondes s’écoulent. Un temps très court pour les spectateurs massés autour du bassin, mais relativement long pour le plongeur, à en croire Michal Navrátil :
« Tout semble aller très vite, mais en réalité, une fois en l’air, je dispose de beaucoup de temps. Je suis alors relativement serein, tranquille. Je sais ce que je peux encore faire quand je suis par exemple à vingt mètres au-dessus de l’eau. Je sais le temps qu’il me reste avant la réception et cela me permet d’estimer la hauteur à laquelle je me trouve et la distance qu’il me reste par rapport à la surface de l’eau. »
Le plongeon de haut vol, Michal Navrátil, employé l’hiver comme showman sur des bateaux de croisière dans les Caraïbes, n’y est pas venu tout à fait par hasard. Enfant déjà, il passait ses journées à la piscine et sautait depuis les plongeoirs de Podolí, la célèbre piscine olympique en plein air de Prague. Mais la révélation est venue un peu plus tard, dans la région de Příbram, à quelques dizaines de kilomètres au sud de Prague. Michal Navrátil se souvient :
« J’avais 16 ans, c’était à Hřiměždice, et il s’agissait alors d’un saut de 12 mètres. Je me souviens que je m’étais fait dessus, car cela faisait un an que je n’avais plus plongé, pas même dans une piscine couverte. Mais j’ai vu que cette discipline drainait beaucoup de monde et que les plongeons fascinaient les gens. Cela a donc été ma première motivation : travailler dur pour amuser le public. »
Mais pour assurer le job, que ce soit aux Mondiaux comme actuellement en Russie, en Colombie, à La Rochelle ou au Stari Most de Mostar en Bosnie-Herzégovine comme sur le circuit mondial, sur un bateau de croisière dans les Antilles ou encore dans un parc d’attraction en Chine, comme cela a été le cas pour Michal Navrátil, une préparation digne de celle de vrais athlètes est exigée, comme le confirme le Tchèque propriétaire d’un corps digne des canons de beauté les plus stricts de la Grèce antique :« Je m’efforce de faire un peu de tous les sports pour être le plus complet et le mieux préparé possible. L’idée est de toujours mieux connaître mon corps et d’être à son écoute. Il ne s’agit pas seulement de sauter dans l’eau en faisant de la gymnastique. Le plongeon de haut vol est une discipline très exigeante mentalement et physiquement. C’est pourquoi je pratique tous les sports. »
Et bien entendu y compris les plus extrêmes, car plus que tout encore, c’est d’abord le danger qu’il convient d’approvisionner en plongeon de haut vol, même après des années de pratique parfois sauvage comme pour Michal Navrátil :
« Hm… Je ressens toujours de la peur lorsque j’arrive sur une nouvelle épreuve. Toujours. Malgré l’adrénaline, je reste conscient du danger. Je sens que j’ai les genoux qui tremblent, comme tous les autres plongeurs. Mais dès que j’enfile mon maillot de bain, je suis prêt à sauter. »
Pour voir le plongeon du « Superman tchèque » :