L’appartenance de la République tchèque à l’OTAN vue sous tous ses aspects
Cette nouvelle revue de presse propose notamment quelques extraits des commentaires qui ont alimenté la presse en lien avec le 20ème anniversaire de l’adhésion de la République tchèque à l’OTAN. Elle apporte aussi quelques observations sur la récente visite du Premier ministre tchèque Andrej Babiš aux Etats-Unis. Un mot enfin au sujet des émotions soulevées par le crash d’un Boeing, dimanche dernier, en Ethiopie.
« Václav Havel a contribué au changement des régimes en Europe centrale. Après 1989, la situation de départ dans cette région n’était pas simple. La longue présence des troupes sovétiques donnait à croire qu’elle faisait partie de la zone d’influence russe. Préoccupés par les négociations sur le désarmement en Europe, les diplomates occidentaux n’étaient pas prêts à des transformations radicales. Ce qui a changé les règles du jeu, c’est justement le dialogue que Havel a mené avec le leader soviétique Gorbatchev déployant une pression systématique en vue d’un départ immédiat des troupes soviétique du pays et de la dissolution du Pacte de Varsovie, instrument de la domination soviétique. »
Alexandr Vondra rappelle que le dernier soldat soviétique a quitté le territoire tchécoslovaque en juin 1991 et que le Pacte de Varsovie a été définitivement dissout le 1er juillet de la même année. Les activités diplomatiques de Havel ont apporté en un temps record des résultats visibles et permis, à terme, l’entrée du pays dans l’OTAN.
Mettre en relief les valeurs méconnues de l’appartenance à l’Alliance atlantique
Le site de l’hebdomadaire Respekt publie un texte dans lequel son auteur, Vlaďka Mušálková, directrice de l’Association des relations internationales, salue le fait que les représentants politique tchèques, ainsi que la majorité des partis représentés au Parlement, ne remettent pas en cause l’appartenance de la République tchèque à l’OTAN. Elle estime cependant que le 20ème anniversaire de ce « tournant dans l’histoire tchèque contemporaine » nécessite aussi une réflexion critique. Elle explique pourquoi :« On en a déjà beaucoup dit sur les menaces extérieures auxquelles l’Alliance est aujourd’hui confrontée telles que la Russie, le terrorisme islamiste, la sécurité cybernétique. De même, on évoque souvent la question de la contribution tchèque à la défense collective de l’OTAN. Or, dans le milieu tchèque, sa présentation est habituellement réduite à l’armée, aux militaires et aux armes. Mais on a tendance à négliger que l’OTAN est le symbole d’une alliance transatlantique d’Etats libres et démocratiques. Ainsi, il y est rarement question de ce qu’en accord avec ces documents fondateurs, l’Alliance s’appuie sur des valeurs partagées : la démocratie, la liberté de l’individu et l’Etat de droit. »
Dans cette logique, l’auteure du texte considère que l’une des tâches qui incombe désormais à la République tchèque, c’est d’agir activement sur la Hongrie et sur la Pologne, deux autres pays, outre la Slovaquie, qui ont également rejoint, il y a vingt ans, l’Alliance nord-atlantique. Le tout pour enlever au groupe de Visegrad dont ils sont membres l’étiquette de plateforme qui a tendance à torpiller les valeurs démocratiques.
Quand la Tchéquie peut compter sur ses alliés
L’édition de samedi dernier du quotidien Lidové noviny a consacré tout un supplément au rappel de l’adhésion de la République tchèque à l’OTAN. L’auteur de l’éditorial constate qu’au bout de vingt ans de cette appartenance, le pays constitue un allié standard, sûr et prévisible. Pourtant, comme il le souligne, c’est l’ancien président défunt, Václav Havel, qui serait le mieux placé pour dresser un bilan de la période écoulée :« C’était effectivement lui-même qui, immédiatement après la chute du régime communiste, au moment de l’euphorie aveuglante liée à la renaissance de la démocratie et à l’élection d’un nouveau parlement et d’un nouveau président, voyait les choses dans une perspective plus longue. Par ailleurs, Václav Havel a été le premier homme d’Etat de la nouvelle Europe démocratique à se rendre, pas plus tard qu’en mars 1991, à Bruxelles pour rencontrer les dirigeants de l’Alliance dont son secrétaire général Manfred Wörner. »
Le journal cite aussi le général Petr Pavel, le premier représentant des nouveaux pays membres à avoir dirigé pendant trois ans un des organes militaires de l’OTAN les plus importants. Pour lui, l’appartenance de la Tchéquie tant à l’OTAN qu’à l’Union européenne garantit au pays la stabilité, la sécurité, la croissance économique et l’augmentation du niveau de vie de ses habitants. L’ancien chef d’Etat-major Jiří Šedivý considère pour sa part l’entrée du pays dans l’OTAN comme un moment charnière, insistant sur le fait que « pour la première fois, la Tchéquie peut compter sur ses alliés. »
Andrej Babiš à la Maison Blanche ou le retour de l’Amérique en Europe centrale
La présence d’Andrej Babiš à la Maison Blanche ne constitue qu’un chapitre d’une histoire beaucoup plus dramatique. C’est ainsi que la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt introduit l’éditorial qui revient sur la récente visite de trois jours du Premier ministre tchèque aux Etats-Unis. Il rappelle d’abord qu’Andrej Babiš est le premier chef du gouvernement tchèque à avoir mené des négociations officielles dans la centrale de la CIA à Langley, avant de constater :« Ce qui paraît le plus important, c’est que les Américains reviennent non seulement en Tchéquie, mais dans toute l’Europe centrale. ‘L’excursion’ du chef du gouvernement tchèque s’inscrit dans une tendance de fond. Il suffit de rappeler que le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a visité, il y a quelques semaines, la Hongrie, la Pologne et la Slovaquie. Sous le président Barack Obama, les Américains ont en quelque sorte, et pour un certain temps abandonné, l’Europe centrale. Par ailleurs, à l’époque, l’échiquier politique tchèque s’est également éloigné de Washington. »
Les Américains sont, toujours selon Respekt, des géopoliticiens pragmatiques. Et s’ils se mettent s’intéressent à nouveau à l’Europe centrale, c’est en partie à cause d’importantes ventes de matériel militaire et aussi en raison de la vision de l’administration Trump qui voit le monde uniquement sous le prisme d’un conflit entre puissances... En ce qui concerne le Premier ministre tchèque, « seul l’avenir montrera si son voyage à Washington constitue pour lui un peu plus qu’une nouvelle étape de sa campagne éléctorale continue », écrit le magazine en conclusion.
Ce crash qui inquiète
Faut-il craindre les Boeings ou les avions en tant que tels ? Telle est l’interrogation soulevée en lien avec le crash du Boeing 737 MAX, dimanche dernier en Ethiopie, dans une note publiée dans le journal en ligne neviditelny pes. Son auteur écrit :« Le groupe Boeing se trouve visiblement dans une situation difficile en raison de deux accidents des appareils de ce type qui se sont récemment succédés, d’abord en octobre dernier en Indonésie, puis, en Ethiopie. D’autant plus que plusieurs pays ont désormais interdit ces avions dans leur espace aérien. On ne connaît pas encore la cause de cette dernière tragédie, mais on observe un phénomène de panique et on entend certaines personnes dire qu’elles ne prendront plus l’avion, ce dont témoignent par ailleurs de nombreuses contributions sur les réseaux sociaux. Ce sont pourtant les mêmes personnes qui utilisent couramment la voiture tout en sachant que les accidents de la route font incomparablement plus de victimes que les catastrophes aériennes. En outre, les gens n’hésitent pas à monter sans crainte dans un train, en dépit des accidents survenus l’année dernière sur les chemins de fer locaux. »
La coïncidence de ces deux crashs est certes inquiétante. Toutefois, comme l’écrit l’auteur de cette note qui appelle à une trêve des réactions à vif, il n’y a pas lieu de s’affoler car « l’avion demeure incontestablement le moyen de transport le plus sûr. »