Négociations difficiles autour de la prolongation du contrat militaire d’avions de chasse suédois
La République tchèque ne souhaite pas renouveler le contrat de location des avions de chasse Gripen aux conditions actuelles proposées par la Suède. Si les négociations devaient ne pas aboutir, Prague envisage même de lancer un appel d’offre pour l’achat de nouveaux avions de chasse.
Le contrat pour 14 Gripen est signé en 2005 pour une durée de dix ans et pour une somme de 19,6 milliards de couronnes. Le contrat arrivant à échéance en 2015, le gouvernement tchèque est actuellement dans une phase de négociations avec la Suède, des négociations pour le moins difficiles puisque les conditions de prolongation proposées par les Scandinaves ne seraient pas satisfaisantes. Vendredi soir, en marge des Journées de l’OTAN qui se déroulaient à Ostrava, en Moravie-Silésie, le ministre de la Défense Alexandr Vondra s’est entretenu avec son homologue suédoise, Karin Enström. Un entretien qui pour l’heure n’a rien donné de concret. Alexandr Vondra :
« Nous avons discuté pendant environ une heure avec la ministre de la Défense. Je lui ai expliqué en détails les raisons pour lesquelles la dernière proposition faite par la Suède ne convient pas au gouvernement tchèque. »La République tchèque ne considère pas pour l’instant acceptables les conditions financières de la location des appareils proposés par la Suède. Alexandr Vondra a donc proposé deux variantes envisageables pour sortir de l’impasse :
« Soit nous continuons à négocier afin de trouver une solution qui convienne aux deux parties. Ou bien nous prolongeons le contrat de deux-trois ans et nous préparons dans le même temps un appel d’offre. A la fin de la réunion, nous sommes tombés d’accord sur le fait que les négociations devaient se poursuivre, nous avons encore le temps d’ici fin novembre. »
L’équipe de négociateurs a été remaniée par le ministre tchèque de la Défense et les négociations devraient reprendre dès la semaine prochaine. Tandis que la République tchèque envisage sérieusement la possibilité d’un contrat court, la Suède a proposé une baisse du prix de location, mais pour un contrat de dix ans : selon le quotidien Právo, les Suédois souhaiteraient louer leurs appareils pour 500 millions de couronnes par an au lieu des deux milliards de couronnes du contrat actuellement en vigueur. Mais côté tchèque, on rappelle que les négociations ne concernent pas seulement le prix de location : la somme totale correspond en effet également aux frais d’entretien, à la formation des pilotes et à toute la logistique liée aux quatorze Gripen. Alexandr Vondra :
« Nous voulons conserver les capacités de notre flotte supersonique. Nous ne voulons pas y renoncer. Mais d’un autre côté, il faut prendre en compte les possibilités financières de l’Etat et du ministère de la Défense. Celles-ci ne sont pas illimitées. C’est l’aspect financier qui fera la décision au final. Je n’accepterai aucun accord qui ne soit pas avantageux pour la République tchèque. »
Les négociations risquent toutefois d’être entachées par de nouvelles révélations autour du premier contrat entre la Suède et la République tchèque. En effet, depuis plusieurs années, des soupçons de corruption planent sur ce contrat militaire : un magazine autrichien, Profil, a en effet révélé dans sa dernière édition, que le consortium d’armement BAE Systems aurait distribué des pots-de-vin à des décideurs en charge des contrats d’armement, par l’intermédiaire de certains conseillers. Dans le cas d’un achat d’avions de chasse, des centaines de millions de couronnes devaient arroser la République tchèque, la Hongrie et l’Autriche qui cherchaient également à s’équiper. Finalement, la République tchèque, comme la Hongrie, avait opté pour la solution de louer leurs avions supersoniques.