Les fêtes de Pâques
Durant les fêtes de Pâques, peu de citadins restent dans les villes. Ils les quittent pour passer ces fêtes de printemps en campagne où ils peuvent mieux savourer les premiers rayons de soleil ou une pelouse pleine de fleurs de printemps après un long hiver. Mais le plus souvent, les habitants de grandes villes quittent celles-ci pour pouvoir assister à de vraies festivités qui accompagnent les Pâques. Tandis que Prague, Brno ou Hradec Kralove n'offrent que des foires de Pâques où l'on propose souvent la marchandise qui n'a rien à voir avec cette fête, il y a des régions en Bohême et en Moravie où l'on maintient des anciennes traditions. On peint les oeufs, on prépare la traditionnelle brioche pascale et le petit mouton de Pâques. Puis les garçons font la chasse aux jeunes filles pour les foueter avec de petites tresses d'osier, pour qu'elles soient belles, saines et surtout fécondes. A l'occasion des Pâques, je voudrais vous emmener donc dans les régions où la tradition s'est conservée et où l'on peut admirer non seulement les costumes folkloriques que les gens portent lors de cette fête solennelle mais aussi le décor dans lequel tout cela se passe - l'architecture populaire - témoin muet des festivités.
Parmi les régions les plus réputées par l'architecture populaire, il y a la Bohême du sud avec de nombreux villages où s'est conservé le célèbre baroque de Bohême du sud. De superbes constructions populaires à pignons dits en cloche se trouvent notamment dans la zone du massif de la Sumava. Le plus souvent elles sont l'oeuvre du bâtisseur et artiste populaire, Jakub Bursa, originaire de la commune de Nekvasovice. Le temps d'alors était en effet très favorable à ses activités créatrices. Affranchis de la corvée, les paysans ont voulu montrer leur joie de la liberté et Jakub Bursa savait les satisfaire pleinement en leur construisant des maisons exaltant un charme inimitable et témoignant d'un grand savoir-faire de leur auteur, de son sens de l'intimité, du confort mais aussi de l'utilité. L'oeuvre de Bursa enchante notamment par les détails que l'auteur modelait sur la façade ou décorait les pignons. Par exemple, le pignon de la forge du village d'Uhrice attire les regards des visiteurs par la décoration représentant le marteau et l'enclume, emblèmes du métier de forgeron. Cet artiste populaire qui ne savait ni lire, ni écrire était un homme doué de fantaisie sans borne, gai et plein de tempérament. On sait qu'il ne regardait pas la dépense et payait les pots à tous les copains de bistrot.
Les maisons d'habitation dans la localité de Zalsi témoignent elles aussi du bon goût de leurs constructeurs. La partie la plus somptueuse des fermes locales était le soi disant spejchar, grenier à blé, dont la décoration était aussi riche que celle du pignon. La plupart de fermes de Zalsi était de plan oblong, sur le côté court duquel se trouvaient la façade, la porte et la cave. Les pièces d'habitation étaient situées du côté gauche de la cour avec une chambre réservée aux parents du propriétaire, les écuries et les étables. A droite, il y avait le grenier à blé et derrière lui la porcherie, les abris pour les chèvres, les oies et les hangars où l'on mettait de la tourbe, les voitures et machines agricoles. Ainsi chaque ferme constituait une unité indépendante, dont plus d'une s'est conservée sous son aspect primitif jusqu'à nos jours. Un grand mérite de cette conservation revient aussi aux habitants des villes qui ont des résidences secondaires en campagne et qui viennent passer leurs week-ends et leurs congés dans ces vieilles habitations rurales à la rénovation et à l'entretien desquelles ils n'hésitent pas à consacrer tout leur temps libre.
La seconde méthode de protection de ce patrimoine populaire est la création de musées de l'architecture populaire en plein air. Le premier centre de ce type a été fondé à Stramberk en Moravie avec ses célèbres maisons valaques charpentées. On peut y voir des maisons en troncs d'arbres écorcés mais non travaillés, reposant sur des soubassements en maçonnerie. Les pignons en bois et les longs balcons ouverts sont aussi très typiques de l'architecture locale à la charnière du XVIIIe et XIXe siècles. Le plus ancien skanzen (musée en plein air) est le musée de Valachie en pleine nature à Roznov pod Radhostem en Moravie du nord, construit à partir de 1924. Il abrite la plus ancienne construction valaque qui date de 1660. Après avoir visité les chaumières, les forges et les ruches, je vous invite à prendre une chope de bière dans l'auberge valaque ou à assister aux fêtes folkloriques de Roznov organisées chaque été.
Lorsque durant vos voyages vous chercherez le calme en dehors de grands itinéraires touristiques, je vous propose de découvrir les vieilles constructions populaires, témoins de la vie, du travail, du bonheur mais aussi des soucies de plusieurs générations. Vous ne trouverez pas facilement un pays semblamble où, sur un territoire aussi petit, sont concentrées autant de constructions populaires de styles différents.